L'HistoireL’inconnu. Maître mot de sa vie, chaque phase et chaque acte qu’il conçoit. Inconnus sont ses parents qui le déposent au pas d’une église, ou seulement l’un d’eux. Inconnues sont ses origines que quelques vagues tests reconnaitront comme tout sauf coréennes. Les mots courts derrière son dos, rejeton d’une prostituée, bâtard d’un riche ambassadeur chinois. Litanies de rumeurs dont personne ne peut connaître la véracité. Rim passe les dix premières années de sa vie dans un orphelinat, avec pour seule certitude, son prénom qu’il porte. Ses souvenirs en sont, aujourd’hui encore, des plus vifs. La vie n’a pas été si dure que ça, même sans ses parents. Il y’avait des adultes pour s’occuper de lui, un repas maigre mais chaud et des dizaines et dizaines de frères et sœurs en compagnie de qui il pouvait s’amuser. Peut-être même, qu’il aurait préféré continuer ainsi.
Mais à ses dix ans, il se fait adopter. Un couple riche dont tous les efforts n’ont pas été suffisants pour concevoir leur propre enfant. Il sait avoir été choisi seulement pour son physique au début, le père étant d’origine chinoise. Il quitte sa liberté pour une cage d’or et de paillettes. Il laisse derrière lui une partie de sa vie, et surtout son meilleur ami. Celui qu’il ne retrouvera jamais, celui qui l'a oublié parce que toutes les lettres qu’il lui a envoyé n’ont jamais trouvé de réponses.
Rim a difficilement réussi à s’adapter, peut-être même qu’au fond il n’a jamais pu vraiment le faire. Toujours intrus, un élément de foire. Dans ce collège de riches où on l’inscrit, dans les costumes sur mesure dont on l’habille pour les soirées, dans les gens qu’on le pousse à côtoyer. Il n’est pas ce visage froid et distant. Il n’est pas quelqu’un qui fasse passer l’intérêt avant tout. C’est ce qu’on lui apprend à devenir pourtant. Et il tente d’obéir, de surpasser les attentes s’il le faut, parce que ses nouveaux parents l’aiment vraiment, ils lui ont tout donné. et il désire qu'ils l'aiment pour toujours. il a peur au fond de se faire remplacer, qu'on trouve un meilleur enfant, plus docile, mieux élevé.
Et parfois, quand ça devient impossible de garder le rythme, il se perd dans ses nombreux romans et sa passion pour l’écriture. Il écrit, rempli les pages blanches de ses mots et ses pensées, des lignes et des lignes qui se transforment en récit. Une stupide idée qui grandit en un roman vendu à plusieurs exemplaires en anonyme. Puis l’âge adulte l’a rattrapé, son père commence de plus en plus à l’intégrer au réseau de travail et l’étau se resserre. Ça passe aussi par faire connaissances avec les enfants des amis de ses parents et se laisser lentement bercer par l’excès d’une jeunesse égarée.