L'Histoire
Enfant métisse né dans le coeur de la Havane, en plein régime de Fidel Castro, Axel est une magnifique anomalie dans un pays ou être différent n’est pas de bonne augure. Et pourtant, ses parents eux même s’étaient rencontrés dans une sorte de providence qui ne s’invente pas, un soir sur les plages de la Havane. Lui, musicien, elle, étudiante un peu paumée venue passer des vacances, attirée par les plages de sables fins.
Ce fut le coup de foudre. Un coup de foudre mal vécu par leurs familles respectives.

De cet amour interdit nait donc Axel, petite boule d’énergie. Né pour bouger, né pour danser, et condamné à disparaître fut t’il obligé de s’immobiliser. Il fit le bonheur de ses parents pendant plus de 18 ans. Des parents qui firent tout pour lui offrir le meilleur d’un monde qui ne voulait pas de lui. Des parents qui avaient brisé les insultes pour former des rêves au dessus de sa tête. Axel irait loin. Il avait l’intelligence de sa mère et l’âme artiste de son père.
Garder une telle tempête sur la petite île de Cuba aurait été une grossière erreur. Ils rassemblèrent donc les économies de toute une vie pour l’envoyer à Los Angeles, ou une vie pas si différente et pourtant si étrange, l’attendait.

Il découvrit que son talent pour la danse était une chose qu’il devait apprécier à sa juste valeur, qu’il avait une façon de bouger, une “présence”, qui séduisait. C’est ce que lui dit son premier petit ami, avant de le larguer deux mois plus tard, épuisé de devoir suivre le rythme endiablé de son coeur. Axel s’envole pour New York sur un coup de tête et un coup de téléphone d’un directeur de casting. C’est l’heure de la gloire, pour lui. Un cubain d’origine asiatique, on en voit que peu dans le milieu des strass et des papillettes New Yorkais.
Et pour la première fois, le jeune homme semble trouver un monde bougeant aussi rapidement que lui.

Ces mondes, cependant, ne s’arrêtent jamais pour relever ceux qui tombent. “Marche ou crève.”. Axel vu oublié, du jour au lendemain, relégué au second plan, incapable de bouger de chez lui dans les meilleurs jours, de son lit dans les pires. La douleur était finalement la chose la moins importante dans l’histoire. Et pourtant, les cachets l’aident à oublier un peu le fait que la tornade s’était éloigné sans lui.
Trois mois plus tard, Axel fut retrouvé sans vie dans son appartement, par des voisins. Quelques heures de plus, et il y passait, et le jeune homme n’était pas encore certains, à l’époque, d’être heureux d’avoir survécu.

A 20 ans, Ax se fait interner en cure de désintoxication.
A 20 ans et six mois, il quitte définitivement New York pour Busan, son port animé et ses gens parlant une langue colorée qu’il ne connaissait pas encore. Il est accueilli par une vieille femme plissée qui est sensée être sa grand mère. Elle ne tique pas une seconde, et pourtant elle sait. Elle en a vu d’autre. Elle va le remettre sur pied.
Axel ne se remet pas tout de suite à bouger. La chose se fait en étapes. Il travaille avec plaisir au bed and breakfast de sa grand mère, amusant les vieilles dames et les vieux monsieur, achetant du poisson au rabais pour un sourire. Son coréen s’améliore, même si il se demande si les coréens n’étaient pas tous simplement trop gentils pour critiquer son accent.

Puis, lentement, pas à pas, la musique se glisse à nouveau dans sa peau, et il la reçoit comme une vieille amie. Sa réputation le précède, et bien des personnes sont prêtes à payer pour ses cours de danse. Il revit. Il fait de son mieux.

Et la tornade est devenu une brise.