L'Histoirebefore. Qu'elle était belle au loin, douce et souriante dans son paraître ; et de près davantage encore, un coup de foudre total et des papillons dans le ventre, une assurance à toute épreuve et des encouragements vaillants. Il souriait mystérieusement, encore plus que les minutes d'avant, là à la regarder dans les yeux, sa belle brune aux beaux yeux. Sang Hoon se gratta alors nerveusement la nuque, gêné des regards indiscrets avant de reprendre sa respiration dans un rythme inconnu. « Est-ce que tu veux sortir avec moi ? » glissa-t-il ; un blanc suivi d'un hochement de tête positif. À cet instant semblait-il, autour d'eux plus rien ne paraissait, le bouquet à la main qu'il lui tendait généreusement alors avait disparu, pris à son tour par la belle qu'il pouvait tenir à ses côtés. Le début d'une histoire mêlé à un zeste encore inconnu, l'histoire d'une première petite amie qu'il voulait posséder à lui seul ; une collection à pièce unique, elle, la princesse, la seule et l'unique. Elle lui redonnait des ailes quand ils marchaient ensemble, les autres derrières eux comme s'ils formaient à eux tous la bande inatteignable dont Sang Hoon possédait les clés sans qu'il n'y ait de double. Une vie parfaite d'adolescent populaire, ranger du bon côté de la partie ; celle où les minables étaient rejetés et fuies comme la peste.


Il était assis, face à eux, le regard perdu dans les intérêts de son père, de sa mère ; le seul regard du trimestre, celui lié à un simple et minable bulletin et les remarques désagréable, les mépris à répétition et l’inintérêt de l'instant d'après. « Je suis deuxième, ce n'est pas comme si j'étais au dernier rang. Je suis au premier niveau. » souffla-t-il avec arrogance. En sommes de quoi, finalement c'était toujours les mêmes discours et cette jalousie perpétuel pour le garçon qui lui volait toujours la vedette à la maison ; l'envie inavouable de le frapper encore et encore, ce meilleur ami qu'il finirait par détester un jour ou l'autre. « Ce que je vois surtout c'est que tu n'es pas premier et si mon fils n'est pas premier, il est bon à rien. Va dans ta chambre et étudie jusqu'à ce que tu me ramènes des résultats dignes de ce nom. » Et une fois de plus, il s'était retrouvé confronté à lui-même ; lui et ses cahiers qu'il ne voulait plus ouvrir à force, regardant sa guitare avec envie, l'envie ultime de chatouiller ses cordes sans se préoccuper du reste. Les mots de son père restaient encore dans sa tête, plus vifs que jamais, les yeux embués qu'il séchait déjà sans que ça ne coule et la vision de sa mère neutre, sans expression apparente. Putain ce que ça faisait mal.


« Va s'y Sang Hoon, tu vas y arriver ! » criaient-ils tous alors qu'il courait accompagné du ballon à la main, toujours en course prêt à marquer le panier comme si ça vie en dépendant tout à coup.


La mélodie volait à travers les couloirs de l'établissement, sa voix transportant davantage encore alors qu'il grattait joyeusement les cordes de sa guitare ; quittant son faux jeu pour reprendre en main son véritable moi intérieure, celui de toujours qu'il continuait perpétuellement à cacher, d'un air presque désespéré.


Accompagné de son regard noir, sombre et hautain, il continuait à se rapprocher doucement ; une envie folle de lui cracher au visage. « Donne-moi ce putain de fric ou je te frappe plus fort. » murmura-t-il doucement, caressant gentiment dans un geste dégoûtant la joue du garçon avant de frapper le mur, frôlant ses cheveux au passage.


after. Son sang venait tâcher les larmes qui perlaient le long de ses joues, essayant de bouger, cherchant de l'aide dans un murmure incompréhensible. Il voyait flou, ne comprenait rien à ce qui lui arrivait et pourtant tout semblait clair à la fois ; un accident qu'il n'avait pas vu venir, un début d'année signé d'un malheur soudain, inattendu et contre toute attente, une vie qu'il venait de voir défiler où seul les pleure des autres lui revenaient en tête. Il avait soudainement compris que les cieux le punissaient finalement pour le monstre qu'il avait été mais si brutalement qu'il n'arrivait pas à s'en vouloir ; regardant les pieds boitant d'une allure humaine, criant qu'on l'aide, suppliant presque avant de le voir faire demi-tour, la voiture abîmée pour le laisser seul face à lui-même. « Ne… Ne  partez p-pas… S'il vous plaît… » Et il avait soudainement fermé les yeux, la lumière aveugle lui rappelant que son heure était arrivée. Dix-sept années et quelques mois, jamais plus. Dix-sept années de mensonges mêlés à quelques heures sans doute où la vérité planait autour de lui. Dix-sept années d'oubli et d'ignorance, cruauté divine.


Sang Hoon avait ouvert les yeux sans qu'il ne prenne clairement conscience de l'endroit dans lequel il se trouvait ; le blanc du plafond lui éclatant à la figure, grognant déjà à son réveil. « Sang Hoon ! » entendait-il dès lors, sa petite amie aux yeux rouges la regardant debout. « Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Qu'est-ce qui se passe ? » avait-il demandé en tournant les yeux, comprenant et se rappelant doucement, essayant de se relever complètement, de bouger ses jambes engourdit avant d'écarquiller les yeux, criant presque violemment. « Pourquoi est-ce que je ne sens plus mes jambes ? Pourquoi est-ce que je ne sens plus mes jambes ? Pourquoi est-ce que je ne sens plus mes jambes ?! » répétait-il encore et encore, un peu plus fort à chaque fois ; et les larmes de la fille qui appelait l'aide des infirmières sans le regarder dans les yeux, lâchant subitement sa main de peur, désirant partir comme si sa responsabilité n'existait plus.


« Aujourd'hui non plus vous n'avez rien avalé monsieur Il. » soupira une dernière fois l'infirmière en contemplant l'assiette froide du garçon qui regarder encore par la fenêtre. Vous avez perdu l'usage de vos jambes, il y a très peu de chance que vous puissiez un jour remarcher Sang Hoon. Les paroles du médecin encore en tête revenaient le hanter un peu plus à chaque fois. D'ici, il pouvait voir les autres ; le peuple marcher correctement, les oiseaux voler avec insouciance. Il brisait les règles, son silence plus terrible encore que ses paroles d'autrefois.