Song Jinyoung

☾ Jinyoung est né et a grandi à Busan, mais il n'espère pas terminer sa vie dans la ville. Dès qu'il aura son diplôme, l'argent et l'occasion, il partira.
☾ L'envie d'être proche de son frère est toujours présente, mais Jinyoung n'en parle pas et ne tente rien, n'ayant pas l'impression que l'envie soit réciproque.
☾ Jinyoung a besoin de porter des lunettes pour lire et écrire ; il opte parfois pour la solution la plus simple et porte des lentilles.
☾ Il est gaucher, mais peut écrire de la main droite comme un droitier de naissance ; cela dit il utilisera toujours sa main gauche pour le faire.
☾ Prenant un jour le peu de courage qu'il a à deux mains, il a pris rendez-vous avec une psychologue. Il s'est montré à la session répondant mécaniquement aux questions les plus simples, mais restant muet aux questions les plus lourdes. Il n'y est pas retourné ensuite et n'a plus donné signe de vie.
☾ S'il y a bien un lieu où on le trouve tout le temps, en dehors de chez lui, c'est à la bibliothèque. Jinyoung lit de tout, du roman policier au manga.
☾ Il a le vertige, croit aux fantômes et dort encore avec des peluches, histoire de pas être seul dans le lit.
☾ Jinyoung n'aime pas le contact physique. Il ne le supporte qu'en petite quantité, avec des gestes peu poussés. Si les actions sont plus appuyées, il a tendance à paniquer. Si l'action vient de quelqu'un en qui il a confiance, il essaie de surmonter l'angoisse qui lui retourne l'estomac.
☾ Bien qu'il trouve l'ambiance des parcs d'attractions assez agréable le seul manège dans lequel il accepte de monter est le carrousel.
☾ Son anglais est absolument médiocre, et il le sait. Des touristes l'ont arrêté, un jour, pour avoir des directions. Dans la panique, Jinyoung a baragouiné quelques mots d'anglais et a indiqué des directions avec ses mains – il ne sait toujours pas où il les a réellement envoyés
☾ Son animal préféré est le chat et il aimerait en adopter un une fois ses études finies.
☾ Il écoute souvent de la musique. Il est fan du groupe Seventeen. Il connaît la plupart de leurs chorégraphies par cœur.
☾ Sa passion ? En dehors de la lecture et de la musique : les bains. Avec plein de mousse. Pas très écologique, il l'admet.
☾ Il n'est pas du genre à manger beaucoup. Cela peut paraître inquiétant pour certain.e.s, mais ça ne l'est pas tant que ça. Jinyoung n'a jamais été un grand gourmand. Il se contente généralement d'une petite portion. Il adore les fruits cependant, et le milkshake.
☾ Il souffre d'insomnies. Il n'est donc pas rare de le voir se promener à des heures improbables. Et s'il n'est pas dehors en train de s'aérer l'esprit, il est chez lui, à son bureau, en train de travailler sur ces cours - ou sinon il en train de souffrir d'un mal de tête atroce à cause du manque de sommeil, au choix.
☾ Il aime porter des vêtements amples et confortables. En hiver il adore porter des pulls un peu épais et doux.

storytime

le caractèrecalme ; sarcastique ; à l'écoute ; effacé ; appliqué ; susceptible ; généreux ; angoissé ; sensible ; incertain ; honnête ; facilement découragé ; prudent ; rancunier ; loyal ; étourdi

☾ Jinyoung, c'est le type qui se met toujours en retrait, derrière tout le monde. Il ne veut pas être le centre d'attention et il n'aime pas se mettre en avant.
☾ Il doute. Tout le temps. De tout. De lui. Des autres. Il n'a aucune estime de lui-même ou de son travail et est du genre à être rapidement stressé. Il est aussi incapable de savoir comment réagir face à un compliment.
☾ Il est plutôt prudent avec les gens et n'accorde pas sa confiance facilement.
☾ Jinyoung est quelqu'un de sensible. Quand on ne le connaît pas, on ne le décrit pas comme tel, certainement à cause de son côté sarcastique et de sa méfiance envers les autres.
☾ Il lui arrive souvent de perdre des objets : son portable, ses clés, son porte-monnaie, un stylo... Le pire est certainement quand il perd quelque chose dans son propre appartement.
☾ Il est du genre à rapidement baisser les bras et ne se bat pas pour obtenir ce qu'il veut, se disant qu'il lui manque le talent et la volonté. Si on lui dit que ce n'est pas possible, Jinyoung n'insiste pas.
☾ Il n'a que 20 ans mais il a parfois le comportement d'un vieux retraité. Si ses habitudes sont bousculées, il est perdu – il a la panoplie complète de la petite mamie, d'ailleurs : le plaid, et le thé devant la télévision le soir. Il ne lui manque que le chat.

l'histoireIl avait treize ans la première fois que leurs regards se croisèrent. Il venait de rentrer des cours, et il était là, Kyong Su, installé sur le canapé aux côtés de sa mère, le dos bien droit, le sourire doux, le regard rassurant et les mots calmes. Il avait treize ans à cette époque-là, Jinyoung. Un gamin un peu perdu dans un monde qu'il n'arrivait pas à suivre. Un garçon un peu plus en retrait que les autres, mal dans sa peau, des questions plein la tête, des peurs tournoyant dans l'esprit. Il avait treize ans, et à ce moment-là, il ne savait pas encore qui il était, ni ce qu'il voulait devenir. Il avait treize ans, et la seule chose qu'il était certain de vouloir c'était de l'attention. Sa mère était trop occupée par le travail, et le seul temps libre qu'elle avait elle le passait seule devant la télévision ou seule face aux factures, un verre de vin pas trop loin. Son frère, lui, était trop occupé avec sa bande d'ami.e.s pour s'occuper de son petit frère. Alors il le laissait seul dans sa chambre en disant qu'il viendrait le chercher pour aller sortir – mais il ne venait jamais. Et Jinyoung le savait. Il attendait à chaque fois en sachant que son aîné ne viendrait pas.
Il avait treize ans, Jinyoung. Il était jeune, et perdu. Il se sentait seul et mal aimé. Il avait treize ans, Jinyoung. Il comprenait le monde, les adultes, la vie sans vraiment les comprendre. Sans vouloir les comprendre. Il ne voulait pas grandir, Jinyoung, parce que ça lui faisait peur. Il avait treize ans, à ce moment-là, et quand il y pensait il se disait qu'il aurait mieux fait de ne jamais les avoir. De partir avant ou tout de suite partir après. Peut-être même qu'il n'aurait jamais dû entrer dans le salon.

Il avait treize ans quand il avait fait la connaissance de Kyong Su, l'entraîneur du petit club de natation du coin. Celui dont son frère parlait souvent. Celui que tout le monde appréciait. Parce qu'il était assez connu dans le quartier, Kyong Su. Connu pour être serviable, gentil, doux et patient. Connu pour être à l'écoute, toujours prêt à aider. Jinyoung ne le connaissait que de nom, et à partir de ce jour-là, il apprit à connaître la personne.
Kyong Su était tout ce qu'on disait. Il écoutait toujours Jinyoung. Il l'écoutait lui dire tout ce qui n'allait pas. Il l'écoutait quand il lui parlait de ces peurs qui obscurcissaient ses esprits. Il l'écoutait même quand il ne parlait pas. Il lui donnait toute l'attention qu'il avait toujours voulu. Il l'encourageait, le poussait à dépasser ses propres limites. Il l'incita à s'inscrire au club. Parce qu'il était sûr qu'il était un bon nageur mais aussi parce que la natation pouvait le rapprocher de son frère. Il avait hésité, au début, avant d'accepter et de demander à sa mère de l'inscrire aussi. Il avait commencé les entraînements, et Kyong Su était toujours là pour le soutenir, l'aider, le motiver. Kyong Su était toujours là. A l'entraînement, ou même chez lui. Ils passaient beaucoup de temps ensemble. Jinyoung voyait en lui un ami, un confident. Une figure paternelle qui avait toujours manqué dans la maison. Il voyait quelqu'un à qui il pourrait s'accrocher quand plus rien n'allait. Il croyait en lui. Et il croyait en tout ce qu'il lui disait.
Il le croyait quand il lui disait qu'il ne le laisserait pas tomber, qu'il ne partirait pas. Il le croyait quand il lui disait qu'il était quelqu'un de bien et qu'il deviendra un homme exemplaire. Il le croyait quand il lui répétait que lui seul pouvait le comprendre et lui seul pouvait lui apporter tout ce dont il avait besoin. Il le croyait. Il l'avait cru. Il n'aurait peut-être pas dû.

Kyong Su commençait à changer. Plus ils passaient de temps ensemble, plus son regard se transformait en quelque chose que Jinyoung n'arrivait pas à décrire. Plus ils passaient de temps ensemble, et plus les mains de l'adulte se montraient curieuses. Plus ils passaient de temps ensemble, et plus les mots devenaient sales et les demandes de plus en plus bizarres. Jinyoung ne disait jamais rien. Il supposait que tout était normal. Et Kyong Su lui disait, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi, qu'il ne devait jamais oublier qu'il voulait tout ça, qu'il avait besoin de tout ça. Qu'il avait besoin de lui, et que s'il n'était pas là, il finirait seul. Il lui disait, souvent, qu'il ne devait pas oublier que tout avait commencé parce que Jinyoung l'avait demandé – alors qu'il n'avait jamais formulé de demandes directes. Hors l'adolescent le croyait. Il était un adulte, il savait ce qu'il disait, après tout. Lui n'était qu'un enfant, un adolescent, qui avait encore peur du noir et qui avait surtout peur de grandir trop vite.
Plus le temps passait, plus tout devenait de plus en plus poussé, de plus en plus long et de plus en plus fréquent. Si au début Jinyoung essayait de ne pas trop se focaliser dessus, il finissait par y penser plus de fois qu'il l'aurait voulu, se retenant souvent de demander à sa mère si tout était normal. Kyong Su était un bon entraîneur, et grâce à lui il progressait. Kyong Su était un bon ami, car on pouvait se confier à lui en toute liberté. Kyong Su était une bonne personne, parce qu'il accourait à une vitesse folle en cas de problème.
Mais Kyong Su n'était pas une bonne personne.

Il le regardait se changer dans les vestiaires. Il le surveillait quand il nageait. Il se tenait toujours un peu trop près. Ses doigts couraient un peu trop souvent sur sa peau. Son visage se retrouvait un peu trop souvent près du sien. Jinyoung étouffait. Jinyoung était terrorisé. Il voulait que tout s'arrête. Il voulait que tout prenne fin. C'était la peur qui le tenait éveillé la nuit. C'était la peur qui le réveillait le matin. Ses notes dégringolaient. Son moral chutait. Son comportement changeait. Il s'isolait, Jinyoung. Il se renfermait sur lui-même, persuadé d'être seul dans un monde qu'il n'arrivait pas à suivre. Persuadé que personne ne pourrait le comprendre, que personne ne pourrait le croire. Il perdait des ami.e.s, Jinyoung. Et les seul.e.s qui restaient acceptaient simplement le fait qu'il ait changé sans chercher à comprendre pourquoi. Il étouffait, Jinyoung. Il était perdu, Jinyoung.
Il avait abandonné, Jinyoung. Il se disait qu'il n'aurait pas dû commencer – mais commencer quoi ? Il se disait qu'il n'aurait rien dû dire – mais dire quoi ? Il se disait qu'il n'aurait pas dû faire le premier pas – l'avait-il vraiment fait ? Il se disait qu'il devrait parler, crier, hurler.
Pourtant il devenait de plus en plus silencieux, Jinyoung, les épaules basses, il acceptait. Parce que, comme Kyong Su lui disait souvent, c'était de sa faute après tout.

Il avait quatorze ans et quelques mois, Jinyoung, quand il arrêta définitivement la natation. Et ça arrangeait bien sa mère. Elle lui avait dit, que ça ferait des trajets et des dépenses en moins. De toute façon, elle avait soupiré, ça faisait un moment qu'il n'y allait plus, à l'entraînement. Il aurait pu le dire plus tôt, qu'elle s'était emportée – il l'avait dit mais personne n'avait écouté. Et il restait seul, Jinyoung. Il évitait les autres, mais il n'arrivait pas à éviter Kyong Su. Il était tout le temps là, susurrant à sa mère qu'il s'inquiétait pour Jinyoung. Il était tout le temps là, à l'aider pour ses devoirs, à le surveiller quand sa mère rentrait trop tard du travail et que son frère n'avait pas le temps pour lui. Il était tout le temps là, juste à côté, à lui répéter qu'il avait promis : il ne le laisserait pas seul. Il était tout le temps là, juste à côté, à lui répéter que s'il pouvait, il le garderait que pour lui. Mais il ne pouvait pas... n'est-ce pas ?
Il était là, Kyong Su, quelques semaines avant ses quinze ans. Il était là. Encore. Toujours. Il était là, toujours adoré, toujours apprécié, toujours connu et reconnu dans le quartier. Et tout le monde ne voyait que lui. Personne ne voyait Jinyoung, adolescent renfermé, réservé, qui repoussait tout ceux qui osaient s'approcher.

Il était là Kyong Su. Jusqu'à ce qu'il ne le soit plus. Comme un coup du sort. Comme une punition divine. Comme si le hasard avait décidé d'enfin faire tourner cette foutue roue. Un accident de voiture. Banal, mais efficace. Un sommeil prolongé, des pronostics peu encourageants. On disait qu'il ne se réveillerait pas. On disait qu'il n'allait pas terminer l'année. On répétait, le cœur serré, que c'étaient toujours les meilleurs qui partaient en premier.
Il était allé le voir, Jinyoung. Parce que sa mère lui avait dit qu'il ferait mieux de lui dire au revoir. Il était allé le voir et il l'avait regardé. Inerte, allongé, endormi. Et il avait souri, Jinyoung. La première fois depuis quelques mois. Il avait souri, discrètement, paisiblement. Et il lui avait dit, Jinyoung, dans un souffle calme, posé et presque tendre. Il lui avait dit, doucement, délicatement : « N'oublie pas que tout est de ta faute ».