L'Histoire enfant doré, mais loin d'être choyé. papa est absent, puis maman malade. rien pour t'occuper, si ce n'est les multiples résultats de celle qui t'a mise au monde. la peau blanchâtre, elle affiche un doux sourire qui cache bien des douleurs. l'enfant doré que tu es, devient marbre. froid, immunisé face à une douleur émotionnelle. cette femme, tu l'aimes. tu donnerais tout pour elle, mais lui, celui sans qui tu ne serais pas là. lui tu ne l'aime pas. il est trop absent pour s'occuper de son épouse. trop absent pour s'occuper de toi et pourtant assez présent pour t’infliger quelques douleurs physiques.

parfois, il y a quelques coups de ceinture, puis parfois, ce sont des marques de cigarettes qui orne ta peau. ainsi va la vie, tu encaisses. pas pour toi, parce que toi, ta vie, elle t'importe peu. mais pour elle. pour ta mère. assommée par des doses et des doses multiples de médicaments, elle ne remarquera jamais rien. puis le jour vient, où elle s'enfonce. elle s'enfonce tellement qu'elle est emmenée à l'hôpital.

ton père lui, il s'en contre fiche. il reste derrière son bureau à gérer ce foutu hôpital. hôpital que tu devrais d'ailleurs détester, mais non. tu l'aimes, seulement pour la présence de ta mère. est-elle morte ? pas encore. tu vies. tu continues, tu essaies du moins parce que au fond, c'est pas facile de tout encaisser, de se lever chaque matin et faire comme si tout allait bien. rien est facile. toi, l'enfant doré devenu marbre, tu n'es pas comme tous tes semblables à sourire aux joies de la vie.

tu n'es pas dans les rues à dilapider l'argent de papa comme bon te semble, tout comme tu n'es pas là, le soir venu à tenir une coupe entre tes doigts au beau milieu de ce monde tous aussi friqués les uns que les autres. tu n'es pas comme eux. tu ne veux pas être comme eux. alors tu désobéis et tu saignes, encore et encore. puis tu deviens au fil du temps, ce garçon qui veut faire de sa vie, la sienne et pas celle d'un autre.

tu deviens interne, allant même jusqu'à demander à faire ton internat dans cet hôpital où ta mère est dans le coma. ainsi, d'année en année, tu la passeras et repasseras maintes et maintes fois devant sa chambre. puis aujourd'hui, tu y entres, espérant qu'elle se réveille, mais au fond, tu ne veux pas non plus. à quoi bon ? les années durant lesquelles elle a été branchée n'ont fait que la détruire plus que de raison.

ainsi, elle ne sera plus celle qu'elle a été autrefois. mais quand bien même. tu passes tous les jours dans sa chambre, pour le calme. pour avoir un moment de répit après une dure journée à courir dans les couloirs, à rester debout des heures et des heures dans un bloc opératoire. tu as besoin de la retrouver, même si elle est loin, très loin.