L'Histoire immaturité et adultère (le pré-joe)
Joey Collins fut l'un des plus grands chanteur de rock-country des Amériques. Il était si connu qu'il n'était pas rare de voir des petites culottes tâchées s'envoler vers la scène lorsqu'il jouait. Sa jeunesse partielle et sa gueule d'ange le rendaient irrésistible aux yeux des plus laides quinquagénaires. Sa renommé était telle que, malgré son chauvinisme, il lui arrivait de faire des concerts ailleurs dans le monde. Les années 80 s'inscrivirent comme un âge d'or pour le rockeur aux santiags, et il y fit même une tournée fulgurante au Japon.
Kumiko Mikado fut une grande chanteuse d'opéra traditionnel. Cantonnée à Kyoto depuis toujours, elle faisait une représentation par soir au théâtre-opéra de la ville. Tout le continent asiatique était à ses pieds, et des gens venait de Thaïlande pour la voir. Véritable Marianne japonaise, elle fit même la une des journaux européens dans un monde plongé en pleine guerre froide - c'est-à-dire un monde qui n'en avait rien à carré de l'opéra nippon.
En 1989, Kumiko Mikado et Joey Collins, respectivement 59 et 34 ans, se rencontrèrent à Kyoto. Épris d'une idylle adolescente aussi passionnelle qu'éphémère, les deux amoureux étaient inséparables. Kumiko rejoignit Joey aux Etats-Unis, sacrifiant ainsi sa carrière et surtout son mari et ses enfants. Elle et Joey fondèrent une petite famille, quoique très petite puisque composé d'un seul enfant - ce qui s'avérait être un miracle étant donné le certain âge de Kumiko. Dans sa mégalomanie certaine, Joey voulut coûte que coûte appeler son seul héritier Joe.
immaturité et réadultère (le post-joe)
Joe grandit à Memphis en compagnie de sa mère. Désormais cataloguée au titre de mère au foyer, Kumiko eut tout le temps, et aussi le déplaisir, de s'occuper de sa fille, tandis que son mari se pavanait sur les scènes américaines. Néanmoins, elles n'avaient pas de quoi se plaindre, car après tout elles vivaient dans une maison bien plus que confortable, une maison qui d'ailleurs aurait pu accueillir le reste des enfants de Kumiko laissés au Japon. Joe ne sut jamais rien de la double vie de sa mère.
Pour ses quatre ans, Joey emmena sa fille dans une boutique d'instruments de musique. Il la laissa choisir d'elle même sa voie musicale. La petite fille s'enticha d'une basse brillante et dorée. Il s'agissait d'un instrument bien plus grand qu'elle, mais elle n'eut pas peur du challenge. Elle s'entraîna corps et âme car ses deux parents l’incitaient à se diriger vers la musique. A vrai dire, voir leur enfant jouer enterrait la haine naissante de ce couple mal-assorti. A vrai dire, rien n'allait plus entre Kumiko et Joey, et pourtant ils ne cessaient de se mentir à eux même en croyant naïvement que leur amour perdurerait encore un peu. Comprenant que la musique était le seul maillon qui permettait de faire tenir cette famille, Kumiko s'investit énormément dans la formation de sa fille. Elle lui fit notamment découvrir le piano ainsi que le chant, et ce même si la petite Joe était loin d'avoir le coffre de sa génitrice.
Âgée de douze ans, Joe était une enfant relativement normale, mais à cet âge ses doutes d'adolescente commencèrent à croître. Lorsque des disputes éclataient entre ses parents, elle prenait parti, et généralement elle était du côté d'un père absent qu'elle avait tendance à idéaliser. Néanmoins l’enchantement se brisa lorsque une sextape de Joey Collins fut publiée, dévoilant ainsi que Joey n'était ni un mari fidèle ni un père honnête. Humiliée, Kumiko ne laissa nullement le choix à son compagnon, et il ne lui fallut que deux jours pour préparer ses valises ainsi que celles de sa fille, et toutes deux s'envolèrent vers l'Asie.
Kumiko trouva un poste de chanteuse dans un cabaret à Séoul. Elle y interprétait de l'opéra traditionnel mélangé à une sorte de french-cancan. Prise dans son travail, elle en oublia sa fille qui était inscrite dans une école internationale. Joe était troublée: elle avait perdu son père, que désormais elle haïssait, et aussi toute sa vie de petite princesse du country. Néanmoins, dans un élan de maturité - et certainement le seul de sa vie, jamais elle ne questionna sa mère quant à ses doutes, et elle écrivit des chansons en guise de journal intime.
immaturité toujours mais pas d'adultère (le joe)
C'était non sans grande surprise que Joe finit avec brio ses études de musique à Séoul. A peine diplômée, elle vendit déjà ses compositions aux grandes agences de divertissement de l'industrie coréenne. Elle fut relativement chanceuse puisque bon nombre de ses créations devinrent de grands succès commerciaux. Elle fut appelée et ré-appelée, elle eut même une période où elle fut overbookée. Sa personnalité "fraîche et fruitée" lui permit notamment de participer à des émissions de télé - chose rare pour un simple compositeur, et elle profita de sa notoriété naissante pour sortir un single, single qui eut un succès mitigé. Mais piégée dans le monde de l'idoling, Joe perdue la place qu'elle s'était forgée. Les gens ne la voyaient plus comme une compositrice de talent mais comme une chanteuse ratée. Alors elle se réfugia dans l'ombre, loin des projecteurs.
Joe quitta Séoul et prit un nouveau départ à Busan. Installée depuis un an dans la montagne chaudron, elle vit de ses performances dans des salles de concert riquiqui, et de cours de chant et de basse. Malgré cette situation aux allures précaires, Joe ne s'est certainement jamais sentie aussi heureuse; heureuse de savoir que le "phénomène Mikado" est bel et bien une page oubliée de la k-pop.