L'Histoire
You're ripped at every edge but you're a masterpiece
And now you're tearing through the pages and the ink
☾ L’enfance, la partie de sa vie qui est réputée pour être souvent les meilleurs moments d’une vie. Ceux où tu es nouveau pour vous, ceux où un rien vous émerveille et surtout la période ou tout n’est encore qu’innocence. Voilà ce à quoi il correspond dans l’imaginatif commun, une vision presque utopique aux yeux de Ryu qui n’a jamais connu ça. Lui, c’était ce gamin qui a été forcé de grandir de façon un peu trop précoce, avant tout les autres de son âge. Il faut dire qu’avec ses parents et la jolie mascarade qu’ils avaient mis en place pour faire croire à tous qu’ils étaient cette famille si parfaite qui avait réussi leur vie grâce au poste important d’avocat international du père. Une enfance où tout semblait faux de A à Z, en passant par les sourires forcés à table, jusqu'aux mots doux. Des parents aux abonnés absents avec papa qui passait plus de temps au travail et maman à claquer le fric de papa dans des magasins de luxe. Voilà ce à quoi se résumait celle-ci, une belle farce qui prenait toujours fin au coucher. Car oui, en plus d'avoir des parents bien trop occupés, ils se sautaient à la gorge à chaque fois qu'une occasion se présentait. Les disputes étaient devenues des routines, des berceuses aux yeux de Ryu. Comment réellement s’épanouir dans un foyer ou tout à l'air d'une mise en scène ? Une question qui hantait déjà Ryu à l’époque. Mais malgré tout cela, ce foyer possédait un petit rayon de soleil qu’il a toujours veillé à protéger de tout ça. Tôru, son petit frère de deux ans son cadet, dont le sourire était déjà la chose la plus précieuse aux yeux de Ryu. Il ne compte plus les stratagèmes toujours plus inventifs qu’il avait inventés pour détourner l’attention du plus petit les soirs où leurs parents oubliaient que des cris pouvaient les réveiller. L’une de ses stratégies avait été le dessin. Tôru adorait le coup de crayon de son frère alors celui-ci lui dessinait toujours tout ce qu’il désirait. Seulement un jour ils avaient tous laissé traîner sur la table de la sale à manger et avant que les nourrisses ne les range, leur mère était tombée dessus. Si seulement elle ne l’était jamais. Rapidement et pour une raison qui échappait complètement à Ryu, elle commença a rester plus à la maison pour les regarder dessiner. Tôru était heureux d’avoir enfin un peu plus de temps avec elle, c’était tout ce qui comptait pour lui. Mais rapidement les dessins exigés par leur mère augmentèrent et elle finit par carrément lui proposer de se trouver un surnom pour remplacer son prénom. Perplexe au début, il avait fini par trouver cette idée drôle, après tout ce n’était qu’un jeu de plus à ses yeux innocents. Il avait cherché plusieurs idées avec Tôru est avait fini par opter pour Fubuki, tempête de neige, un surnom dès plus lourd à porter, mais qui au final allait coller avec le futur tempérament de celui-ci. Bientôt, Ryu passa aux toiles en tout genre. Il adorait peindre à l’époque. Il aimait cette odeur d’huile, ses couleurs qui se mélangeaient sous ses gestes précis, ce sentiment de créer de toute pièce un univers à coup de pinceau. Oui, il aimait ce qu’il faisait et appréciait par-dessus tout le visage admiratif de son petit frère. S’il avait su que son immense potentiel artistique, découvert par sa mère, allait provoquer sa chute et entraîner son frère dans celle-ci, il aurait aimé renaître comme un gosse dès plus ordinaire. Ce qui devait arriver arriva, leurs parents finirent par divorcé quand il avait dix ans, seulement un détail qu’il n’aurait pu imaginer se produisit, chacun des enfants irait avec un des parents. Lui resterait avec sa mère au Japon et Tôru partirait en Corée du Sud avec leur père. Ryu allait perdre son rayon de soleil, la raison de son sourire. Il n’avait rien pu y faire, et ce malgré toutes ses plaintes et les larmes qu’il avait versées en suppliant ses parents d’y réfléchir plus longuement. Complètement impuissant, il avait dit au revoir à son frère à l’aéroport en maintenant un sourire radieux pour rassurer ce dernier avant de s’effondrer en rentrant dans sa chambre. C’est à la suite de cet événement que la vie de Ryu n’a fait qui descendre en crescendo. Une descente aux enfers dont il ne voyait pas le bout.
Au fil des années l’innocence du début des requêtes de sa mère commença à s’estomper pour laisser place à l’affreuse vérité, sa mère avait quitté son père dès l’instant où elle avait trouvé sa nouvelle poule aux œufs d’or qui pouvait lui rapporter bien plus : lui. Ryu commença a passé le plus clair de son temps à dessiner encore et encore pour satisfaire les demandes de sa mère, pensant que derrière tout ça il devait y avoir de l’amour, après tout c’était bien la première fois qu’il recevait autant d’attention de la part de celle-ci. Mais hélas il n’y avait rien de tout ça. Juste la vanité d’une femme sans scrupule. La chute n’en fut que plus douloureuse pour Ryu, il avait beau toujours avoir su que ses parents n’en étaient pas de véritables à proprement parlé, il gardé malgré lui ce petit espoir d’un amour sincère maternelle. Vers l’âge de quinze ans, quand plus l’ombre d’un doute ne planait sur les réelles intentions de sa mère qui le considérait comme un véritable cash-cow et après des années et des années d’exploitation il finit par enfin péter un câble. Le garçon assez calme et obéissant céda sa place à un jeune homme rempli de haine envers le monde entier. Alors, frapper les autres pour extérioriser tout ça, se sentir vivant à travers la douleur qu’il recevait des coups se mangeant, se sentiment de liberté lorsque les interdis étaient bravés. Il n’y avait pas à dire c’était l’extase, ça le faisait presque autant vibrer que la peinture. Il faut dire que cette dernière avait perdu de ses couleurs au fur et à mesure que peindre était devenu un devoir pour lui. Il en venait presque à le faire par obligation, car sinon, sa mère ne lui donnait pas les lettres qu’il recevait de Tôru. Un chantage qu’elle avait trouvé pour le forcer à faire ce qu’elle voulait sans qu’il ne tente pas de se rebeller. Ryu avait l’impression de devenir fou dans cette baraque ou plutôt prison dorée. Il était tel un oiseau au magnifique plumage qu’on déplumait à petit feu jusqu’à ce qu’il rende son dernier souffle à bout. Mais il tenait notamment grâce à Yûki. Son acolyte dans tous les coups les plus foireux depuis l’époque des couches-culottes. Une fille avec des parents aussi nazes que les siens. Un électron libre aussi barré que lui avec qui il souhaitait refaire le monde. Son âme sœur, sa moitié, sa bouffée d’oxygènes dans ses moments les plus sombres. Ils en avaient fait des conneries ensemble au lycée, les profs se souviennent encore de ce duo haut en couleur nommé par tout le monde "les Troublemakers". Ils le portaient si bien il faut dire. C’étaient deux aliens au comportement incompréhensibles pour les autres. Un couple qui n’en était pas un. Deux êtres indissociables l’un de l’autre. Ryu ne fonctionnait pas sans sa Yûki et inversement. Il jouer le rôle du copain jaloux pour l’aider à chasser les mecs de son lit, il s’était laissé passer pour gay auprès de sa mère depuis pas mal d’années pour avoir un accès illimité à sa chambre, il n’y avait pas à dire il en avait fait des choses pour les beaux yeux de la demoiselle. Il faut dire que c’était grâce à elle et ses petits moments qu’ils partageaient qu’il tenait.
Malheureusement pour Ryu sa mère apprit pour les bastons auxquels il participait. Il se prit une gifle monumentale alors qu’elle lui hurlait qu’il ne connaissait pas la valeur de ses mains. Un rire froid passa les lèvres de Ryu. C’était donc ça le plus important et non les dangers auxquels il pouvait se soumettre. Elle le traitait de raté, lui disait qu’un truc clochait chez lui. C’était lui le taré ici ? Son regard se fit noir alors qu’il lui lançait fatigué de toute cette situation «
Ça fais bien longtemps qu’il est brisé ton jouet. Ne t’inquiètes pas, c’est pas fini. J’ai des projets encore plus grandioses pour ton petit génie chéri, tu vas adorer. » un sourire presque fou apparu sur ses lèvres alors qu’il se précipitait vers le garage pour saisir un marteau et l’emmener dans sa chambre. Il était fatigué. Fatigué de ce talent devenu trop lourd à porter. Il en était venu à le maudire autant que sa mère. S’il ne pouvait pas perdre son génie naturellement il allait forcer le destin. Il allongea sa main sur son bureau avant de respirer un bon coup. Il allait enfin en finir avec tout ça. Seulement alors qu’il allait exécuter son geste son écran s’alluma pour afficher un message de Tôru qui lui disait qu’il avait adoré sa dernière exposition et qu’il avait hâte de voir la prochaine. Ryu laissa tomber le marteau qu’il tenait au sol. Il ne pouvait pas le faire, il en était tout bonnement incapable. Malgré tout ce qui avait pu arriver, il aimait l’art du plus profond de son être. Il aimait ce qu’il provoquait chez les autres. Il aimait la manière avec laquelle il pouvait se confier dans ses œuvres. Il se laissa tomber sur son lit. Tôru venait de l’empêcher inconsciemment de commettre une erreur monumentale. C’était le premier sauvetage dont il fut l’objet.
Sa relation avec sa mère s’était empirée un peu plus chaque nouvelle année passée. Ryu était à présent un jeune homme de dix-neuf ans. Il était méconnaissable. Ses traits s’étaient creusés et les poches sous ses yeux bien assombris. Son regard autre fois défiant et rebelle avait laissé place à un regard vide , blasé de tout, fatigué. Il faut dire qu’à ses dix-sept ans il était tombé dans l’engrenage infernal de la drogue. Cette substance qui avait le don de le faire se sentir léger, le don de lui faire tout oublier l’espace de quelques heures. Il ne pensait plus à ses œuvres et les commandes qui l’attendaient dans son atelier, à sa taré de mère toujours aussi fourbe et cinglée, à la distance qui le séparait de son frère. Non plus rien ne venait l’enfoncer un peu plus bas, sa tête était enfin vide. Il planait tellement qu’il n’y avait plus aucune place dans sa tête pour le doute, le mal-être et la colère. Ce poison si doux qui ravager pourtant son cerveau à petites gouttes était devenu son moteur et cette came qui remplissait ses veines son essence. Il avait conscience que se droguait n’allait en rien arranger tous les problèmes qu’ils avaient, mais cacher et enfuir ses blessures est bien simple que de les affronter. Fuir encore et toujours ses pensées noires. Celles qui lui rappelle qu’il n’est qu’un gagne-pain pour sa mère, que son talent a été souillé par cette femme qui l’a commercialisé et qui l’épuise un peu plus chaque jour, celles qui lui rappelle à quel point son père n’en a rien à foutre de sa gueule vu qu’il ne prend jamais de ses nouvelles. Oui se bousiller le cerveau était beaucoup plus simple pour le jeune homme complètement instable qu’il était. Ryu était encore dans son atelier en train de travailler sur une énième toile dans son atelier, bien inspirer par la merde qu’il avait pris plus tôt. Couvert de peinture de la tête aux pieds, focalisés seulement sur les coups de pinceau et les jets de peintures qu’il faisait voler sur cette toile ressemblant à un joli bordel de couleur, un vrai mess aussi indiscernable et indescriptible que son créateur. Après trois toiles achevées et l’effet de la drogue dissipé, Ryu le visage tacheté de peinture se dirigeait enfin vers la table où se trouvait son portable pour constaté qu’il avait reçu un SMS. Pas de n’importe qui, de son père qu’il n’avait pas vu depuis neuf ans. Ce dernier lui avouait être de passage à Tokyo et souhaitait si possible le voir. L’heure du rendez-vous était dans un quart d’heure, Ryu enfila rapidement un sweat noir, se débarbouilla rapidement et se cassa pour aller voir celui dont il ne savait plus grand-chose à présent. Arrivé au point de rendez-vous dans ce petit fastfood au cœur de Shibuya. Il le chercha plusieurs minutes du regard et fini par se diriger au pif vers l’homme qui était de dos, seul à une table. Il verrait bien si c’était lui ou pas. Bonne pioche. Il avait pris un sacré coup de vieux le paternel. Ryu s’avachit sur sa chaise, silencieux. Il ne sait pas trop quoi dire à cette personne qui lui semble presque étrangère maintenant, les années sans nouvelles ayant fait un sacré dégât. Ils se regardèrent avant que le père n’ouvre enfin la bouche pour lui dire en observant ses mains encore couvertes de peinture «
Je vois que tu peins toujours… c’est bien. » Bien pour qui ? Lui ou sa mère ? Ryu ne savait même pas quoi répondre. Est-ce que son talent était vraiment une bénédiction et non pas plutôt une malédiction. Il avait beau avoir réalisé qu’il aimé l’art de tout son être le soir où il avait failli se briser la main, il ne parvenait pas chasser cette interrogation de son esprit à chaque fois qu’il croiser le regard de sa mère lorsqu’elle posait dans son atelier la liste de commande qu’elle lui avait trouvé. Au vu de la mine sombre de Ryu, son père poursuivit «
Tu as l’air d’aller bien. » Un petit rire s’échappa des lèvres de Ryu «
J’ai l’air d’aller bien ? Tu rigoles j’espère. » son ton était froid et son regard perdu «
Tu penses vraiment ce que tu dis quand tu vois ce que je suis devenu ? » il n’avait plus rien de l’innocence qu’il lui avait connu et son sourire si pétillant d’antan avait disparu il y a des années. «
Tu ne vois pas ce qu’elle a fait de moi ? Ne me fais pas croire que tu ne l’imagines pas ne serait-ce qu’un petit peu. » Il connaissait la vanité de son ex-femme, il était loin d’être bête et avait probablement compris ce qu’elle comptait faire dès l’instant où elle avait insisté pour le garder à ses côtés lui et non Tôru. Bien qu’il était heureux d’avoir été le sacrifié pour son petit frère et le referait sans hésitation pour lui éviter cet enfer, il en voulait à son père. Le flux d’émotion qui le traversait le faisait enfin vider son sac après des années de silence «
Ma vie est un enfer papa, je n’en peux plus. Je suis à bout. Fais quelque chose avant que je devienne complètement cinglé. » son regard était désespéré. Il avait enfin mis des mots sur sa souffrance. Avait décidé d’arrêter de fuir pour enfin demander de l’aide à celui qui pouvait lui en offrir. Du moins il croyait «
Ryu, comme tu les sais probablement par le biais de Tôru je me suis remarié et je ne pense pas pouvoir t’aider pour le moment. » La claque fut dès plus violente pour Ryu. Son regard se perdit dans l’espace. Jusqu’au bout il avait été abandonné par cet homme. Ne voulant pas encaisser de dommages supplémentaires, son cœur étant déjà dans un piteux état il se leva en silence avant de souffler à son père «
Vas te faire foutre, allez tous les deux vous faire foutre. » il sortit de toute vitesse du restaurant. Sa respiration était saccadée, son esprit chamboulé et son cœur en sang. Il lui avait fallu du courage pour confesser tout cela à quelqu’un. Il avait eu de l’espoir dans l’un de ses parents pour la première fois depuis des années. Mais il aurait du savoir comme toujours, il n’y avait rien à attendre d’eux. Mais merde qu’est-ce qu’il pouvait bien attendre. Pourquoi fallait-il qu’il se berce toujours d’illusions pour chuter plus violemment ? La tête en vrac, il voulait tout oublié, et ce rapidement. Ses pas le menèrent directement vers les petites allées peu fréquentées de Shibuya où il trouva facilement un dealer qui allait lui offrir un soin miraculeux. En ni une ni deux, il enchaîna les piqûres à une vitesse folle. Il voulait tout oublié, tout refouler à nouveau. Seulement il n’y parvenait pas. Son remède pourtant magique et salvateur d’habitude eut tout l’effet inverse. Il le plongea dans un bad trip des plus violent. Il ne discernait plus la réalité, n’était plus qu’un mélange de sentiment destructeur et déprimant à souhait. Il voulait en finir. Il voulait se laisser enfin couler dans ces eaux sombres dans lesquelles il se débattait pour garder la tête hors de l’eau depuis des années. En finir avec cette existence de merde qui le faisait plus souffrir qu’autre chose. Les idées plus claires du tout à cause de la drogue il fonça dans la salle de bain avant d’attraper une lame de rasoir. Il observa un instant son reflet dans le miroir le regard aussi vide que l’acte complètement irréfléchi qu’il allait commettre. Il s’ouvrit le poignet, mais était bien trop loin pour ne ressentir la douleur. Son esprit brisé et son cœur en miette le faisant déjà bien trop souffrir. Alors qu’il allait s’attaquer au deuxième poignet dans un geste presque machinalement, il fut couper on geste à moitié commencé par Yûki, qui déboula dans la salle de bain alors qu’elle le cherchait, pour tomber sur cette horreur. Elle saisit la lame en hurlant avant d’attraper des serviettes pour les coller sur ses poignets. Elle attrapa son téléphone avant d’appeler les urgences. Elle tentait de parler à Ryu entre ses larmes, mais il ne l’entendait déjà plus. Son esprit était absent, ses yeux finir par se clore doucement alors que les secours arrivèrent.
Ryu se réveilla difficilement à l’hôpital. Il tentait de se remémorer les événements de la vieille, mais ces derniers restés un peu flous dans son esprit. Il se souvenait de la rencontre avec son père, de ses émotions d’une intensité extrême qui l’avait poussé à passer à l’acte. Il observa ses poignets bandés avant de soupirer. Il avait merdé en beauté cette fois-ci. Il remarqua la petite tête brune qui dormait près de lui. Il tenta de soulever sa main la moins meurtrie pour lui caresser la tête, mais n’y parvint pas. Il lâcha un petit grognement qui réveilla la belle endormie «
Salut toi » lui lançait Ryu d’un sourire gêné, il allait se faire tuer et le méritait pour le coup. Il se fit insulter de tout un tas de noms, se fit même frapper au torse à mainte reprise. Il encaissait tout avant d’enfin attraper Yuki pour la serrer de son bras le plu valide «
Je suis désolé princesse... J’ai vraiment merdé hier. » il resserra tant bien que mal son étreinte sur elle «
Désolé de t’avoir fait vivre ça et de t’avoir inquiétée. » il se mordilla la lèvre, pris d’un sentiment de culpabilité sans nom. Il n’avait jamais voulu la laisser, elle ou même Tôru derrière lui. Non, il n’avait pas voulu les abandonner. Il avait juste merdé royalement. Les chocs émotionnels et la drogue ne l’ayant pas aidé à avoir les idées claires «
Je te promets que ça ne se reproduira plus jamais princesse, alors arrête de pleurer je t’en supplie. » lui souffla-t-il à l’oreille, sa voix trahissant toute l’émotion qu’il ressentait, alors qu’une larme ne tarda pas longtemps à couler aussi sur sa joue.
Au plus grand bonheur de sa mère et de ses fans, il n’allait pas avoir une seule séquelle au niveau de la capacité de ses mains. Il allait pouvoir continuer de peindre, mais avant ça, il allait être hospitalisé. L’affaire ayant commencé à s’ébruiter dans le milieu bourgeois tokyoïte, sa mère n’avait eu d’autre choix que cette option. Il allait avoir des vacances bien méritées, enfin si se faire chier comme un rat mort pouvait être considéré comme des vacances. Lors de ces six mois à l’hosto, il reçut à plusieurs reprises la visite de Yuki, qui le sortait de sa monotonie quotidienne.
Ce jour-là nous étions le 22 décembre, le jour de son anniversaire. Il attendait Yuki avec impatience pour fêter ça un minimum dans sa chambre d’hôpital, mais il reçut le meilleur cadeau du monde. Yuki se pointa un sourire malicieux accroché aux lèvres, chargées de sac, elle lui jeta un manteau à la gueule avant d’annoncer fièrement à un Ryu perdu «
Je te kidnappe officiellement monsieur Takahashi ! Maintenant que tu es majeur et que ma mère m’a donné plus ou moins l’autorisation, on peut se casser en toute légalité » Ryu ne percuta pas tout de suite «
Enfile ça ! On se tire loin de nos cinglés de mères. Je nous ai pris deux allers simples pour la Corée. Allons retrouver Tôru » le cœur de Ryu manqua un battement lorsque le nom de son frère fut évoqué «
T’es avec moi dans ce plan, cher partenaire ? » lui lança-t-elle d’un sourire joueur «
Évidemment » . Il attrapa ses affaires en vitesse grand V. Sortir fut facile, car Yuki avait dragué un jeune interne qu’elle avait poussé à nous aider en secret. Il n’y avait pas à dire elle avait tout prévue, comme toujours. Sur le chemin vers l’aéroport, Ryu demanda à Yuki de s’arrêter dans chez l’une de ses connaissances tatoueur. Il voulait couvrir les traces de sa tentative de suicide. Les masquer, de manière à ce que personne et surtout pas Tôru ne l’apprenne. C’était aussi un moyen de signer son nouveau départ. Il laissait tout derrière lui. Il abandonnait ses vieux démons pour commencer une nouvelle vie avec Yuki à ses cotes en Corée du Sud.
Arrivé là bas, ses pensées se dirigèrent directement vers son petit frère. Il savait qu'à cette heure-là, il sortait probablement des cours supplémentaires que leur père le forçait à suivre. En ni une ni deux, il chercha l’adresse sur le net avant de laisser Yuki à l’hôtel pour s’y rendre. Arrivé devant la porte de celle-ci, il sortit son portable pour appeler Tôru «
C’est moi, tu sors de ton école pourrie là ? » une fois la réponse affirmative reçue il annonça d'un ton doux «
Alors, viens chercher ton cadeau de Noël rapidement dehors. Ça caille en Corée putain, tu m'avais pas prévenu little bro. » en une fraction de seconde il vit apparaître la silhouette de Tôru. C'était avec un énorme sourire sur le visage qu'il ouvrit ses bras pour réceptionner son petit frère qui ne tarda pas à lui foncer dessus. Il lui avait tellement manqué.
Cela fait six ans à présent qu’il vit ici, au pays du matin calme. Il s’est bien intégré à la culture coréenne, bien que ce ne fut pas simple au début. À présent il parle parfaitement le coréen et bois du soju comme un vrai natif. Il s’est reconstruit grâce à Yuki et Tôru mais aussi à la bande de cinglés qu'il a rencontré pendant ses années universitaires chez les licornes. Un squad goal as fuck dont il est encore plus accroc que la drogue. C’est un nouveau Ryu qui est né. Un Ryu plein d'ambition qui a ouvert une galerie d'art avec son âme sœur, un lieu aussi barré et haut en couleurs que les deux artistes, un lieu qui se veut découvreur de talent et rassembleur d'artiste incompris. Mais malgré cette vie plus posée et un minimum ordonné, ses anciens démons lui collent encore à la peau et la menace du retour de sa mère plane toujours au-dessus de sa tête. Alors, il essaye de ne pas trop y penser, préférant profiter des deux êtres qui comptent le plus à ses yeux et de ses amis barges qui lui font tout oublier l'espace d'un instant. Après tout, ils sont sa priorité absolue.