The beginning à Rock's Café,
(vêtements)Les commandes des uns et celles des autres. Il finissait par connaître tout le monde à force Jun, capable de connaître les commandes à l'avance tellement les mêmes clients venaient et revenaient dans le café. Non loin de l'agacer, ils étaient simplement réglés comme une pendule tout comme il pouvait parfois l'être. Un quotidien pour lequel il avait finit par s’accommoder d'une triste façon. Et non par choix ou par envie mais bien par
obligation. C'était comme ça, simplement comme ça. Les factures à payer et l'université qui lui prenaient la moitié de son salaire, les fêtes du vendredi soir et celle du samedi en boîte, les cigarettes dont il ne pouvait plus se passer à présent et le reste … Les merdes, les saletés qu'on lui priait de ne plus consommer.
Mais c'était plus fort que lui.Il ne demandait jamais rien à personne au fond Jun. Il s'était toujours contenté de vivre de cette façon et la colère intérieure qui ne ressortait que le soir ; un
caprice exagéré et toute la douceur de son âme qui s'envolait, le silence qui disparaissait. Néanmoins, il savait où et quand perdre la tête, ne se risquait pas à le faire en plein service, pleine journée. Et si ça n'allait pas, il finissait toujours par attendre la fin – un principe. Parce qu'alors dans quelques rares cas il ne se pointait simplement pas et laissait Insu gérer à sa place comme un crevard.
Un gros égoïste qui ne pensait qu'à lui. Et il prétextait toujours les mêmes excuses sans se soucier du reste.
Des années que ça n'allait plus.Et des mois que tout semblait s'effondrer.
Un peu plus encore.« Bonjour, qu'est-ce qui vous ferait plaisir aujourd'hui ? » Une question qu'il répétait à longueur de journée et dont le faux sourire ne se dissipait jamais. Et puis les mêmes mouvements à répétition. Café simple, americano glacé ou chocolat chaud, froid, tiède parfois … Chaque machine, chaque taille de gobelets et les plateaux qu'il apportait sur la table A, J ou L. Une organisation même au sein d'un si petit espace, d'une même équipe et les mêmes soupirs quand les clients désagréables se pointaient devant lui. À la différence qu'une fois en tablier, il n'était plus « Jun Miles » mais bien « Jun, pour vous servir ! » et tous les noms débiles que pouvait afficher son étiquette. Alors parfois il se contenait Jun, ne disait rien et serrait des dents. D'autres fois encore où il se barrait dans une salle privée et venait crier, coller son poing sur le mur comme le sac devant lui à la boxe. Puis il revenait, l'air de rien accompagné de ce même sourire idiot.
Comme un chien.Et il avait déposé le plateau d'un client sur une table avant de tourner la tête vers le comptoir pour y retourner. Préparer la prochaine commande et aider son collègue à la caisse. Pourtant il était resté là, avait à nouveau tourné la tête en direction d'une table déjà plus lointaine. Le son pourtant bien en tête, bien certain de ce qu'il venait d'entendre quand la cliente au pays de Morphée s'était assoupi.
« Vous voulez de l'aide peut-être ? » avait-il lâché en regardant l'homme sans la moindre once de gentillesse dans le regard. Le téléphone qu'il lui avait arraché des mains et sursautant quand la femme se releva surprise. Jun qui restait muet. Elle pouvait bien croire ce qu'elle voulait, lui qui avait l'air d'être le plus coupable des deux quand il avait l'écran en main et la photographie devant les yeux. Alors il avait haussé les épaules d'un air impassible en supprimant discrètement ce qui n'aurait jamais dû exister ; violation de vie privée. Qu'importait qui elle était, il n'en savait rien. Un visage connu plus ou moins, et quand bien même. Et il s'était retourné après avoir rendu le bien de l'inconnu, saluant à quatre-vingt degrés comme la politesse le voulait avant de lancer un :
« Bonne dégustation. » Lui qui ne voulait pas se mêler de la vie d'autrui.
C'était raté.
Featuring : @zhang lin