L'Histoire avec ton crayon tu te mets à tracer des lignes, tu te surprends à dessiner quelques dessins grotesques. puis tu commences à raturer, inconsciemment, perdue dans tes pensées.
quand tu repenses au passé, tu penses d'abord à la souffrance. et tu te caches derrière ton sourire et tes jolies performances sportives. en réalité, ton petit coeur il souffre, il est torturé, il est meurtri.
et tu te rends bien compte que ça devient grave, parce que ça commence à t'affecter au point de non retour. tu fermes un instant les yeux. tu te dis que tu voudrais oublier, que tu voudrais tout envoyer valser en l'air, dire aux gens d'aller se faire mettre.
tu te surprends à penser comme une bête sauvage, à te penser capable de mordre et de griffer, à te laisser aller à la violence. tu as besoin de changement, de renouveau, de quelqu'un à tes côtés. tu n'en peux plus, tu veux hurler.
et quand la réalité te rattrapes, tu ouvres les yeux et tu poses tes pupilles sur ta main. elle tremble, elle est instable. et sur tes joues roulent déjà de petites perles salées.
c'est donc ça de vivre? tu n'en as plus l'envie.
et c'est peut-être ça le pire, c'est que tu te lasses de tout, tu perds goûts à tout ce que tu aimais avant, tu n'es plus motivée, tu te plais à t'isoler alors que tu détestais ça. tu changes et tu deviens médiocre.
tu commences à te rabaisser, à te sous-estimer, à penser que tous le monde te déteste. tu te mets à l'écart et tu deviens peu à peu un échec, une déception. t'es comme paralysée.
et ça te fais peur, ça te fais terriblement peur. tu deviens quelqu'un que tu n'aimes pas, tu t'enfonces dans la bêtise et tu as peur de ne plus être capable de t'en sortir, de sortir la tête de l'eau. tu as besoin de changement.
tu veux tomber amoureuse, tu veux vivre ton rêve, tu veux voyager, te sentir aimé, recevoir de l'estime, avoir de la confiance en toi ; tu veux être toi. être heureuse d'être toi. sans détour.



sur ta feuille tu écris des noms. ton enfance, même si tu baignais dans une vie de luxe, tu ne voudrais la souhaiter à personne. tu mènes une vie de contrainte, tu dois toujours bien faire, bien être. faire honte à ta mère? hors de question.
elle t'a toujours mise sur un putain de piédestal alors que tu détestes ça, elle prétends te faire passer avant tout mais elle n'est pas capable de voir que tu es malheureuse. par sa faute.
bah oui, c'est plus simple de tout lui mettre sur le dos. mais t'es pas capable de lui dire de se la fermer, de te laisser vivre. t'es pas capable de te rebeller. tu tiens bien de ton père, qui au final n'est pas si présent que ça pour toi. oui il répond à tes appels et oui, il n'oublie pas ton anniversaire parce qu'il y a ta mère pour le lui rappeler.
tu décides de barrer son prénom. il a choisi la fuite car lui aussi, il ne sait pas montrer comment on aime, il n'est pas vraiment un modèle pour toi. mais un père on en a qu'un, même si lui aussi il est lâche, il se cache derrière une facette. en permanence.
tu détestes le regarder, tu l'aimes mais tu as tellement choppé ses défauts que ça te répugnes presque. tu détestes être comme lui, jouer un rôle pour satisfaire les autres, devoir te renfermer et te faire passer pour ce que tu n'es pas pour ne pas décevoir.
ah décevoir, une véritable hantise.
il n'y a peut-être que ton frère qui t'écoute encore un peu, le seul qui te donne réellement de l'importance. mais tu t'en veux, à cause de ta naissance, on l'a délaissé. depuis que tu es là, il doit tellement souffrir.
et pourtant il ne te reproche rien, il prend la peine de penser à toi, de t'aimer et de te protéger. parce qu'en plus de ça, tu es faible. tu penses sincèrement que tu ne le mérite pas.
et tu te demandes encore comment tu veux te construire si ta propre famille est un vrai bordel. tu déchires ta feuille après avoir barré des mots.
tout semble si parfait, paramétré quand on vous voit de l'extérieur. mais tout est fade, lisse, insipide, vide.

des ratures. que des ratures.