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Song Jae Rin
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Sujet: La flamme dansante | ft. Elijah ♥     12.06.18 16:14




La flamme dansante
Elijah & Jae Rin




C'était en plein milieu de l'atelier de danse que l'alarme se déclencha. Stridente, elle pénétra la musique joyeuse qui faisait remuer les enfants au milieu de la petite salle, dominant soudainement l'ambiance d'une tonalité effrayante. J'étais aussi surprise qu'eux, prise de paralysie pendant quelques secondes, avant de reprendre contenance, et de les faire sortir du lieu confiné. Je leur demandais de se tenir les mains, de sortir calmement, et de suivre le couloir jusqu'au jardin. Je lisais dans leurs jeunes regards qu'ils n'étaient pas du tout rassurés, mais lorsqu'ils aperçurent la directrice de l'orphelinat à l'extérieur, leurs pas avaient accélérés vers elle. J'aidais à évacuer d'autres salles, courant de long en large de peur d'oublier quelqu'un. Je ne savais pas si c'était un exercice.. Ils nous auraient prévenu non ? L'inquiétude me gagnait, encouragée par cette brutale sonnerie qui résonnait à chaque enjambée que je faisais. Et elle redoubla lorsque je réalisais que j'avais laissé mes affaires de l'autre côté du bâtiment. Je changeais de direction, prenant un autre couloir qui menait vers la partie nord des lieux. Mes chaussures glissaient sur le carrelage lisse blanchi, et mon coeur battait la chamade. J'étais idiote. Je ne m'étais même pas aperçue de la fumée vers laquelle j'accourrais, la gueule haletante, comme si je n'attendais qu'elle. Ce n'était que lorsque je me mis à tousser, la gorge piquante, que je réalisais le trouble grisâtre qui m'entourait. Faire demi-tour ? Cela ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Pas avant d'avoir récupéré mon sac, que je serrais contre moi en le retrouvant, alors qu'il était posé dans une pièce réservée aux femmes. Mes mains s'agrippèrent au cuir avec force, avant de passer la sangle autour de moi, bien décidée à quitter désormais les lieux. Quant tout à coup, quelque chose stoppa mon avancée. Mon corps se figea, alors que je tendis l'oreille. Des pleurs. Les pleurs d'un enfant. Affolée, je regardai tout autour de moi, avant de m'élancer, tête baissée, vers l'appel silencieux dans le brouillard chaud. Je me mis à crier, à appeler, alors que le gris s'était violemment noirci au-dessus de ma tête. J'aurais dû fuir pour demander du secours, j'aurais dû chercher de l'aide.. Mais comment pouvais-je laisser un enfant, seul et terrifié ? Cela m'était totalement inconcevable. Sa voix résonna en sanglots et je le localisais dans une pièce ravagée par un feu ardent. Je reculais, avançais, attentive à tout, prise d'une panique naturelle et tout à fait humaine. J'étais totalement incertaine de ce que je faisais, de ce que je devais faire. Mentalement, je me disais que cela irait, qu'il fallait continuer, qu'on allait sortir de là, qu'il y avait juste encore un tout petit effort à faire ! Un gros effort. J'avais récupéré une nappe dans une pièce à côté, la portant autour de moi comme un manteau que je souhaitais aussi résistant que la cape de superman. Et j'entrai dans la fournaise.

J'empoignai fermement le tissu, mes ongles s'y enfonçant, mon corps voulant fuir très loin, de toutes ses forces, ce danger dont je réalisais enfin l'ampleur. J'y étais en plein coeur, et l'effroi m'avait saisi avec violence. Qu'est ce que je faisais ici ? Les flammes se reflétaient dans mes prunelles étirées, rougissant cette peau caramel échauffé. Flammes qui mordaient les meubles d'un appétit vorace. L'un d'eux s'effondra, mon instinct me fit bondir en avant pour éviter la coulée bouillante. Les pleurs redoublèrent et c'était là que je le vis, assis par terre près d'une fenêtre, les jambes repliées contre lui-même. Je lui criais que je serais bientôt là. Je tentais de garder mon calme dans une tonalité assurée, mais je sentais les tremblements envahir mes jambes, qui manquèrent de s'écrouler lorsque je m'étais accroupie devant lui. « Tout va bien, tout va bien je suis là ! Ça va aller, ne t'inquiète pas, on va sortir ! » le rassurai-je avec douceur, alors que je caressai sa joue de ma paume. Sans perdre de temps, je me délestai de la nappe, l'y enroulant à l'intérieur, avant de le porter fermement entre mes bras. Un craquement, puis un autre. Lorsque je me retournai en direction du bruit inconnu, une immense armoire en bois avala la lumière rouge et se renversa dans notre direction. On hurla, incapables de faire quoique ce soit contre un mobilier de cette taille. Je n'avais pas eu le réflexe de l'éviter, seulement de m'accroupir et de protéger le petit garçon contre moi en un ultime instinct de survie. Par chance, l'armoire percuta le mur à côté de nous, ainsi que la fenêtre qui l'arrêta dans sa chute. Armoire qui était en réalité une bibliothèque, dont les livres se déversèrent un à un sur ma silhouette courbée, crispée autour de la plus petite, apeurée. La fenêtre. Oui c'était ça, la fenêtre ! Mon regard s'était relevée vers elle, m'empressant de me remettre sur pied, afin de relever la vitre vers le haut. Mais le haut de l'armoire la bloquait, réduisant l'ouverture vers le jardin à une bonne vingtaine de centimètre de hauteur. « Allez, passe par-là, dépêche toi ! Tu peux le faire ! » l'encourageai-je, alors que je me mis à nouveau à tousser, la fumée rendant l'air de plus en plus désagréable. Irrespirable. L'enfant s’exécuta, et il passa de justesse de l'autre côté, ses yeux mouillés me fixant, désorienté. « Tu as été courageux.. C'est.. C'est bien.. ! Cours là-bas vers les autres, va vers l'entrée et reste loin des bâtiments, tu... (tousse) Tu as compris ? Allez, va-y ! » m'écriai-je à travers la petite ouverture, avant qu'il ne s'élance à toute jambe loin de ma vue, la peur au ventre le poussant dans ses derniers retranchements pour survivre. Et puis, le silence. Un silence écrasant. C'était à ce moment là que je me rendis compte que l'alarme s'était stoppée. Je n'entendais que le son des immenses lueurs, léchant et dévorant tout sur leur passage. Moi y compris, bientôt. J'appuyais mon dos contre le bas de la fenêtre, me laissant couler jusqu'au sol, désemparée. J'avais tenté de passer dans l'embrasure de celle-ci, mais mon corps d'adulte m'en avait empêché. Le chemin que j'avais difficilement emprunté n'était plus, envahi, avalé par l'incendie ravageur. Je serrais la nappe contre moi, en plaquant une partie contre une bouche qui s'étouffait dans une irascible quinte de toux. Elle écorchait ma gorge, remplissant les poumons d'un air nocif, empoisonné. Mes yeux me piquaient, roulant vivement de droite à gauche à la recherche d'un moyen de sortir. Je ne criai pas, je ne hurlai pas. J'étais murée dans un silence presque défensif, complètement secouée par la situation. J'étais comme.. résolue. Apeurée, désespérée, mais incapable de bouger pour sauver ma vie. Le rouge meurtrier se rapprochait et je craignais qu'il ne s'attaque au tissu, m'engloutissant avec lui dans une mort des plus affreuses. Je glissai la main dans mon sac, en sortant un porte monnaie coloré. Il s'ouvrit sur diverses cartes de fidélité, mais surtout sur une photo, protégée par un empiècement en plastique transparent. Mon regard s'adoucit à la vue du visage de l'homme à côté du mien. Dae Ho. Cela venait d'une série prise dans un photomaton, et mon sourire s'étira devant nos expressions grimaçantes face à l'objectif. On était affreux, ridicules. Les larmes coulèrent lentement sur mes joues, le feu échauffant les prunelles félines à l'éclat éteint, mais pas que. La tristesse d'un coeur en était aussi pour beaucoup, un coeur aux battements ralentis. Je ne voulais pas mourir comme ça... Les paupières papillonnèrent dans une fatigue engourdissante. Mon corps se relâchait, s'abandonnait. L'enfer allait bientôt me goûter, et je craignais la douleur de ses crocs qui n'allaient pas tarder à consumer les jambes recroquevillées contre moi. Faites que tout cesse, et n'en parlons plus. Mais une voix s'élança dans la noirceur, dans la flambée dansante, et mon esprit s'y accrocha, en un dernier fil fin tissé par l'espoir... 

 

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Ahn Elijah
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Sujet: Re: La flamme dansante | ft. Elijah ♥     19.06.18 2:24


La flamme dansante
Elijah & Jae Rin




Tout le monde fut surpris par l’alarme stridente qui retentit, saut moi peut être, habitué de l’entendre quotidiennement. Les visages se regardèrent tour à tour dans un silence irréel tel le calme avant la tempête avant qu’un souffle de panique se repende sur la foule d’enfants jouant au ballon à l’extérieur. Mon corps n’avait pas attendu ce signe pour se mettre en alerte. Déjà, je donnais un coup de fil d’urgence à ma caserne, décrivant brièvement les faits et le lieu où l’incendie se déroulait. Déformation professionnelle, il s’était déjà mis en action alors même que l’avertissement sonore ne soit donné. Mon premier réflexe avait été de me diriger vers les professeurs présents et de leur signifier de rassembler les enfants jouant dans la cour par petits groupes. Ils devaient reculer vers l’entrée se situant côté route, aussi loin des bâtiments que possibles. Et surtout, de ne pas jouer les héros en pénétrant dans le reste de la bâtisse. En revanche, je ne me privais pas pour désobéir à mes propres dérogatoires, ayant été formé pour ce genre de situation. Je fus surpris de voir des gamins sortirent de certaines parties du bâtiment se tenant par la main, avec un calme que j’avais rarement vu, bien que leur regard cachait une peur qu’ils étaient heureux de laisser éclater une fois à l’extérieur. Je laissais le corps enseignant prendre le relais alors que je me précipitais directement vers la source de fumée abondante. Sur mon passage, j’aidais des enfants à sortir, les guidant au travers de la fumée commençant à se faire pesante. Je leur montrais de mettre leur main devant leur nez et leur bouche, et de se courber afin d’éviter un maximum de respirer cette puanteur nauséabonde pouvant provoquer des dégâts sur leurs poumons. Alors que je rebroussais chemin pour grimper dans les étages, j’aperçus une silhouette qui s’engouffrait droit vers les ténèbres qu’offrait le dédalle de couloir emplie de cendres volantes. Je fronçais les sourcils, me demandant si elle était inconsciente ou si elle était véritablement désorientée à cause des vapeurs toxiques. Je jetais un coup d’œil aux alentours avant de trouver une espèce de foulard abandonné sur un appui de fenêtre que je m’enroulais autour du visage de façon à cacher mon nez et ma bouche, le nouant derrière ma tête.

Du coin de l’œil, je l’aperçus se jeter dans la fournaise. Je pestais sans aucune retenue, convaincue qu’elle avait décidée d’en finir avec la vie. Il était hors de question que quelqu’un meurt brulé sous mes yeux. Elle ressortirait de là vivante, qu’elle le veuille ou non. Au moins, elle avait eu la bonne idée de se protéger avant ses péripéties. Je me jetais à sa poursuite sans faire de même, sautant à mon tour dans les flammes dévorantes. Ce n’était pas la première fois que je me jetais tête baissée dans la gueule de loup sans protection, si mon supérieur me voyait la sanction serait immédiate. Plus d’une fois, il m’avait prévenu que ca ne devait pas se reproduire, et plus d’une fois j’avais désobéit. Il me menaçait de remettre ma place en question, mais à chaque fois je m’en fichais bien, trop impulsif pour réfléchir à ce genre de chose quand il fallait agir. J’étais du genre à faire passer l’action avant la réflexion. Je dansais avec le danger, narguant la grande faucheuse chaque fois que je me mettais volontairement en péril pour le bonne cause. La demoiselle me devançait, ayant pris une avance surprenante malgré la chaleur ambiante chatouillant notre épiderme. Me rapprochant, j’entendis alors ce qui avait agit tel un chant de sirènes sur le demoiselle : des pleures d’enfant. Je comprenais mieux, j’aurais fais pareil. Je la perdis au détour du porte. Passage que je ne pus emprunter pour la suivre, une armoire venant de s’effondrer bloquait l’embrassure. Le temps que cherche une autre entrée, elle était parvenu à faire passer l’enfant au travers d’une fenêtre a demie-ouverte. Je soupirais, remerciant intérieurement les cieux pour que son geste n’ait pas provoqué un appel d’air qui nous aurait balayés dans un brassier géant. Les flammes s’intensifiaient, ne laissant qu’une nappe de brouillard épais et nocif dans son sillage. Ma gorge commençait à me gratter, signe qu’il fallait se dépêcher si on ne voulait pas perdre conscience au milieu de ce barbecue. Le temps que je parvienne à me frayer un chemin parmi les décombres et la chaleur intenable, je la retrouvais accroupi sur le sol. Je m’agenouillais à sa hauteur alors que j’étais sur le point de la perdre. Je hurlais alors à son adresse, la secouant pas les épaules. « Mademoiselle ! Ce n’est pas le moment de dormir ! Faut bouger de là ! » Et sans attendre une quelconque réaction de sa part, je cherchais une solution autour de nous. Il ne fallait même pas penser rebrousser chemin par où nous étions arrivés. L’incendie avait gagné du territoire, nous privant d’une retraite méritée. Mon regard s’arrêtait alors sur la fenêtre entrouverte. Il n’était pas possible de l’ouvrir d’avantage, et vu qu’elle était déjà ouverte, aucun ne risque d’appel d’air. Seul problème : aucun n’objet lourd à portée de main qui ne brulent pas. Une idée, vite ! Il y avait peu de choix qui s’offrait nous, la bonne vieille méthode était de rigueur. J’arrachais un long morceau de la nappe, l’enroulant fermement autour de ma main et je serrais fort. Le premier coup de poing partit sans que je n’y pense réellement. Un deuxième, puis un troisième. Un acharnement dont la douleur était inhibé par l’adrénaline. La fenêtre céda enfin après plusieurs coups à pleine puissance. Il était étonnant ce que pouvait accomplir l’être humain quand il était poussé dans ses retranchements pour survivre.

. La fumée s’engouffra par la fenêtre, nous laissant peu de temps pour évacuer. L’alarme cessa, laissant place au sirène des camions de pompier et ambulances se rapprochant. « Personne ne mourra aujourd’hui. » déclarais-je comme animé par un nouvel espoir qui ne m’avait jamais quitté. Je baissais le visage vers ce corps inanimé qui avait grandement besoin d’air frais. Je dégageais les débris de verres au maximum avant d’attraper la danseuse au creux de mes bras et de l’extirper de ce merdier par l’ouverture d’urgence. Je traversais la cour en courant aussi vite que mes jambes me le permettaient encore, pour atteindre la première ambulance duquel descendait deux ambulanciers. Je déposais le corps de la jeune femme sur une civière, l’abandonnant à leurs bons soins. Je m’esquivais presque aussi vite, évitant la moindre réflexion sur ma main parsemée de bouts de verre et de perles de sang sur le dessus de ma peau. Je continuais ma course folle vers un camion de pompier qui m’était familier et où une combinaison m’attendait. Je l’enfilais aussi vite que possible pour rejoindre les autres dans le feu de l’action, mettant tout en œuvre pour que la situation redevienne à la normal. J’allais finir par me tuer de fatigue, ou me tuer tout court, j’en avais bien conscience. Pourtant, ca ne m’arrêtait pas.


 

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Sujet: Re: La flamme dansante | ft. Elijah ♥     08.07.18 19:01


La flamme dansante
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J'étouffais. Chaque gorgée que je prenais m'asphyxiait un peu plus, me contraignant à une quinte de toux mauvaise, qui irritait de plus en plus ma gorge aux plaintes inaudibles. Où était l'air ? Je rêvais d'une bonne bouffée d'air frais pour remplir des poumons enfumés. Bientôt noircis. Mes yeux me piquaient, les larmes coulaient, pour ça et pour d'autres raisons. Je n'avais jamais été aussi sensible que depuis que je l'avais perdu. Je ne m'étais jamais sentie aussi seule que depuis que je l'avais perdu. J'étais perdue, désemparée, et encore plus aujourd'hui, inapte à assurer ma propre protection, ma propre survie. Je n'arrivais plus à réfléchir. Mon corps était soumis à une chaleur suffocante, un environnement hostile et une finalité mortelle. Tout autour de moi était avalé par un démoniaque brasier qui m'impressionnait, autant qu'il m'effrayait. Je ne savais plus où regarder, où poser mes yeux quand tout devenait rouge sang, et crépitait sous l'attaque violente de l'incendie. Tout disparaissait sous l'appétit féroce, et bientôt, il me dévorerait à mon tour, et mes cris résonneront dans une tonalité aiguë atroce. La peur me paralysait. J'étais stupide de rester là sans pouvoir bouger, mais j'étais incapable de réagir maintenant que je me retrouvais seule. L'adrénaline m'avait poussé à me battre pour sauver l'enfant. J'en avais oublié la température presque irrespirable, et la crainte de me retrouver piégée à mon tour. J'avais ignoré tout cela, et désormais, tout me frappait de plein fouet. Et j'étais incapable de me sauver moi-même. Incapable de me raisonner, de me défaire d'une immobilité quasi défensive d'une femme impuissante. Seule la vue de la photo en noir et blanc de Dae Ho et moi avait réussie à adoucir un coeur, et détendre un corps, tout deux prêts à mourir et à le rejoindre. Pendant quelques secondes, j'étais tristement résolue car au moins, je le reverrais. Mais je ne voulais pas mourir, pas déjà alors que j'avais l'impression de ne pas avoir tout accompli dans ma vie. Et ne pas vouloir mourir alors que la mort était dangereusement penchée au dessus de vous, c'était peine perdue. Adossée contre le mur, je me laissais doucement aller, ma tête se penchant de plus en plus sur le côté, mes paupières papillonnant au ralenti contre la fumée qui obstruait la pièce... Quand tout à coup, une silhouette se détacha des flammes. J'avais dû fermer et réouvrir mes prunelles noircies pour m'assurer que ce n'était pas un mirage joué par le flambeau meurtrier. Oui, c'était bien un homme et la manière dont il me secoua par les épaules, me le confirma en une ardeur presque brutale. J'étais sonnée, presque sans force, malgré sa voix qui hurla à ma hauteur. Pourtant, ce n'est pas à elle que je m'accrochai. C'était à son regard sombre et affolé mais qui paraissait bien plus sûr que je ne l'étais. Son regard plein de vie qui me redonnait un espoir auquel je ne croyais plus. Le bas de son visage était recouvert d'un tissu, tout comme le mien, appartenant à un homme qui s'agitait avec virulence pour trouver un moyen de sortir. Je le voyais à ses pupilles brunes bien plus alertes que les miennes à ce moment précis. J'étais découragée de ne pouvoir lui apporter mon aide, ayant pour seule brève pensée qu'il parte tant qu'il en avait encore la force... Mais il ne semblait ne pas vouloir abandonner aussi vite. Il déchira un morceau de la nappe que je tenais et le noua autour de son poing. Mon coeur ralentissait, et sur un battement plus brusque, l'homme frappa la fenêtre. Une fois, deux fois, de toutes ses forces. Je tournai lentement la tête vers lui, le tissu découvrant ma bouche entrouverte en un murmure, puis en une voix plus puissante « ... Allez.. vous-en... Allez vous-en !! » m'écriai-je dans mes dernières forces qui finirent par m'emporter. Mon regard s'accrocha une dernière seconde au sien, avant qu'il ne brandisse à nouveau son poing en arrière. Il me sembla entendre ce dernier coup et la résonance de la fenêtre en bois qui céda. Il me sembla sentir l'air venant de l'extérieur, il me sembla seulement. Mes yeux roulèrent, et ma tête dans un même mouvement vers l'épaule. Tenant fermement le porte monnaie et le cliché dans la main gauche, celle-ci glissa de ma cuisse jusqu'au sol, relâchant le précieux souvenir tant aimé. Noir.

Une lumière éblouissante, un plafond blanc et des rideaux verts amande. Où étais-je ? Les paupières paresseuses s'élevèrent et après quelques longues secondes de désordre mental, je réalisais que j'étais dans un hôpital. Plongée dans une brume qui voilait mes souvenirs instantanés, je mis un moment à reprendre réellement conscience. Allongée dans un lit aux draps d'un blanc éclatant qui contrastaient avec la suie qui couvrait mes vêtements, j'avais fini par lentement me redresser. Et en une douleur vive à la tête, tout m'était revenu. L'orphelinat, l'alarme, l'incendie, le petit garçon piégé, les flammes qui m'entouraient, l'homme qui m'avait rejoint et que j'avais supplié de fuir... Que s'était-il passé ensuite ? Si j'étais ici, alors c'était que quelqu'un m'avait sorti. Est ce que lui aussi allait bien ? Et les enfants ? Pleins de questions assaillirent ma tête malmenée, alors que je retirais les tuyaux qui m'aidaient à respirer. D'un geste vif, j'en fis de même avec l'aiguille plantée dans mon bras, et pris sur moi pour ne pas tressaillir face à ce que je venais de faire. J'avais appelé une infirmière mais personne ne semblait m'avoir entendu, et la patience n'avait jamais été mon fort. Mais c'était en me mettant debout que je réalisais que des petits points noirs s'agitaient devant mes iris gonflés, mais j'avais choisi de les ignorer. Tirant doucement sur le rideau, je pénétrai en plein milieu du service des urgences, aux nombres de patients presque alarmants. Mais je n'y voyais aucun enfant, cela devait-il me rassurer ? D'une démarche un tantinet instable, je me dirigeais vers l'accueil où derrière son bureau, une secrétaire s'affairait à la paperasse grandissante, dans une effervescence que je pouvais sentir me percuter de plein fouet. M'y accoudant, la main contre mon crâne, j'espérais qu'elle pourrait me donner toutes les informations qui manquaient à ma mémoire défaillante. « Ex-Excusez-moi... Hmm... J'étais dans l'incendie de l'orphelinat. Est-ce-que.. tout le monde.. Tout le monde va bien ? Aucun enfant n'a été blessé.. n'est-ce pas ? » demandai-je d'une voix inquiète qui attira l'attention de la jeune femme. « Non aucun enfant n'a été blessé gravement, ce n'était que des égratignures ou des blessures légères, ne vous inquiétez pas. » Le soulagement m'avait envahi, soufflant un bon coup. Dieu soit loué... J'étais tellement heureuse à ce moment précis, que les larmes commençaient déjà à monter. Mais je me repris en me penchant un peu plus en avant. « Est-ce que vous pouvez me dire si.. un homme a été hospitalisé avec moi ? Il a dû être emmené ici... au même moment car on était... ensemble dans l'incendie. » enchaînai-je rapidement. Si il était dans le coin, je devais m'assurer de son état. Il fallait que je sache. La secrétaire sembla surprise, puis pianota sur son ordinateur. Les petits points noirs s'éternisaient devant mes prunelles félines aux traits fatigués. « Non, je ne vois rien sur les registres... Mademoiselle, vous devriez retourner vous allonger. » « ... S'il vous plaît, il était blessé.. ! Vérifiez à nouveau... » continuai-je en ignorant son conseil et les signes d'un corps exténué. Je ne savais même pas depuis combien de temps j'étais là, sans doute depuis quelques heures, mais je n'avais même pas pris le temps de regarder ma montre. Je levai lentement le menton en l'air pour essayer de distinguer l'horloge au dessus du comptoir quand un homme en uniforme arriva à côté de moi, pour héler à son tour la secrétaire. La main toujours contre mon crâne échauffé, je détaillais la silhouette armée contre le feu, remontant vers un visage débarrassé d'un casque, certainement très lourd à porter. Nos regards se croisèrent, et je me mis à le fixer, inconsciemment, sans même m'en rendre compte. Il en fit aussi de même, et la situation en devenait presque étrange. Ses yeux étirés en amande épousèrent ceux d'un souvenir récent... Tout à coup, je relevais lentement la main vers lui puis, sans le toucher, m'en servis pour cacher le bas de son visage à la mâchoire dessinée. Et le souvenir prit sa place dans le présent. « C'est vous.. C'est vous l'homme qui était avec moi.. dans l'incendie ? » l'interrogeai-je en entrouvrant mes lèvres assoiffées. Il était pompier alors... Pas étonnant qu'il avait pu garder ce calme que je lui enviais encore. Et puis la façon dont il avait fracassé la fenêtre... Je retirais la main qui flottait devant lui, mon attention se reportant instantanément vers la sienne, au gant retiré. Une goutte tomba. « Vous êtes blessé.. ? Vous êtes blessé ! » C'était bien ce que je pensais. Comment aurait-il pu briser cette fenêtre sans avoir une seule blessure ? Était-il allé faire son travail dans cet état ? Je ne savais pas l'ampleur des dégâts, mais la simple vue du sang avait suffi à réveiller une inquiétude agitée. Je me tournais vivement vers la secrétaire. « Soignez-le, que quelqu'un le soigne, il est blessé ! » m'écriai-je sur elle. « Tous nos médecins sont en ce moment en consultation, je ne peux- » « Si tout ces gens sont ici et encore en état pour que vous puissiez vous occuper d'eux, c'est bien grâce à des hommes comme ça ! Alors, j'exige que quelqu'un le soigne, et maintenant ! » hurlai-je, avant de frapper du poing le meuble avec force. Une force soudaine, nourrie par l'angoisse, l'inquiétude et une situation traumatisante que je n'avais encore jamais vécue. Du moins... pas de ce genre-là. Le geste brut réveilla une douleur à mon avant bras, et c'était à ce moment là que je remarquais les quelques bandages dont j'étais affublée. Puis, par chance, un médecin qui nous avait entendu s'approcha, nous proposant gentiment de regarder sa main. A nouveau, le soulagement m'étreignit et me tournant vers les deux hommes, je leur offris un sourire éreinté, mais plein de chaleur alors que toute anxiété me quittait. « Merci... » Et mon corps me rappela à l'ordre. Mes jambes cédèrent sans que je ne puisse les retenir, et mes genoux percutèrent abruptement le sol carrelé. Heureusement, j'avais maladroitement tendu les mains pour mieux me rattraper, m'évitant de tomber davantage. La chevelure aux reflets roux glissa de chaque côté de mes épaules, alors que je tentais de calmer la sensation de vertige qui me prenait. « Ce n'est rien.. Ce n'est qu'un contre-coup. Mes jambes ne m'avaient encore jamais abandonné ainsi... » fis-je, avant d'inspirer et d'expirer lentement pour reprendre un contrôle vacillant...   

 

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Sujet: Re: La flamme dansante | ft. Elijah ♥     15.08.18 3:37


La flamme dansante
Elijah & Jae Rin




J’avais finis par enfiler une combinaison après plusieurs allers-retours dans les flammes pour vérifier qu’aucun enfant n’était resté prisonnier d’elles. Mon supérieur m’avait surpris dans ma précipitation, les joues noirs de cendres et les vêtements bons à jeter. Il m’avait menacé d’une mise à pied si je ne retournais pas immédiatement mettre une protection contre le feu et la fumée ambiante qui me rongeait peu à peu les poumons en plus de la nicotine quotidienne. Contraint d’obéir aux ordres, je ne perdis pas de temps dans des bavardages inutiles et j’enfilais ma combinaison. L’intervention se termina dans le plus grand des calmes. Chaque enfant avait été examiné. Certains demandaient quelques soins, mais rien de grave. Cela na dura pas plus que quelques heures. Une routine dans laquelle j’avais trouvé ma place. L’ambulance contenant la jeune femme danseuse était partie depuis longtemps vers l’hôpital. D’après un ambulancier, elle était le cas le plus grave du jour, et sa vie n’était pas mise en péril. Elle avait pris beaucoup de risques pour sauver ces enfants. Et rien que pour cela, je la respectais énormément. Je grimpais dans la dernière ambulance sans même prendre la peine de retirer ce qui me protégeait encore du feu. Je prenais la direction de la clinique avec quelques enfants qui semblaient être rassuré d’avoir un pompier à leur côté. Ma prochaine mission était basique, mais pas des moindres : rendre visite et prendre des nouvelles de l’héroïne du jour.

Une fois aux urgences, je laissais les enfants aux bons soins des aides-soignants, les rassurant que je n’étais jamais loin si ils étaient à nouveau pris dans les flammes. Je me dirigeais vers ce qui semblait être l’accueil pour obtenir le numéro de chambre de la belle sauveuse. Je hélais la secrétaire qui semblait dépasser par le comportement paniqué d’un des patients. Alors que je m’apprêtais à lui donner un coup de main espérant gérer l’importuniste, je m’arrêtais dans mon geste, croisant le regard inquiet de celle-ci. Elle me dévisagea, et je pense que je dus faire pareil. Son état n’avait pas vraiment l’air d’être le meilleur dans lequel je l’avais vu. Cette jeune femme, sans la suie sur son visage, et vêtue d’une bien légère robe de chambre blanche, s’avérait être la créature céleste venant en aide aux enfants. Sans un mot je la fixais, ne sachant vraiment quoi dire au point que la situation en devenait étrange. On se jaugeait comme si on découvrait une nouvelle personne face à nous. Je l’observais silencieusement alors qu’elle étirait son bras vers moi, étudiant son geste avec quiétude. Le visage légèrement penché sur le côté, je la laissais faire jusqu’à ce que les premiers mots à mon égard franchir la barrière de ses lèvres. Un sourire étirait doucement le coin de ma bouche qu’elle cachait du bout de ses doigts à sa vue, hochant de la tête. « En effet. » Je restais calme, quelque peu sur la défensive, prêt à agir si elle se ruait telle une panthère blessée sur sa proie. J’écarquillais les yeux, surpris par sa réaction. Mes paupières se plissèrent, des rides se creusant sur mon visage. « Blessé ? De quoi est-ce que … » Un instant, je pensais que la fièvre la possédait, mais vu l’ampleur avec laquelle elle s’agitait, les faits devaient être réels. Étais-je blessé ? je fronçais les sourcils, baisant la tête pour observer la tenue que je portais. Rien au torse. Rien aux jambes. Au sol, quelques goutes de sang attirèrent mon attention, je les fixais avant d’en deviner la provenance. Les souvenirs me revinrent soudainement. Ma main droite avait subit quelque dommage quand le temps de briser la fenêtre était intervenu. Je levais ma main pour l’examiner de plus près, fermant et ouvrant doucement mes doigts. Mes articulations me tiraient, et le sang séché m’empêcher de déterminer les dégâts apportés. Les voix qui s’élevaient non loin me tiraient de mes songes, la réalité me revenant à l’esprit. Cette jeune femme me connaissait à peine et me faisait pourtant des éloges que je ne méritais pas. Elle me fit meme presque sursauter alors qu’elle frappait ce meuble du peu de force qui la maintenait debout. Un docteur passait par là, proposant son aide pour calmer la danseuse. Par reflexe, je me précipitais en avant pour la rattraper. Un brin trop tard, car ses jambes avait déjà touché le sol. Je m’approchais d’elle, et sans lui donner la moindre explication et encore moins lui demander son avis, je m’accroupis à ses côtés. « Votre inquiétudes à mon égard me touche, vraiment. Je vous remercie de vous souciez de ma main, mais ceci est mon boulot, et ce sont les risques du boulot. En revanche, vous êtes une civile. Votre boulot à vous, c’est de vous reposer. Allez hop. » Et sur ses mots, je glissais ma main blessé sous le creux de ses jambes tachant de rouge sa blouse immaculée. Ma deuxième main vint se loger au niveau de ses épaules, et d’un coup, je soulevais son corps fébrile. « Il faut vous ménager, comment aller vous danser si vos jambes n’arrivent plus à vous porter. Ce sont vos outils de travail, vous devriez en prendre plus soin. » Telle une princesse, je la ramenais jusqu’à sa chambre, passant de couloir en couloir sous des yeux curieux de patients, suivi du médecin. Je la tenais fermement contre moi, empêchant toute gesticulation de sa part, et même si elle aurait voulu s’échapper, son corps était encore bien trop faible pour cela. Je la redéposais qu’une fois sur le lit de la chambre qu’elle occupait avant sa balade prématurée. « Le médecin va d’abord vous examinez. Vu votre agitation, il se pourrait que vous aillez aggraver votre cas. » Mon ton était dure et peut-être un peu trop froid, comme quand un pere de famille parle à ses enfants. On avait pas envie de discuter, car on craignait ce qui pouvait en ressortir si cette bienveillance cachée se transformait en colère punitive. Je lui lançais un regard qui n’acceptait aucune dérogation de sa part. « J’accepte de me faire examiner une fois seulement que je serais certain que vous allez bien… » Le ton de ma voix se fit plus douce, plus engageante alors que la mal était passé.


 

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Sujet: Re: La flamme dansante | ft. Elijah ♥     02.09.18 16:48


La flamme dansante
Elijah & Jae Rin




J'étais exténuée. C'était comme si j'avais dansé pendant toute une journée sans la moindre pause. Je ne comprenais pas la faiblesse soudaine d'un corps qui avait pourtant la réputation d'être solide, et compétitif. Mon esprit luttait à le faire avancer, il le stimulait par la seule force des pensées qui me traversaient, notamment celle de soigner cet homme. Cet homme qui m'avait sauvé, et sans doute d'autres personnes au cours de cet incendie. Résiste encore un peu, jusqu'à ce que j'atteigne mon but. Il me regardait, méfiant, il devait me prendre pour une folle, ou alors c'était une situation plutôt banale pour lui. Quel était donc le nombre de personnes qui avait un contrecoup après un tel accident ? On encaissait tous un événement violent différemment, et moi... Je stressais. Je stressais en sentant des tremblements parcourir mes jambes, la chaleur engourdir mon avant bras, les vertiges faiblir tous mes sens, et ce mal de crâne qui commençait doucement à s'intensifier... Je détestais être comme ça, et si j'avais pu me glisser dans un trou de souris pour que personne ne me voit dans cet état, je l'aurais déjà fait. Mais c'était déjà trop tard. Les enfants allaient bien, il allait être soigné, je n'avais plus de but qui me tenait debout. Mes jambes cédèrent. Les mains couvertes de suie appuyées sur le carrelage blanchâtre, la tête basse, la gêne me prit lorsque le pompier s'était accroupi à ma hauteur. La bouche ouverte, je peinais à respirer régulièrement et cette sensation était vraiment désagréable. Je m'accrochais à sa voix, douce et assurée, ne m'étant absolument pas attendue à ce qu'il me soulève entre ses bras. J'émis un léger « Omo, Omo ! ~ », avant de m'accrocher faiblement autour de son cou, sans émettre aucun autre mot. Je n'osais bouger. Ma respiration devenait de plus en plus difficile, et cela s'entendait à mes lèvres écartées en quête d'air pur. Ma gorge me grattait, et lorsqu'il me déposa sur mon lit, je fus prise d'une mauvaise quinte de toux. A chaque inspiration que je prenais, mon air se réduisait. La panique me domina quelques secondes, mon regard s'étirant en une expression désespérée, avant que le médecin ne vienne à côté de moi. Il m'enfila un masque transparent, et je plaquais aussitôt mes mains sur celui-ci, les poumons se nourrissant à nouveau d'oxygène. Après un court temps, ma respiration retrouva un rythme normal. « Vous avez inhalé beaucoup de fumée, mademoiselle Song. C'est pour cela que vous devez garder ce masque quelques heures pour soulager un peu vos poumons. » m'affirma l'homme en blouse blanche, penché au dessus de mon lit. «  Le médecin va d’abord vous examiner. Vu votre agitation, il se pourrait que vous aillez aggraver votre cas. » me lança le pompier, vers qui je tournais vivement le visage, mon regard agacé le transperçant. A vue de nez, je ne semblais pas beaucoup blessée, et ce masque me faisait énormément de bien. Mon corps était affaibli après cette épreuve, et puis, je n'avais pas non plus dormi assez d'heures la nuit dernière pour être au meilleure de ma forme, je devais le reconnaître. Tout cela jouait sur un état de faiblesse que je déplorais. Alors, je ne pensais pas avoir aggravée mon cas en étant juste allée me renseigner auprès de l'accueil. Butée, je fis une moue que l'on ne pouvait apercevoir sous le masque qui m'aidait à respirer. « J’accepte de me faire examiner une fois seulement que je serais certain que vous allez bien… » La moue s'intensifia, et mes yeux fauves se plissèrent, avant de retirer le matériel transparent. « Docteur, à votre avis, qui de nous deux aurait besoin d'être examiné en premier ? Celui qui est déjà allongé dans son lit, ses blessures bandées et à nouveau sous contrôle ou... Celui qui est encore debout, et qui refait la déco de tout votre carrelage depuis l'accueil ? » demandai-je d'une voix assurée, jetant un coup d'oeil aux gouttes de sang qui perlaient du couloir jusqu'à la chambre. Le médecin observa les machines autour de moi, alors qu'il avait remis plusieurs capteurs sur ma peau. « Elle a raison. Elle est à nouveau stable, bien que vous devrez rester sous surveillance jusqu'à demain. Jeune homme, veuillez vous asseoir sur le lit voisin. Je pense qu'il va falloir faire quelques points de suture, je reviens. » fît-il avant de partir chercher ce dont il avait besoin, nous laissant tous les deux dans la chambre. Mes prunelles fatiguées mais à l'expression vive, croisèrent celles du brun, mes sourcils se rehaussant d'un air joyeusement satisfait. « Vous aussi, c'est votre outil de travail, alors ne négligez pas votre corps. Il faut aussi savoir se reposer pour devenir meilleur. » lui assurai-je d'un sourire doux, avant de me redresser pour mieux m'allonger sur le lit. Celui-ci grinça sous mes mouvements, ce qui m'énerva et me fît rire en même temps. Quant tout à coup, en une vive impulsion, je me relevais. Ma tête me rappela à l'ordre en une douleur vive, la main se posant sur mon front, les paupières se fermant un instant puis se réouvrant. Mes doigts parcouraient les poches de mon jean, sans rien y trouver. Soudainement agitée, je papillonnai à droite puis à gauche, ouvrant le tiroir de la petite table de chevet entreposée à côté du lit. Rien. Rien dessus, rien dedans. Je ravalais ma salive, le regard dans le vide, me rémémorant les derniers souvenirs que j'avais, avant le grand noir. Je le tenais, contre moi ce petit porte monnaie. La photo de nous deux, précieuse, unique. Ma mâchoire se crispa, les pierres brunes roulant dans tous les sens, démontrant un nouveau stress l'envahir. « Je n'ai pas pu le laisser là-bas, ce n'est pas possible... » tentais-je de me convaincre à voix haute, avant de me retourner brusquement vers le soldat du feu. « Excusez-moi mais.. hmm.. Est-ce que vous auriez vu un petit porte monnaie en cuir marron ? Je l'avais avec moi.. là-bas et... je ne le trouve plus... » lui demandai-je, la voix trahissant une inquiétude palpable, les pierres posées sur lui luisant sous l'eau salée qui les envahissaient peu à peu.

 

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