Aujourd’hui, un jour où le temps est agréable avec un ciel légèrement couvert, un vent soufflant délicatement afin de nous apporter un peu de fraîcheur et une chaleur pouvant nous permettre de ne pas porter de grosse veste. Ce temps est digne d’un jour parfait pour aller dans un par cet cela tombait bien, tu allais rejoindre ton frère, enfin frère, un ami proche dont vous avez découvert que vous aviez véritablement un lien de famille, des cousins. Il faut dire qu’avec le nom Ahn, on pouvait faire allusion bien que beaucoup portent ce nom et ne font absolument pas parti de la même famille. Et puis, c’est marrant que les gens ont longtemps penser que vous étiez vraiment frères et sœurs.

Cela t’amusait ainsi Elijah, mais sa chère sœur de sa famille adoptive est une autre histoire, celle-ci ne pouvant pas te voir et toi n’étant pas dupe de son jeu, tu savais qu’elle était celle qui menait des coups durs à Elijah et faisait de ton mieux pour le protéger. Après tout, cela est ton rôle vu que vous faites partis de la même famille, le droit vient à l’ADN d’origine.

Attendant patiemment devant les grandes portes du nouveau parc d’attraction, vêtue d’une tenue confortable et sans être une gêne pour votre journée, tu sautillais presque sur place d’impatience.

Je culpabilisais presque d’avoir inventé une énième excuse bidon à ma sœur adoptive pour justifier mon absence lors d’un de mes jours de repos. Elle ne supportait guère que je puisse fréquenter d’autres femmes en dehors d’elle, surtout quand je considérais celle-ci comme étant également ma sœur. Mes sorties se faisaient de plus en plus fréquentes comme si ma présence dans mon propre loft m’étouffait. Ne pouvant refuser la demande de Lena d’aller une journée au parc d’attraction, faiblesse que j’étais face à ses cils papillonnant, j’étais en route pour la retrouver sur les lieux. Encore une fois, si ma sœur apprenait que j’allais à un tel endroit sans elle, c’était la crise assurée.

Déambulant dans le dédalle des rues de Busan, j’allumais une cigarette, profitant du bienfait désastreux de la nicotine dans mes poumons. Accroc au feu jusqu’au moindre petit détail de la vie quotidienne. Au fond, cela devait faire un siècle que je n’avais plus pris le temps de passer une journée dans un tel lieu d’amusement. Une pensée allait à mon petit frère défunt qui aurait sans doute adoré participer à cette journée telle une petite famille. Une autre allait vers ses enfants dont j’étais le parrain à l’orphelinat. Je gardais dans un coin de ma tête de leur organiser cette petite sortie. Le sourire éliminant leur visage en valait le détour. Un coup d’œil à ma montre pour m’apercevoir que j’étais quelque peu en retard, j’accélérais le pas.

Au coin de la rue, je fis un signe à ma cousine qui entrait dans mon champ de vision. Je tirais une dernière latte avant d’écraser ma clope dans un récipient à cet effet et de m’approcher d’elle. « Désolé je suis un peu en retard ! Tu ne m’as pas attendu depuis trop longtemps j’espère ? » Familier, me fichant bien des coutumes traditionnelles de mes origines, je déposais un baiser sur sa joue en guise de bonjour. Je n’avais jamais compris pourquoi garder autant de pudeur même entre deux personnes d’une même famille. Mon bras se déposa par-dessus ses épaules, l’attirant vers l’entrée. « Prête ? » Apres avoir payé nos tickets, le parc n’attendait que nous.

Depuis ce fameux jour, ma sœur avait toujours eu cette tendance à me garder trop près d’elle, au point que parfois, cela pouvait amener à certaines confusions. Je ne lui en portais pas rigueur, car au fond, le coupable, c’était moi. Je lui passais ses moindres caprices, même si parfois cela empiétait sur ma propre vie. Il m’arrivait de faire des exceptions comme avec Lena. Des moments volés ; des moments suspendus dans le temps. Un bonheur éphémère qui me remplissait de joie. Un sourire se plaquait sur mes lèvres alors qu’elle me confirmait que je n’étais pas en retard. « Tu me rassures. » Bien que je n’appréciais guère le fait d’avoir pu la faire patienter inutilement. Auprès des guichets, je ne peux m’empêcher de lui payer son billet d’entrée, c’était la moindre des choses. A peine entrée, elle lançait déjà le bal. « Par quoi veux-tu commencer ? On y va crescendo ou justement on commence directe par du costaud tant qu’on a rien dans le ventre ? » Déclarais-je trépignant d’excitation. J’étais tel un gamin face à son cadeau de Noël. Cela faisait si longtemps que je n’étais plus monté sur une montagne russe que je m’impatientais, des souvenirs lointains me rappelant une vague sensation d’adrénaline envahir mes veines. Je fis un tour sur moi-même avant de pointer du doigt une attraction haute de plusieurs mettre avec une grande pirouette. « Et si on commençait par celle-ci ? »

Voyant l’attraction qu’Elijah te montrait, tu ne pouvais t’empêcher de déglutir. Retournant ton attention sur ton cousin, tu répondis : « Je te propose qu’on aille avec le ventre vide sinon tu peux être sûr que je vais recracher ce que j’ai mangé ».  Ce n’était pas le fait de détester les manèges, bien au contraire, les parcs d’attractions t’ont toujours mis dans la bonne humeur. Il était plutôt question d’affronter la peur, les sensations fortes te poussant dans des états pas possibles et mon dieu l’impression de tomber dans le vide te fit frissonner d’avance.

Tu ne savais pas vraiment lequel de vous deux était le plus excité, Elijah tournant sur lui-même ou toi sautillant sur place tel un lapin. Prenant ta respiration, levant le poing en l’air avec détermination, tu t’exclames : « Soyons dingues et allons libérer nos cris ! », tirant Elijah vers la file d’attente, deux vrais gosses quand on vous voyait arriver de loin.

Un instant, je crus qu’elle me refuserait cette première attraction trop forte pour nos estomacs. J’admettais que son argumentation tenait la route. La digestion faisait rarement bon ménage avec les manèges à fortes sensations que ce parc offrait. Je n’avais aucune idée de ce que le sien contenait, mais le mien était vide. Je n’avais eu le temps d’avaler quelque chose, trop obnubilé par ma petite sœur vagabondant dans l’appartement à la recherche de toute mon attention. J’avais envie de ressentir cette adrénaline qui montait dans nos corps alors que nous étions proches d’un danger. Cette sensation qui nous faisait nous sentir vivant. J’y étais accroc, presque telle une drogue. Sans doute était-ce une des raisons pour lesquelles j’étais devenu pompier à plein temps. Je jubilais, excité par cette occasion qu’elle me permettait de prendre. Un large sourire étirait mes lèvres alors que son poing s’élevait dans les airs en signe de force et qu’elle donnait son accord. Je l’attrapais par ce dernier pour la tirer vers la file d’attende. Elle était pourtant plus rapide que moi, car c’était à présent moi qui était à la traine derrière elle pour la suivre jusqu’à la file. Il était encore tôt, et les gens n’affluaient pas encore nous laissant l’accès libre aux divers jeux. De ce fait, nous parvenons jusqu’aux wagons assez rapidement. « T’es prête ? » déclarais-je alors que les barrières d’accès s’ouvraient devant nous, indiquant que c’était notre tour. Je la poussais vers l’avant, ne lui laissant guère le choix sur nos places assissent. J’attendis qu’elle s’installe à l’intérieur du wagonnet avant de prendre place à mon tour. « Au première loge pour observer notre propre chute. » lançais-je joyeusement levant les bras alors que la sécurité se serrait contre mon torse. Quand le feu passait au vert, marquant notre départ, des cliquetis mécaniques familiers se firent entendre, et notre ascension débuta.