Dance mode on

Shi Yoon & Jae Rin

Elle exhalait une force à toute épreuve, ayant déjà oublié la raison pour laquelle je lui avais imposé une proximité avant de lui rendre sa liberté. Non sans gêne, je regagnais avec peine cette fausse assurance qui donnait le change d’ordinaire, mais qui semblait être un bien maigre rempart face à l’énergie et la détermination qui la guidait à dominer l’épais tapis souple. Elle échappait une vérité qui lui appartenait, et qui eut pour effet d’étirer mes traits en une grimace que je ne pus retenir. « Ce n’est pas parce que tu as connu pire qu’il faut que je sois d’accord avec ce qui vient de se passer… » Fier combattant, je ne reculais jamais devant un combat, et peu importait l’enjeu temps qu’il s’agissait d’une cause qui me tenait à cœur. Mais celui-ci prit fin au profit d’un autre jeu, d’une démonstration à laquelle elle voulait assister et à laquelle je répondais par l’humour. « Sur le ring… il n’y a que des ennemis ! » affirmai-je. Elle tira sur les cordes pour m’aider à y passer mes larges épaules et fouler à mon tour cette plateforme que je côtoyais quotidiennement, et je réfléchissais. Je ne connaissais que les coups douloureux que j’infligeais à mes adversaires dans le but de gagner, aussi j’optais pour une feinte. Un geste précis et rapide qui avait le don de déstabiliser mon opposant, un geste qui l’obligea à regarder dans la direction opposée de l’endroit où je glissais. J’avais l’habitude, je savais adapter cette technique à chaque combat, à chaque adversaire et à chaque tapis. J’en observais les aspérités pour mieux m’en servir et trouver la parade qui me donnerait la victoire facilement, et si c’était pour moi un geste presque anodin, je fus surpris de voir son regard ébahi. « Alors il faut croire que je la maîtrise. » répondis-je toujours gêné. Le MMA n’était pas, pour moi, une méthode par laquelle briller, c’était simplement un sport, un métier et une passion plutôt qu’un simple atout de séduction. Aussi lui demandai-je de nous mettre à égalité. Elle m’avait réclamé un bout de cette parcelle qui faisait de moi ce que j’étais. « Impressionnes-moi ! » Je ne doutais pas une seule seconde que je resterais bouche bée devant son jeu de jambe, et même si je restais interdit face à son explication, la mise en pratique lui conférait une toute autre dimension. J’hochais la tête, incapable de comprendre ce que cela impliquait, mais réceptif à cette façon de compter les points. Comme dans un combat. pensais-je. Et je fus impressionné. Par sa façon de balancer ses hanches, par sa grâce et la souplesse dont elle faisait preuve. Je restais à mon tour ébahi devant la facilité avec laquelle elle évoluait jusqu’à son avertissement. Une fraction de seconde qui m’obligea à fléchir les genoux pour me baisser et éviter sa jambe lancée avec force et précision avant de retrouver le tapis à mon côté. « Je dois l’avouer… c’est assez spectaculaire ! » Loin de m’imaginer la suite, elle se releva et je l’imitais pour qu’elle entreprenne la seconde partie de son show. « Je ne suis pas sûr d’être à la hauteur… » lâchais-je, encore gêné. La rattraper… ? Quoi ? Je n’eus pas le temps de réfléchir davantage qu’elle emprisonnait mes hanches de ses longues jambes musclées et que je rattrapais par réflexe. L’étreinte que je lui avais infligée un peu plus tôt n’était plus qu’un souvenir alors que celle-ci était d’un tout autre niveau. Je sentais la chaleur de sa peau sur mes paumes qui la maintenait, je sentais son souffle rebondir sur mon cou alors que son buste rencontrait le mien à chaque inspiration. Je ne pouvais pas le nier, j’étais déstabilisé par ce qu’elle voulait me faire découvrir et pourtant, je restais presque immobile avant qu’elle ne m’annonce la suite de sa pirouette dans un murmure. Instinctivement, je lui offrais un meilleur appui en glissant mes avants bras sous sa croupe pour qu’elle ne détache ses bras de ma nuque et ne se laisse tomber en arrière. Elle appelait à sa force autant qu’à la mienne et je m’efforçais de rester concentrer, mais la vue qu’elle m’offrait était d’une sensualité alarmante. De ses longues mèches ébène qui chutèrent sur le tapis, de ses doigts qui l’effleurèrent, de ses jambes qui évoluaient sans même avoir besoin d’appui, je contractais mes bras pour soutenir ses hanches non sans couler un regard sur cette silhouette gracile qui s’étendait devant mes yeux. Je m’étonnais moi-même de la stabilité que je offrais jusqu’à ce qu’elle ne se redresse pour venir de nouveau écrouer mon buste du sien. Sa respiration saccadée trahissait l’effort qu’elle venait de faire le plus naturellement du monde, et l’idée me traversa l’esprit. Elle entourait toujours mes flancs et je la maintenais toujours au-dessus du sol lorsque sa voix s’échappa en quelques notes suaves à peine soufflées. J’aurais pu, simplement lâcher prise et l’embrasser... « Je dois choisir ? » Je tentais de sonder ses perles noires sans même m’en rendre compte avant de lui répondre d’une voix grave. « Je dirais celle-ci. » Ses onyx glissèrent sur moi en même temps que ses cuisses et elle regagna le sol avant même que je ne puisse amorcer ce qui m’avait traversé l’esprit. Elle me redonnait ma liberté et avec la sensation d’avoir été simple spectateur de cette scène surréaliste. Elle maîtrisait la sensualité comme une pro, et jamais encore je ne m’étais retrouvé face à pareille nymphe. Elle savait parfaitement jouer de ses courbes, hypnotiser et attraper dans ses filets le pauvre imbécile qui ‘était resté hagard devant une telle plastique, et je devais bien le reconnaître, j’étais devenu cet imbécile. J’expirais avec lenteur lorsqu’elle se retourna pour faire remonter sa chevelure, était-ce encore une tentative de séduction ? Je l’ignorais, trop occupé à faire ralentir le rythme d’un muscle qui s’était laissé dicté sa conduite par mon adversaire d’une soirée, mais je ne pouvais pas rester impassible. « Est-ce que… » Les mots moururent dans ma gorge, incapable de prononcer à voix haute ce que je parvenais à peine à penser. « Est-ce que tu donnes des cours de danse ? » J’éludais la question que je me posais seul, après tout, elle avait déjà assez donné avec ce propriétaire trop insistant. Est-ce que tu me draguais ? Je n’étais plus un lycéen, et la question aussi ridicule soit-elle resterait silencieuse. Au lieu de ça, je tentais une approche différente, une façon de savoir si elle souhaitait réitérer cette expérience pour le moins déroutante… du moins pour moi. Et je réduisais la distance qu’elle avait mise entre nous pour m’accouder sans force sur la corde du ring. « Tu m’apprends quelques pas de danse et je t’apprends à te défendre ? Donnant-donnant ? »
  

 

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Shi Yoon & Jae Rin

Un peu osée ? Non. Si cela était qualifié de "osé", alors vous ne savez pas ce dont je pourrais être capable. Emprisonné entre mes cuisses et mes bras autour de son cou, je n'avais pas eu la notion de dépasser une ligne particulière, jusqu'à ce que la couleur de ses prunelles ne change. Tout comme les miennes, penchées au-dessus de lui, mutines et confiantes. Je lui demandais alors de choisir entre mes deux démonstrations, les deux atouts dans ma manche qui n'étaient pas les derniers, loin de là. Les cils papillons acquiescèrent à sa question, avant que d'une voix plus grave, il ne donne sa réponse finale. Un frisson me parcourra l'échine, déstabilisant et familier. Ma peau s'échauffait sous le tissus moulant, là où ses larges paumes agrippaient fermement les hanches de femme qui l'entouraient. Je m'y attardais, je le détaillais, je m'y perdais presque dans cette contemplation en suspens, qui n'était plus celle d'une danseuse, mais celle d'une femme. La réalité me sauta aussitôt aux yeux, l'audacieuse avait été emporté par sa passion. Je venais de sauter littéralement sur un homme que je venais à peine de rencontrer, qui n'était même pas danseur, et je lui imposais une... position des plus désarmantes, et inattendues. Que devait-il penser ? Au lieu de passionnée, il devait croire que j'étais folle ou affamée. La gêne naquit dans les pierres fauves, perlée de quelques éclats d'envies brutes, que je balayais en regagnant volontairement le sol. Une vague de chaleur remonta jusqu'à ma nuque, j'en dégageais la chevelure sauvageonne en un chignon flou, que je maintenais seulement de mes doigts fins. Le visage détourné, le sourire délicat et amusé. « Je suis désolée, je me suis un peu laissée emporter.. » murmurai-je, laissant les mèches regagner l'une de mes épaules dénudées. Etait-ce la soirée ? L’enthousiasme m'avait-il autant emporté ? La voix de Shi Yoon retentit quelques secondes après un silence aux cœurs battants, en un début de phrase, vers laquelle je me retournais doucement. Et je le regardais, encore, mes deux entités mélangées qu'étaient la femme et la danseuse. Il était très bel homme. Étais-je intéressée par lui ? M'attirait-il ? Je ne pouvais pas nier l'évidence que mon corps me souffler, mais on pouvait être attiré sans avoir l'envie d'assouvir davantage. Et pourtant, j'étais intéressée. Je voulais en savoir plus, et il venait de me tendre une perche que j'avais l'habitude d'entendre, mais dont j'étais surprise de recevoir de sa part. Combien d'hommes avaient déjà voulu des cours, qui n'étaient même plus de la salsa, mais du collé serré, si vous voyez ce que je voulais dire ? Je relevais le menton, le coin de mes lèvres s'étirant alors qu'il complétait ses dires. « Tu m’apprends quelques pas de danse et je t’apprends à te défendre ? Donnant-donnant ? » Pourquoi renvoyait-il autant d'honnêteté, que l'on ne pouvait alors que lui faire confiance ? Une simple impression, un ressenti que je ne saurais expliquer. Je voulais tenter. « Mais qui te dit que je ne sais pas me défendre, et que je n'ai pas eu simplement la paresse d'envoyer violemment le propriétaire des lieux dans le décor ? » lui lançais-je, avec une malice lisible dans l'expression qui se dessinait sur mes traits. Un rire. « Ok, je n'en suis pas capable maaais.. j'adorerais pouvoir faire cela, mais en cas d'extrême urgence ne t'inquiètes pas. Mais tu comprends ce que je veux dire non ? » Adossé sur l'un des quatre poteaux qui entouraient le ring, je penchais légèrement la tête sur le côté, tout en le regardant. « C'est rassurant de pouvoir se défendre, et peut être, défendre quelqu'un aussi. Est-ce que tu ressens cela ? »

Au loin, mon portable émit soudainement une sonnerie entraînante, un air latino comme je les aimais. Je pariais que c'était mon crew fu jour. Les prunelles félines coulèrent sur le sac au loin, avant de se reporter sur Yoon, appuyé sur la corde rouge élastiquée, prête à rattraper les corps contractés en plein combat. Et puis, j'avançais d'un pas, puis d'un autre. Ma main gauche glissait avec lenteur sur la corde rembourrée, les doigts s'étirant jusqu'à rejoindre le dos de sa jumelle masculine accrochée fermement. « Si tu veux apprendre quelques pas, je vais te donner une première leçon... » Je réduisis l'espace qui nous séparait, levant le menton sans trop de peine vers lui, remerciant mes talons de m'aider dans cette tâche en cette soirée festive. J'attrapais ses extrémités aux poings marqués, je liais l'une d'elles à ma main droite, glissant sa gauche dans mon dos. La mienne remonta son épaule aux monts développés. « La posture du corps. Un cadre marqué, tout en restant souple de ses mouvements. Cela devrait peut être te parler. » affirmais-je d'une voix posée et professionnelle. Mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir envie de le taquiner. Ne me demandez pas pourquoi, sans doute dans sa manière de réagir, comme toute personne qui n'avait pas l'habitude du contact en danse de couple. Je me décalais légèrement pour attraper délicatement son poignet dans mon dos, l'incitant à monter. « La main ne sera jamais sur les omoplates, c'est bien trop haut. » Je fis alors glisser sa paume d'homme sur le tissu fin de la robe sombre aux reflets pailletés, jusqu'à dépasser le creux, à la limite d'une nouvelle courbe féminine plus prononcée. Ma bouche se retroussa. « Trop bas... cela manque de classe d'une part, sauf si vous êtes en couple biensûr... Mais d'autre part, tu n'arriveras pas à me guider correctement si tu es en dessous de mon centre de gravité. » rajoutai-je, avant de l'inviter à épouser le creux de mes reins. « La salsa, c'est une danse assez dynamique, où l'on bouge beaucoup autour de son partenaire. Comme tu peux le voir, il y a un espace entre nous, ce qui diffère avec par exemple la bachata qui est une autre danse latine. Contrairement à la salsa... » Je fis un petit pas, la main remontant un peu plus vers sa nuque échauffée. Réduisant l'espace à néant, mon buste accolé au sien. Mon souffle contre son cou et les cœurs cognant en résonance. « ... on doit s'appuyer l'un contre l'autre de cette manière, et c'est ton buste qui me guide en grande partie. Mais c'est une danse.. très sensuelle... » lui avouais-je, mon ton trahissant l'ivoire à l'expression suave. Lui redonnant un peu d'air, je me reculais, lui affirmant qu'il n'avait pas à avoir peur, ce n'était pas cette danse-là que je voulais lui montrer. « Si tu veux bien... » Je me détachais de lui, pour mieux le rattraper, prenant la place de l'homme dans le duo. Mes doigts effleurant son large dos de sportif, jusqu'à se nicher dans le creux légèrement cambré. « ... je vais faire l'homme et te guider pour que tu vois ce que celui-ci doit faire. En un petit mambo, un pas en avant, un pas en arrière. » Je lui montrais le mouvement, avec une patience dont je ne faisais pas toujours preuve avec moi-même. Ils devaient ressentir les petites pressions initiées par mes mains, un code de guidage que j'espérais bien faire, pour qu'ils les remarquent. Mon buste plus en avant, le poussait à reculer, et inversement, quand je partais en arrière, les doigts perdus dans son dos l'invitaient à me suivre. Je réalisais que c'était bientôt cela que j'allais faire dans Danse avec les stars et une bouffée d'exaltation me transcenda en un large sourire enjoué. « Alors c'est ça l'effet que ça fait quand on danse avec une fille plus grande que soi ? » plaisantais-je, relevant les prunelles brillantes vers lui.  
 

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