Quelques temps se sont écoulés depuis cette fameuse nuit, quelques temps où j'ai eu du mal à donner signe de vie. D'habitude, lorsqu'une fausse relation se termine, je n'en fais fis, je me contente de reprendre le cours de ma vie. Mais cette fois, faire face à la réalité des choses est bien plus compliqué. Ce lien fort qui nous unit, quand bien même on ne peut le nommer "amour", c'est quelque chose indescriptible. Je n'ai pas pu m'interdire de lui envoyer quelques messages, parfois de brefs appels pour prendre des nouvelles. Les mots sont assez distants, à vrai dire je ne savais pas comment me comporter avec elle. Affronter que je tiens à elle est bien plus complexe à assumer que lorsqu'une fille découvre que je la trompe ouvertement.
Puis, lentement, j'ai pris conscience que rester loin d'elle m'est impossible, alors je lui ai proposé de sortir. Simplement, comme des amis le ferait. Bien sûr, ce n'est clairement pas dans mes habitudes ne traîner avec mes amis mais pour elle, je serais sûrement capable de faire tous les efforts du monde. Et c'est bien là quelque chose qui m'effraie. Depuis quand je possède en moi ce complexe digne d'un grand-frère excessivement possessif ?

Mes réflexions m'ont porté jusqu'à chez elle, à moto, je laisse sonner son téléphone pour lui apprendre que je suis à sa porte. J'ouvre la visière de mon casque, chope celui en plus dans le compartiment et l'attend, patiemment. Je m'effraie moi-même de ce comportement changeant.
Un pied à terre, je l'observe descendre les marches, gracieusement, elle est belle. Je vais souffrir le jour où elle m'annoncera qu'elle s'est remise en couple, encore plus le jour où je le rencontrerais...

Mes yeux expriment mon sourire alors que je lui tend le casque pour lui intimer de le mettre, l'attachant à sa place. Et je lui prend la main pour l'aider à grimper sur la bécane rutilante. Retirant cette béquille, faisant vrombir le moteur, je tourne la tête vers elle, lui faisant comprendre par le regard "Prête pour cette journée Princess ?"

gabi le loup

Cette fameuse nuit avait clos une part de ta vie que tu ne souhaitais pas oublier mais qui te semblait indispensable de mettre dans le passé. Tu avais besoin de passer à autre chose d'oublier le Sam qui t'avait trahi, celui qui t'avait sûrement utilisé, ne plus penser à tout ça pour avancer. Ta vie avait également évolué. Il s'était écoulé des semaines chargées, des précipitations, des palpitations, des non-dits et quelques appels. Des nouvelles de ton ex qui était devenu, peu à peu, un ami. Un ami qui prenait des nouvelles, certes d'une façon qui se voulait distante, peut être empli de regrets mais d'une façon ou d'une autre tu ne pouvais ignorer ses efforts.
Ce ne fut même pas étonnant, et beaucoup essayaient de t'en empêcher, mais tu acceptas ce rendez vous entre amis. Rien qu'entre amis. Passer un moment sans se cacher, se voiler la face ou essayer de faire bonne figure. Un moment où tu ne chercherais plus dans son regard une lueur spéciale. POurquoi cela tournerait mal? Si plus rien n'était attendu alors il n'avait plus rien à perdre. Même si cette nouvelle relation restait floue. Tu n'arrivais pas à effacer cette trahison que tu avais ressenti, mais tu ne voulais pas le perdre. Comme une personne qui nous étiez précieuse sans qu'on comprenne pourquoi. Et pour cette raison tu voulais donner une chance à une amitié qui n'avait jamais eu lieux.

Un stress nouveau imprime un battement rapide à ton coeur alors que ton portable vibre sous un appel d'un nom que tu ne connais que trop bien. Il était arrivé et tu devais renoué entre le passé et le présent à ce moment même. Prenant une veste et enfilant tes chaussures tu finis par sortir de chez toi mettant ton sac à bandoulières autour de ton cou pour qu'il te dérange moins. Tu sentais toujours ton coeur battre à un rythme effréné sans trop comprendre tout en descendant les marches qui te firent découvrir un Sam sur sa moto. Tu semblais être de plus en plus familière à ces engins. Lui souriant alors tu prenais le casque qu'il te tendait en l'enfilant avec une maladresse et difficulté qui prouvait ton manque d'entraînement. Il finit par te l'attacher et tu prends sa main pour monter et agripper son tee-shirt. Son regard se tournant vers toi tu abaisses sa visière et passe tes bras autour de son torse pour hocher la tête lui indiquant que tu étais prête.

Tu ne savais pas comment cette journée se passerait mais tu voulais croire que tout irait bien. Alors sans une once d'hésitation tu le serrais pour ne pas tomber descendant une fois arriver pour enlever ce casque qui te donnait l'impression d'étouffer. Pourtant tu appréciais les balades en moto, elles te semblaient bien plus revigorantes. Replaçant les mèches de tes cheveux qui partaient dans tous les sens cachant une partie de ton visage tu levas ensuite les yeux sur lui. Cet homme que tu devais considérer comme un ami. " Tu as une idée de ce qu'on peut faire ? " Vous étiez vous seulement saluer ? Pourtant ton sourire avait repris sa place et tu voulais profiter, tout simplement.

gabi le loup

J'entends clairement ses mots même malgré le vent qui se lève à mesure que la moto prend de la vitesse. J'aime cette sensation, faire abstraction des gens autour et se sentir libre comme l'air. Je resterais prudent, parce qu'elle est à mes côtés, parce que j'ai juré de la protéger et de la rendre heureuse. Il est peut-être trop tard en amour mais jamais pour l'amitié.
Bien sûr, je m'abstiens de le lui dire, parce que clairement je ne suis pas du genre à faire des déclarations même en étant en couple alors certainement pas maintenant que nous sommes juste que des amis. Certes proches, certes mais non.

Je navigue à travers les voitures pour rejoindre notre destination, je n'ai pas vraiment échafaudé de plan, je me dis que tout viendra au moment voulu et selon le désir de chacun. Là tout de suite, je gare la moto dans un garage que je loue à l'occasion lorsque je me promène dans le centre. Je l'aide à descendre en lui tendant la main, un léger sourire caché sous le casque lorsque je la vois tenter de bien paraître pour ne pas tomber et descend à mon tour en ayant pris soin d'éteindre le moto et de ranger les casques.

Je lui jette un regard empli de gentillesse, chose qu'elle ne doit pas avoir vu souvent, surtout venant de moi, j'en suis pleinement conscient mais j'ai décidé de me racheter une conscience, peut-être pas toute droite, parce qu'il est difficile de changer autant mais avec parcimonie de délicatesse.
Rangeant les clés à l'intérieur, j'en profite pour regarder l'heure et je me rassure intérieurement en me disant qu'il n'est pas trop tard.
Je sors deux billets pour l'aquarium. "Intéressé ? J'ai entendu dire qu'il y avait eu des naissances, chez les pingouins et les ours polaires récemment." Je les lui tends et j'attends sa réponse. A vrai dire, j'ai l'habitude de contenter les filles que je fréquente mais néanmoins c'est la première fois que je fais attention à une personne qui n'est en rien intime avec moi, si ce n'est avant. Je le fais dans l'intention pur et amicale et franchement, ça me stresse au possible même-si je tente de ne pas le montrer tandis que je sors de ma main libre le paquet de cigarette que j'ai torturé en l'attendant.

gabi le loup

Vous aviez cette relation particulière qui avait commencé par la fin avant d'éclore. Vous aviez tenter ce qui aurait été à bannir pour finalement vous retrouver sur la même moto. Vous retrouvez à passer une journée ensemble, à rire et découvrir ce que l'autre aimait. Tu étais sorti avec Sam mais il te semblait bien inconnu. Tu espérais que cette amitié naissante puisse te faire découvrir qui il était. Ce qu'il cachait et tenait les gens éloigné. Tu espérais ainsi découvrir tout ce que tu ignorais lorsque vous étiez ensemble.
Étrangement tu ne lui en voulais pas tant que ça. Même s'il avait détruit une partie de ta confiance, même s'il t'avait fait du mal, qu'il avait prit avec lui ce que tu n'osais plus croire maintenant tu savais qu'il devait avoir ses raisons, tu le sentais. Comment aurait il pu revenir ainsi? Comment, ivre, aurait il fait pour venir sur ton palier ?

Une fois arrivée tu tentes de descendre avec une pointe d'élégance qui n'est pas si innée chez toi. Une élégance que tu tentes d'avoir pourtant chaque jour et qui te fait remettre tes vêtements en place alors que tu viens enlever par la suite ton casque et remettre des cheveux en désordre. Si tu avais mis du temps à te coiffer ce matin tu n'aurais sûrement pas rigoler, mais fort heureusement tu n'étais pas de celle qui mettait trois heures à se préparer alors que la situation était banale. Banalement unique d'ailleurs en vue de cette balade avec ton ex, qui finalement était devenu ton ami. La situation sonnait toujours aussi étrange,  mais ça ne pouvait être que bénéfique n'est ce pas ? Prenant son aide qu'il te tendait si rarement tu l'attendais pour commencer réellement votre journée de réconciliation.

Son regard croisant le tien tu sembles ne pas le reconnaître, tu sembles te perdre dans un regard inconnu et tu en souris tant l'ironie de la situation est grande. Il n'a réellement jamais prêté grande attention à toi lors de votre relation, mais lorsque tu peux lui échapper il décide d'être tendre, gentil et tout ce qu'il n'était pas. Une technique bien particulière.
Lui souriant alors tu regardes les deux billets qu'il détient en les prenant délicatement pour lire en même temps qu'il t'en parle. Vraiment ? Des bébés pingouins et des bébés ours ? Tu le regardes avec surprise avant de sourire et prendre sa main. " Yah ! vite !! je veux les voir ! Tu aurais dû le dire de suite ! " Non tu n'avais besoin de rien, tu n'avais pas besoin d'argent, de bijoux ou toutes ces choses qu'on demandait à son copain. tu voulais juste voir la vie qui était belle, celle qui te remontait le moral, celle qu'on t'avait offerte par un don. Alors que tu t'arrêtes réalisant que tu ne sais pas où est l'aquarium tu te tournes vers lui louchant sur son paquet. D'un coup tu lui subtilises retirant la cigarettes entre ses lèvres. " Pas avec moi.. tu en as besoin? .. Emmènes moi à l'aquarium et après peut être " souriant et tirant doucement la langue tu attendais son sens de l'orientation pour le suivre tenant toujours le paquet entre ta main. Si tu lui avais tout céder en tant que copine tu allais lui montrer comment tu étais avec des amis.


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