Those Magic Changes.
à Bar l'Aphrodisiaque
(pour la nuit)

La solitude est immense. Pesante. Les envies et les désirs, eux… on fait en sorte de les faire taire. Des les mettre de coté. De se concentrer sur autre chose que ce manque charnel mettant le corps à dure épreuve et les nerfs à fleur de peau. Momo serait presque redevenue la Momo d’avant. Celle qui se contentait de garder la tête enfuie dans les bouquins de maths. Étudier, encore et encore. De façon draconienne et quasi militaire. Les journées sont organisées à la minute près. Quand ce n’est pas l’école, c’est l’agence de mannequinat et les shootings. Quand ce n’est pas les cours à réviser, c’est le yoga et les soins pour la peau. Et elle court, elle n’arrête pas de courir, dès le matin. Ce qui était à la base trente-cinq minutes de footings matinal cinq jours par semaine s’est rallongé en plus d’une heure de course sept jours sur sept. Il faut bien trouver un moyen d’évacuer. Et la japonaise semble vouloir se couper véritablement du monde. Son portable n’est là que pour la réveiller, lui indiquer l’heure ainsi que son emploi du temps. Pas de messages à envoyer, pas d’appel à émettre. Elle fait tout pour se faire violence, pour ne pas craquer. Il suffirait qu’elle envoie un message à Jisoo pour que tout dégringole certainement de nouveau. Et même si parfois elle en crève d’envie, Momo s’arrête toujours à temps. A quoi bon, au final ? Tout ça, c’est un cercle vicieux. Et Sung Jae... Non. Hors de question. Jamais plus. Quand ce n’est pas l’un qui lui fait du mal, c’est elle qui fait souffrir l’autre. Stop...

Sa coupe de champagne descend au ralenti. Dix, vingt, quarante minutes… Elle ne saurait dire exactement depuis combien de temps, lui et elle se regardent. La notion du temps, justement, ne semble plus avoir d’importance. Chacun assis d’un coté de l’immense comptoir en forme carré… Momo ne sait plus qui a commencé à observer l’autre. Tout ce qu’elle sait, c’est que la façon dont ces yeux la dévisagent lui plait. Son ventre est serré. Son cœur palpite agréablement d’un émoi calme et mesuré. Un jeu de séduction subtile et presque poétique, vu le peu qu’ils font en dehors de leurs regards encrés l’un dans l’autre. Coupés du monde. Totalement à part, tous les deux. Elle ne se soucie absolument pas du bruit autour, des gens qui parlent et qui s’amusent. Elle se concentre sur lui sans avoir peur de faire fondre un peu plus le noir de ses prunelles dans les siennes. Une parfaite connexion, des mots d’envie qu’on ne dit pas à voix haute mais qu’on avoue sincèrement, avec les yeux. Et puis, il y a les images. Aussi jolies qu'indécentes... qu'on se plait à inventer. Ainsi que la curiosité. Celle de se demander jusqu'à quel point, la sensation de sa peau contre la sienne pourrait être agréable. Depuis combien de jours cela n’était pas arrivé ? A force d’être restée entichée de deux hommes aussi longtemps, Momo en avait presque oublié les autres. Le plus fou dans tout ça, c’est qu'elle l’avait reconnu. Tout de suite. Surement pour cela qu’il avait attiré son attention en premier lieu. Malgré les années qui défilent, il n’avait pas pris une ride. C’était surtout elle qui avait changé, dans le fond. La petite fille était devenue femme. Se souvenait-il d’elle, après tout ce temps passé…?



Featuring : @wu lei

gabi le loup

Those Magic Changes.
à Bar l'Aphrodisiaque
(pour la nuit)

Les détails sont importants. Les détails sont et feront à jamais partis de sa vie, plus encore qu'un quotidien. C'est ce qui fait de Lei, Lei. De son restaurant un restaurant reconnu pour ses valeurs. Et ce qui fait que, ce soir, il l'aura reconnu. A la minute où son regard accrocha ses traits, il avait été ramené des années auparavant, se souvenant de ses yeux, de son visage portant encore les maques de l'enfance. L'enfant entre les murs d'un établissement l'accueillant lui, enfant de chine et âgé de quelques années. Sans un mot, sans une discussion, seulement marqué par la présence l'un de l'autre à l'époque. L'évidence est pourtant là, sous ses yeux justement : elle a changé. Elle a grandi. Cependant, autre chose semble l'attirer, le faisant perdre son attention un long, très long moment alors qu'il est là, accoudé à ce bar après une soirée de service. Son corps est fatigué, son esprit lui rappelle l'heure, puis le jour. C'est un soir particulier où il ne se dit pas qu'il doit absolument rentrer, simplement parce qu'il est temps. C'est un soir où il est autorisé à prendre un verre et égarer son esprit à travers un liquide alcoolisé. Un verre qu'il a à peine touché, amené à ses lèvres partiellement, jusqu'à finalement le finir.  Lorsque son regard croise le sien pour ne plus s'en détourner, il comprend que ce n'est pas le changement, mais que quelque chose aura disparu. Elle n'est plus l'image exacte qu'il avait d'elle et il n'aura jamais su ce qu'elle est devenue, ensuite. Quand lui n'a jamais cessé de grandir, découvrant des cuisines de plus en plus expérimentées jusqu'à trouver la sienne. Il ne sait pas, parce qu'il n'aura pas fait le pas de demander et pourtant, il y a ce quelque chose particulier qui l'incite à rester ici, sur place, à l'observer comme avant. A attendre. L'attention sera perturbée à un moment, par ce barman dérobant son verre en lui en proposant un second et il marque un temps d'arrêt. Il a seulement secoué la tête, murmuré quelques mots et il s'était levé pour en contourner le comptoir. Aurait-il du continuer son chemin, plutôt que de s'arrêter à la place à côté d'elle, inoccupée depuis le début ? Au lieu de retrouver cette sensation de sa présence au côté de la sienne sans jamais s'effleurer. Et pourtant, son esprit s'est perdu à se demander ce qu'il en aurait été...Si ils s'étaient juste effleurés. tu attends quelqu'un ? Parce qu'il n'est pas suffisamment bon pour en décoder les jeux de regards au final, il ne l'avait jamais été.



Featuring : @wu lei

gabi le loup

Those Magic Changes.
à Bar l'Aphrodisiaque
(pour la nuit)

Même lorsque le serveur vient lui proposer un autre verre, il ne semble pas résigné à détacher ses yeux des siens. Il la regarde, sans s'arrêter. Et elle fait de même. Tous deux se captivent avec un naturel déroutant, avec un jeu de regard qu'on ne voudrait pas voir s'arrêter. Pas la moindre seconde à donner pour un autre, pas une miette à perdre. L’ambiance est-elle que plus rien ne semble avoir d’importance tout autour. De toute façon, ce n’est pas comme si Momo faisait réellement attention au monde qui l’entoure en temps normal. Mais l’indifférence pour ce qui est futile semble être encore plus forte et plus puissante que d’ordinaire. Elle se concentre sur lui. Simplement sur lui. Comme deux araignées amies, elle les laisse tisser une toile pour les envelopper, afin qu’aucun parasite viennent gâcher ce moment. Un moment particulier et indescriptible. Ca veut tout dire, ça ne signifie rien. Il n’y a de rien de plus simple et agréable… que de se laisser fondre dans une chose que l’on ne comprend pas. Et que l’on ne maitrisera certainement pas la suite. Est-ce qu’il le sait déjà à l’avance ? Qu’il passera la nuit avec elle ? Que sans peut être souffler le moindre mot... elle viendra frôler sa peau blanche de ses doigts et de ses lèvres ? Que les draps blancs seront leurs seuls habits jusqu’au lever du soleil? L'imagine-t-il...?

Et elle le voit finalement se rapprocher. Vient alors une réaction typiquement féminine : celle de poser félinement son regard ailleurs, non sans une douce esquisse malicieuse. Le jeu du chat et de la souris. Mais quand elle sent cette présence… forte et presque irréelle… s’installer à ses cotés, Momo sent sa poitrine se serrer agréablement. Sa voix grave réveille tout autant ses sens que la question qu’il ose lui poser. Attendre quelqu’un ? Qui sait. Peut être était-ce lui qu’elle attendait au final, sans le savoir. La petite étincelle éclairant un paysage assombri depuis des semaines. Celle qui lui rappellera que même en les ayant perdu tous les deux, la vie ne s’arrête pas. Alors, son minois daigne se tourner avec élégance vers lui. « Plus maintenant. » Assure-t-elle d’une voix douce et paisible… tandis qu’un semblant de sourire vient sublimer son visage. Et voilà que le jeu de regard reprend, sans doute encore plus puissant que le premier. Parce qu’ils se sont plus proches à présent… et qu’en silence, leurs corps s’échangent des tas d’informations plus jolies les unes que les autres. La science de l’attirance et de la curiosité. Agréable et étrange fascination. Elle finit par détourner le regard, lui offrant alors pour vision la beauté harmonieuse de son profil. « Sept ans, au moins…? » Suppose-t-elle après coup, tout bas. Oui... peut être bien sept ans, qu’ils ne s’étaient pas revus.



Featuring : @wu lei

gabi le loup

Those Magic Changes.
à Bar l'Aphrodisiaque
(pour la nuit)

Le regard est plus simple que l'interaction sociale faite de mots. Et même si il est très loin d'en comprendre les significations, il s'ose parfois à s'imaginer la raison. Pourquoi elle l'observe tout autant que lui l'observe, pourquoi son regard ne se détache pas du sien et qui finira bien par en détourner l'attention le premier ? Est-ce la curiosité, le hasard, l'ennui, l'envie ? Le temps passe et le verre se vide dans l'incertitude de cette fin de soirée. Il devrait se lever et s'en aller, rejoindre son appartement de nam-gu avec la possibilité de ne jamais la revoir. Il se répète ce même schéma au moins trois fois et pourtant, il s'arrête. Et pourtant, il s'ose à être plus imprévisible qu'il ne l'est car ce soir est spécial. Ce soir est différent. Et alors que la discussion n'avait jamais été commencée, aujourd'hui et même bien avant, il l'aborde pour attirer à nouveau ses prunelles dans les siennes, fuyant étrangement dans un comportement qui lui échappe - ce typiquement féminin. Juste pour le son de sa voix, celui qu'il n'a jamais réellement perçu finalement, attendant une réponse à ses interrogations. Elle n'attendait personne, plus maintenant. C'est lisible dans ses traits qu'à cet instant, il n'est pas certain qu'il est cette personne. C'est visible lorsque ses pupilles balayent l'espace autour de lui avant de revenir sur elle. L’hésitation dans ses gestes avant de s'affirmer à tirer ce siège vers lui, il ne demandera pas pourtant si il s'agissait bien de lui, se forçant à ne pas le faire.  Et si il était celui qu'elle attendait, alors pourquoi ne lui avait-elle pas demandé de venir ? Le mystère de l'être et la complexité insaisissable par Wu Lei. sept ans et dix mois ... ça fera huit ans en janvier. Les détails sont importants à être précisés. Il acquiesce doucement, dans un souffle aussi bas que le sien en observant son profil. Il est identique à ses souvenirs, celui qu'il aura vu si longtemps penché sur des livres ouverts et ce, malgré le temps. Il ne voit finalement plus que elle à ses côtés, comme il n'a longtemps vu qu'elle à l'autre extrémité du comptoir. Son visage se lève vers le centre de la pièce, les bouteilles du bar et les différents alcools. tu veux un autre verre ? Il n'a pas envie d'un autre verre, sinon il en aurait pris un bien avant. Il n'aurait pas refusé à ce barman de le resservir. Il est tard, il avait d'autres plans. Et si la solitude ne lui avait jamais posé un quelconque soucis, ce soir, il cherche la compagnie. Un simple prétexte pour continuer à l’observer puisqu'elle semble à ce point le fasciner.



Featuring : @wu lei

gabi le loup

Those Magic Changes.
à Bar l'Aphrodisiaque
(pour la nuit)
Sept ans et dix mois. Huit ans en janvier. En l’entendant être aussi précis, Momo ne peut refreiner une douce esquisse. Une esquisse qui se voit à peine. Timide. Filante comme une étoile pressée… mais pourtant bien présente. Dieu que c’est fascinant, cette façon qu’il a d’aussi bien retenir les choses. De noter chaque détail, même quand ces derniers peuvent être insignifiants. Maintenant qu’elle y pense, elle se souvient que cette caractéristique l’avait déjà interpellée lorsque – plus jeune - il venait travailler avec ses parents. Son père lui avait expliqué que Lei était spécial. Et, étrangement… Le ton qu’il avait employé pour dire le mot spécial n’avait rien de péjoratif. C’était même le contraire. Pour son géniteur, il y a avait toujours plus de richesse dans ce qui est différent. Unique. La japonaise se rappelle combien il s’était pris d’affection pour son apprenti à l’époque. Encore aujourd’hui, il en parlait souvent. Très souvent même. Venant l’observer à nouveau, Momo ne peut s’empêcher d’être un brin amusée. Elle se doute que si c’était une autre, la pauvre fille se serait fait de sacrés films bien dégoulinants de niaiserie, à l’entendre être aussi précis. Donner ce genre de détails, c’est presque faire sous-entendre que l’on a pensé à la personne très souvent… et qu’elle nous manquait. Mais dans le monde de Lei, cela ne devait sans doute pas exister. Il avait simplement une excellente mémoire. Il n’avait fait qu’énoncer un fait presque mathématique. « Je ne pensais pas que tu me reconnaîtrais. » Murmure-t-elle pour toute réponse, en terminant sa coupe.

Si elle veut un autre verre ? Est-ce que cela signifie qu’il l’invite ? Qu’il a envie d’être en sa compagne ? Qu’il souhaite savourer cet étrange tournent que leur relation prend ?  Souriant faiblement, c’est une Momo à la fois séduite et mystérieuse qui semble réfléchir. « Hmm. Je me demande… » Souffle-t-elle en feignant une petite moue, avant d’observer Lei du coin de l’œil. « Quand je bois trop, je ne suis plus vraiment maître de mes gestes. » Signale-t-elle, avec une voix aussi basse qu’agréable à entendre. C’est subtile… et pas du tout à la fois. Cela donne le ton, annonce la couleur. Elle prouve avec une sincérité cachée qu’ils ne la laissent pas indifférente, lui et son coté spécial. Et que cette nuit pourrait changer bien des choses si ses doigts se risquaient à venir l’effleurer. Certainement que ces derniers auraient envie de filer doucement sur sa joue, sous sa chemise, de sentir sa peau... Est-ce qu’il serait d’accord avec ça ?



Featuring : @wu lei

gabi le loup