JONES JUNIPER

juniper, c'est genièvre en français, mais ses parents ne sont pas français, ils sont australiens ☾ ils sont parents et ils sont adoptifs, placé là au gré des choix de l'administration, le hasard du bonheur ☾ son unique amour pour toujours, la mer, les vagues de sel et d'amertume, le sable brûlant ☾ men aint shit anyways ☾ parfois elle se dit qu'elle finira seule avec un milliard de chats

you're such a fucking hoe

i only love my bed and my mommaaimant à emmerdes ; maladroite ; un peu renfermée mais un peu extravertie ; travaille beaucoup (trop) ; body-positive (ou comment dire qu'elle ne comprend pas ce qu'est la pudeur, une fesse est une fesse) ; un cœur gros comme un tronc d'arbre ;

ça avait été dur l'université, peut-être parce qu'elle disait oui à chaque sortie mais qu'elle travaillait quand même en rentrant avec 20 grammes dans le sang. on lui a appris qu'il ne fallait pas parler aux inconnus, depuis elle a tendance à attendre qu'on vienne vers elle, mais elle s'ouvre vite aux gens. elle s'emballe rapidement, on peut lui faire croire la lune et les étoiles, mais elle a douté un peu quand on lui a dit que les extra-terrestre existent vraiment. prête à casser la gueule du connard qui t'emmerde, elle n'est jamais allée dans une salle de gym, le seul poids qu'elle soulève -des hamburgers du mcdo. un jour, un prof a essayé de lui faire des signes pendant toute une heure pour lui indiquer que son sein dépassait de son débardeur, mais elle était trop concentrée dans le cours, il a cru qu'elle lui faisait des avances mais elle a juste rigolé, remis son haut et a continué à vivre. la honte, ça se mange? les regrets c'est pour les pauvres. pourtant, pas le genre à sauter sur tout et n'importe quoi, au contraire, niveau amour c'est plutôt casse-couille casse-cœur. elle est difficile, elle a pas le temps. puis personne comprendrait qu'elle doit charmer des gens pour gagner de l'argent. il lui arrive des conneries, si elle s'attardait pour pleurer à chaque fois, elle aurait pas fini. un jour, elle sortait avec un gars, elle croyait qu'il voyait d'autres filles, il mentait souvent, mais c'était un dealer de drogue, avec un flingue qu'elle a bien failli se tirer sur le pied en croyant que c'était un faux. mais c'est sa vie, et elle l'aime bien comme ça.

i'm sorryc'était pas compliqué (c'était ce qu'elle se disait). alors juniper essayait d'oublier, tout. on ne lui avait pas caché sa naissance, elle aurait vite vu que ses parents étaient blancs aux yeux bleus, ses yeux à elle étaient noirs comme le ciel la nuit. mais ils ne savaient pas plus, sa mère était coréenne et l'avait abandonné, et c'est tout.
elle avait été abandonnée et le principe, c'est de ne pas revenir. quand elle a commencé à réfléchir, ça lui a fait du mal. sa famille, sa vie à brisbane était bien. on se plaignait des touristes, de la chaleur, des grosses araignées, des putains d'oiseaux qui t'attaque en rentrant de l'école. ses parents lui avait pris une tutrice coréenne, pour garder contact avec ses origines, sa culture. c'est un train train paisible. alors, elle s'est demandé ce qu'elle avait fait de mal pour qu'on ne veuille pas d'elle aussi tôt. à force, elle a compris que ce n'était pas vraiment sa faute, mais ça faisait mal, c'était un creux à côté de son cœur où il pleuvait souvent.
une lettre est arrivée un jour, en son nom, en coréen. ce que ce père essayait de lui expliquer maintenant, c'est que sa faute était d'être née au mauvais moment, dans la mauvaise famille. qu'il n'avait jamais appris que sa mère était enceinte, mais que sa mère à lui le savait et avait tout fait pour qu'elle le quitte, et qu'elle l'abandonne. c'est le cliché de la méchante belle-mère d'un trop long drama coréen, pire que dans blanche neige, qui ne veut pas qu'une fille n'étant pas assez riche ternisse le futur d'un fils pas assez fort pour savoir ce qu'il veut. il lui dit qu'il s'en veut, qu'il comprend qu'elle ne veuille pas le voir. que sa mère biologique s'en veut elle aussi un peu plus, qu'elle ne lui a dit tout ça que vingt ans après les faits parce qu'elle préférait ne pas y penser, c'était plus facile. aujourd'hui, il est marié, a d'autres enfants, mais il aimerait apprendre à la connaître, parce qu'après tout, c'est sa fille. tout ça, c'est juste des mots sur un papier. c'est de l'encre qui arrive à mettre à l'envers une vie bien ordonnée. des gens comme ça ne devrait pas exister, rester chez eux, et ne rien faire. elle ne sait pas si c'est mieux maintenant qu'elle le sait, ou pire.
elle a l'impression de trahir ses parents adoptifs, pourtant juniper fait le choix de partir pour la corée. c'était ce qu'elle comptait faire déjà, pour ses études, alors elle ne devrait pas se sentir aussi mal. ils disent qu'ils comprennent, qu'ils seront toujours là pour elle et elle veut découvrir la vie qu'elle n'a pas eu.