L'Histoire

Ses valises devant la portes, je revoyais cette scène pathétique. Mon père qui ne cessait de rabaisser ma mère de nom plus insultant les uns que les autres. Une petite profiteuse qui ne l’a épousé que par intérêt. Elle qui ne cessait de dire que cette vie ne lui convenait pas et surtout qu’elle n’avait jamais voulu être mère. Quitter ses Philippines natales pour aspirer à de meilleurs rêves que cette vie monotone de mère de famille. Malgré mon âge avancé, l’adolescente que j’étais à été marquée de bien de manière.

« Tu gâches la vie de tout le monde » Des mots qui m'atteignaient en plein coeur. Le seul parent qui me restait et qui était censé veiller sur moi me tenait responsable du départ de ma génitrice, d’avoir fait de sa vie un enfer. Malgré tout cela, l’amour que j’avais pour mes parents était bel et bien présent. Du mieux que je pouvais, je tentais de prouver cet amour a celui que je considérais comme l’homme de ma vie, qu'au-delà du départ de ma mère, je serais toujours présente. Il n'a su trouver refuge simplement dans les bouteilles. Un raté voilà ce qu'il était. Les jeux d'argent étaient devenues ses maîtresse, l'alcool sa femme. Mon père n'était plus apte à s'occuper de ma petite soeur et moi. Devenir adulte à 16 ans... Ce n'était ce dont à quoi j'aspirais. Dès petits boulots par-ci, par-là, l'acquisition de la réputation de la traînée du bahut pour la vente de certains sous vêtements pour les pervers les plus avisés. Je mettais mon avenir entre parenthèses pour me casser le dos a nous aider à survivre. Tout ca pour qu’il dilapide notre maigre fortune pour ces paris débiles et ses boissons. Aucune reconnaissance. Si. Seulement à travers des coups qui pleuvaient lorsque j’osais ouvrir la bouche ou disais un mot qu’il jugeait blessant. Je passais mon temps à panser des blessures, cacher mes bleues à travers des excuses débiles. Un mal que je n’aurais jamais pensé incurable. Mais tu restais silencieuse. Malgré la peur qui tirait mes entrailles au seuil de cette porte que franchissait sans cesse avec appréhension, sachant ce qu’il m’attendait pour trouver une excuse pour faire de moi un défouloir. Je me sentais seulement heureuse ironiquement ces soirs de crises où il me refusait l'accès à l’appartement pour X raison. Je relâchais une certaine pression en dépit du fait que je passais d'innombrable nuit dans la rue, je les supportais bien plus que cette ambiance plus étouffante.

Toutefois, ce matin l'était différent. Avant même que je ne puisse poser ma main sur la poignée, j’avais cet étrange sentiment qui s’emparait de mon coeur. Entrant avec appréhension, tu tombais sur une triste scène digne de n’importe quel roman. En théorie. Tu voyais ton père, allongé, une boîte de comprimé vidée au sol. « Je suis désolé Na Ri ». Voilà les derniers qu’il m’adressait sur un bout de papier chiffonné. Des heures à souffrir et subir pour qu’il termine qu’avec ces mots. Pourtant en le voyant ainsi, rien. Rien ne se passait dans mon coeur ou ma tête. C’était l’indifférence totale. Mon père venait de me suicider et je ressentais rien, pas une larme, pas une once de colère. Je me contentais de prendre quelques affaires et quitter cet appartement sans me retourner et laissant mes douleurs derrière moi. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre les raisons du geste égoïste de mon père. « Il va falloir payer ses dettes » Ce sourire narquois qui se tint sur les lèvres de ces hommes habillés de noirs étaient en disait long sur ce qui comptait faire de moi. Instinctivement, la survie gagnait mon coeur. Je leur glisse entre les doigts. Je passe ma vie à courir, me cacher. Mon souffle ne ce fait sans cesse court. L’avantage, c’est que je n’avais pas un endroit propre à moi. Je vivais là ou je pouvais, survivais grâce à la petite délinquance. Comme si chaque jour était le dernier. Un jeu de chats et la souris qui est devenue ma dose d’adrénaline quotidienne. Bien plus que ces pilules que je commençais à revendre à tous ceux qui étaient prêts à mettre le prix, toujours cette boule au ventre d’être prise en flagrant délit. Mais qu’importe. Il était temps de combler ces rêves de grandeur que je nourrissais depuis bien trop longtemps. C’était mon ère et je comptais bien le marquer à ma façon, qu’importe comment.