ootd // « Tu vas te ruiner l’épaule à forcer comme ça ! » J’ignorais les sages paroles d’un homme que je ne considérais pas comme un ami, seulement une connaissance partageant les mêmes centres d’intérêts. Lui aussi boxeur, depuis reconverti, il n’abîmait plus ses poings dans les combats, mais perdait du temps à s’occuper des imbéciles trop impulsifs pour ne serait-ce que penser à changer d’activité. « Je peux savoir ce que tu fais là Naoki ? » « Je n’ai pas le droit de profiter d’un parc pour m’entraîner un peu ? » « T’es fini mon gars, arrête de chercher la gloire du passé… » J’aurais presque eu envie de lui écraser le nez avec mon poing, mais il se détourna pour rappeler ses troupes et les gratifier d’un entraînement presque militaire. Aurais-je seulement eu la patience de me retrouver parmi ces recrues ? Sans un mot, je me dirigeais en trottinant jusqu’à l’endroit tout désigné pour parfaire mon échauffement quotidien, et pour une fois, il ne fut pas solitaire. Néanmoins, ma partenaire de jeu était aux abonnés absents, et c’était sans elle que je commençais les quelques étirements avant de partir à la recherche d’un semblant de sac de frappe. Une idée idiote alors que le parc était bondé de familles venues se prélasser un instant au soleil avant de devoir retourner à leur triste existence calées comme du papier à musique. Une routine que je n’enviais pas le moins du monde… du moins c’est ce dont je tentais de me persuader, repoussant l’image de celui qui s’occupait de moi… Et ce fut à ce moment que je l’aperçu, lunettes de soleil vissées sur le nez, elle ne semblait pas le moins du monde sur le point de faire un peu de sport. Perdue dans ses pensées, je m’approchais d’elle sans l’avertir de ma présence, attrapant le col de son t-shirt avec douceur. « Tu comptes aller où comme ça ? »

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(la frip, la frappe) ~ j'ai perdu mon poooooooost :

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ootd // « Tu es en retard ! » Mais pouvais-je seulement lui faire ce reproche ? Depuis que je la connaissais était-elle déjà arrivée à l’heure ? « Sur le ring ? Dans cet état ? » Elle avait beau me sourire, je voyais bien les cernes sous les verres fumés qu’elle enleva rapidement. « Tu as une mine… affreuse je te l’ai déjà dit non ? » la taquinai-je. Je me souvenais encore de cette rencontre fortuite et durant laquelle j’avais pu lire une certaine admiration dans ses prunelles. S’était-elle éteinte désormais ? Je n’y accordais plus vraiment d’importance, tout ce qui m’importait était de passer quelques moments agréables avec elle, des rencontres toujours portées sur la boxe, mon premier amour. Cette relation fusionnelle que j’avais dû abandonner depuis plusieurs années et qui, aujourd’hui encore, était un véritable déchirement. « Chéri ? » riai-je. Cameron… c’était Cameron, indomptable, indéfinissable, juste elle. Et je ne pus m’empêcher de ressentir une reconnaissance certaine lorsqu’elle cloua le bec de mon ancien entraîneur de la manière la plus puérile qui soit. Elle m’arracha un rire soudain et spontané par sa réflexion, et je n’y trouvais rien à redire si ce n’était d’offrir un regard faussement contrit et un haussement d’épaule à celui qui nous mirait désormais avec dédain. « Va donc t’occuper de tes poulains au cerveau flétrit par tes conseils. » Sans plus attendre, j’entraînais la brune un peu plus loin sans qu’il puisse avoir le loisir de répondre à ces attaques ridicules. « Tu fais quoi là ? Tu as des spasmes ? C’est comme ça que tu t’étires ? » Dur vous avez dit ? Simplement taquin et joueur, et elle savait parfaitement que j’étais loin d’être sérieux, du moins tant que nous ne nous trouvions pas sur un ring. « Je vais bien, mais tu vas pouvoir assurer un entrainement ce matin ? » J’attrapais son menton entre mes doigts et l’obligea à lever les yeux vers moi avec douceur. « Tu sais qu’il faut dormir la nuit ?... soit. Mais ne râle pas si tu as des courbatures après cette séance avec moi. » J’aimais particulièrement ponctuer mes échanges de sous-entendus, et avec celui-ci je lui offrais un clin d’œil complice. « On va commencer déjà par quelques tours du parc avant que je ne t’épuise sur le tapis ! »

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(la frip, la frappe) ~ Moi ? Une mine affreuse ? Non, juste à peine Tonton. Je lève les yeux au ciel, juste intérieurement parce que dans la vrai vie mon mal de crâne m’en empêche. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours eu une sale tronche. Le genre de tronche qu’ont les nanas qui vive une vie rock’n’roll. J’avoue que je trouve ça plutôt rassurant de voir les choses de cette façon : ça me permet de m’assumer un minimum. Askip. Alors je répond simplement. « Ouais, on me le dit souvent. » Puis s’ensuit ma petite scène théâtrale, j’aurai pu être nommée aux Oscars pour cette histoire de merde dans la narine droite. Naoki joue le jeu et je finis par me laisser entraîner à l’autre bout de la salle d’entrainement puis c’est parti pour des échauffements en carton. Je tends une jambe de parts-et-d’autre en faisant semblant de pas souffrir, j’suis souple mais j’ai mes limites. « Tu fais quoi là ? Tu as des spasmes ? C’est comme ça que tu t’étires ? » Je grogne en guise de réponse avant de lancer un regard faussement coupable à mon entraineur : « C’est l’échauffement des Coachs New Yorkais, t’peux pas test. » Indélébile à toute forme de sérieux, je souris vaguement avant de lui demander de ses nouvelles, étirant mon buste entre mes jambes écartées. Façon de parler.

Naoki semble douter de moi et mon regard se fait plus pénétrant tandis que je lui répond, à moitié sûre de moi : « Bien sûr. J’suis solide moi. » Crédible comme la neige aux Bahamas, j’hausse les épaules en m’étalant en étoile sur le tapis. Trop bonne joueuse pour ne pas être piqué par les sous-entendu de Nao, je me redresse sur mes coudes avec un petit sourire taquin. « Des courbatures après une séance avec toi ? Je t’attends. » je lui envoie mon plus beau clin d’oeil au-dessus des mes verres fumés en équilibre sur le bout de mon nez. Hop-là, on va vite déchanter Cameron, mon sourire s’efface en moins de deux quand il opte pour quelques tours dans le parc. Génial. Pourtant je me redresse en prenant un air grave. « Si tu te prends un truc dans les pieds, ce sera surement l’un de mes poumons. » Sur ce, j’enroule ma tignasse décolorée en un chignon approximatif et entame des squats avant le grand départ. Putin que j’ai mal au dos. On dira rien, je me dirige vers l’extérieur du club, les bras derrière la nuque. « J’suppose qu’on fait pas la course ? » Je demande en jetant un coup d’oeil à Naoki, trottinant  doucement sur place pour l’attendre.

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ootd // La taquiner était d’une simplicité enfantine, presque jouissive tant elle affichait un air faussement contrit. Et même son échauffement ne put échapper à mes railleries auxquelles elle répondit aussitôt. « New York hein… On verra si tu es toujours debout à la fin de la séance ! » Je ne pouvais m’empêcher de tout tourner en dérision, et si certains s’offensaient de ces blagues pour la majorité douteuse, Cameron y faisait écho sans se vexer. Néanmoins, le sport et notamment la boxe était un art que j’admirais bien trop pour en négliger l’entraînement, aussi je vis son sourire mutin s’effacer après lui avoir énoncé le programme. « Et bien on le remettra à sa place, pas le choix ! » Je la laissais se préparer à la torture qui l’attendait et étirais une nouvelle fois mes membres rouillés par le manque d’activité, là où autrefois je frappais les sacs quotidiennement, je ne faisais travailler mon corps que quelques fois à peine par semaine. Un entretient bien loin du sportif qui avait frôlé le haut niveau, celui qui avait presque touché du doigt les championnats et les victoires d’un continent dans lequel il était désormais un inconnu. Repoussant cette autre réalité dans un coin de ma tête, je rejoignais mon apprentie avant de fouler le parc de grandes enjambées. « Tu veux faire la course ? » riai-je. « Et tes poumons vont tenir le choc ? » D’une main j’ébouriffais les quelques mèches qui s’échappaient de son chignon de fortune avant d’entamer le tour de chauffe. Cameron suivait juste derrière moi et je calais mon rythme au sien avant de me retourner pour piétiner à l’envers. « Respires ! » lui intimai-je. Je pouvais voir la difficulté d’un tel exercice pour les non-initiés, mais j’avais décidé de la prendre sous mon aile pour lui apprendre ce qu’elle avait demandé, aussi je ne laissais rien au hasard en lui donnant l’exemple. « Oh… serait-ce le malheureux poumon dont tu parlais que je vois remonter ? » la taquinai-je. « Il faut que je te porte sur mon dos ? »

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(la frip, la frappe) ~ Je ris doucement, pas vraiment certaine de ce que je m’apprête à faire. Un jogging ? Je sais même plus de quand date mon dernier cours de sport pour être honnête, j’suis quasiment certaine de décevoir Nao voir même de le faire rire. Je me souviens encore de cette époque où, à peine âgée de quinze ans j’ai vu pour la première fois mon japonais préféré. Une sorte de match de boxe inter-lycées Corée-Japon qui nous avait à tous valu un allé direct pour le pays du soleil levant. Après ça, aussi loin que ma mémoire me le permettre, j’ai toujours suivi Nao dans à peu près tous ses matchs. Enfin du moins, quand on était sur le même continent. Grande sportive de pacotille, ça m’a jamais empêché d’apprécier le travail de mon ami et même de lui demander des cours. Sauf que c’est c’est pas facile. « J’ai à peine deux heures de sommeil dans l’nez…. » Je marmonne plus pour moi même qu’autre chose, passant une main vernie de noir dans mes cheveux. Naoki me répète et je le regarde dans le blanc des yeux : « Je plaisantais ! J’ai une tête à faire la course ? » Et puis mes poumons aussi, faut pas les oublier… Je fais mine de partir sur les chapeaux de roues puis je calme vite ma joie en me rendant compte que mes forces me quittent à peine une vingtaine de mètres plus loin. Nao ralentit pour courir à mon niveau et je lui lance un regard faussement reconnaissant alors qu’il se fou de ma gueule. « Trop gentil, tu peux courir plus loin ? Tu gaspille mon précieux air… » Je lance sur le ton de la plaisanterie, optant pour l’humour noir plutôt que de me plaindre sur mon putin de sort. Ça fait tellement longtemps que j’ai pas couru que j’ai presque du mal à me souvenir comment on fait. Pourtant, je suis la cadence, inspire et expire lentement histoire de décrasser mes poumons noircis par toutes années de fumette. Le point positif c’est qu’en régulant ma respiration j’arrive enfin à trouver un rythme de cadence. « C’est long encre ? » ça y est, ça commence. Je souffle sur une mèche de cheveux rebelle, parfaitement consciente de la couleur cramoisie de mon visage derrière mes lunettes. « J’crois qu’il faut que tu me porte en ef… » Je termine pas ma phrase que je trébuche et m’étale de tout mon long sur la piste, à bout de souffle. Merde. Je cligne des yeux et me redresse en ignorant la douleur. « Ça va j’ai rien… » je lâche en me frottant les genoux, pas gênée pour un sous.

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ootd // « OMO… et tu viens à l’entraînement du grand Naoki avec aussi peu d’endurance ? Je ne sais si je dois me sentir flatté ou… terriblement insulté. » riai-je. J’avais beau me moquer, j’appréciais ces moments avec Cameron. Tantôt l’image d’une petite sœur, tantôt une amie et une confidente, elle avait droit à ce statut particulier qui me ferait courir à son secours si elle en avait besoin. Et si je me montrais particulièrement intransigeant sur ces séances, c’était avant tout inconscient. Une déformation professionnelle ? Cela y ressemblait en tout cas, et il ne me fallut pas plus de quelques minutes avant d’entamer le premier tour de chauffe autour du parc. « T’as une tête de friponne si tu veux savoir ! » arguai-je avec tendresse. J’enchainais sans le vouloir les foulées qui me faisaient gagner quelques mètres avant de me retourner pour attendre la brune au souffle déjà irrégulier. « Je suis…. Outré ! Offensé ! Très bien, si tu ne veux pas partager ton précieux air… » affirmai-je faussement déçu. Le sourire taquin, je dépassais à nouveau mon amie avec une facilité presque déconcertante, tirant sur des muscles désormais plus habitués aux combats rapprochés, ceux sur lesquels je n’avais aucun contrôle. Je repoussais ces soirées dégradantes dans un coin de mon esprit pour accorder tout mon attention à celle qui se plaignait déjà. « Cam’… on n’a même pas fait un tour complet ! » Elle allait même capituler avant de trébucher et de s’étaler sur le sol brutalement. « Cam’ ! Ça va ? » Il me fallut à peine quelques enjambées pour la rejoindre et m’agenouiller à son côté. À la fois inquiet et un brin moqueur, je l’aidais à se relever, balayant de mes paumes la poussière et la terre qu’elle avait récoltée avec assiduité. « Je devrais te surnommer la catastrophe ambulante ! » Et sans la prévenir, je la hissais sur mon dos. « On va s’arrêter là pour la course, ça ne te réussit pas. » En trottinant, je la ramenais au gymnase, ne la déposant que lorsque j’arrivais à proximité du ring. « On passe à l’étape numéro deux : la corde à sauter ! » J’attrapais son nouvel instrument de torture avant de le lui tendre, il était un bon moyen pour vérifier son équilibre et la fragilité de ses genoux sans doute affaibli. « Fais-moi rêver ! »

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(la frip, la frappe) ~ Le cul à terre je lève la tête vers mon entraineur qui me demande comment j’vais. « Ouais ça va super, je bronze ça se voit pas ? » je lance à Naoki qui s’approche en lui offrant mon plus beau sourire. Putin je me suis fait mal en fait, mais ça il a pas besoin de le savoir ; alors je frotte vigoureusement mes genoux éraflés et je me redresse, toujours à bout de souffle, puis pose mes deux paumes sur mes cuisses. « Quoi ? je pensais qu’on avait fait au moins dix tours déjà… » je marmonne dans mon coin en reprenant doucement un rythme cardiaque  à peu près normal. Naoki m’aide à me redresser et le remercie silencieusement avant de grimacer face aux petits graviers encore incrustés dans mes genoux. « Ouais, c’est mon troisième prénom, Miss Catastrophe, juste après Connasse. » Je lance en regardant mon pote qui me frotte de partout pour me dépoussiérer et je me sens comme un plumeau bourré en plein dilemme face à une toile d’araignée. bref, le regard vague derrière mes immenses lunettes de soleil, je fais glisser ces dernières sur le bout de mon nez : « Sérieux ? On arrête le jogging ? Génial. » un large sourire se dessine sur mon visage et je souffle sur une mèche brune un peu trop rebelle à mon goût avant de m’étirer comme si je sortais de plusieurs heures de sport.  

J’apprécie la fraîcheur du gymnase quand j’y reviens, c’est pas qu’il fait chaud mais un peu quand même, on est à Busan tonton. Alors toute pimpante après cette courte pause, je souris à mon pote du love en voyant la corde à sauter qu’il me tend. « Aie aie aie, ça me rappelle des souvenirs ça ! » Je piaille en attrapant l’accessoire que je serre fort dans le creux de ma main. Adios les lunettes de soleil, je les envoie valdinguer sur le tapis voisin et finis par exposer mes yeux rougis par l’insomnie à Naoki. Ni une ni deux, je me met à sauter à la corde en gueulant comme un putois : « YEOGI YEOGI JE VEUX DU ROSE ! » je reprends mon souffle avant de poursuivre dans mon délire : « YEOGI YEOGI JE VEUX DU BLEU ! » et je me met à sauter encore plus rapidement, jouant à ce jeu d’enfant dont je ne rappelle plus la suite. alors je chantonne ces deux pauvres lignes en boucle jusqu’à l’épuisement…. La corde se coince dans mes pieds à mon trentième tour de corde et je lâche un juron qui ferait pâlir une bonne soeur en lançant la corde à mon acolyte : « Vas-y, trente-deux tours ! Qui dis mieux ? » je le questionne, essoufflée comme pas possible mais heureuse comme une gamine.

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ootd // « Oh charmant comme prénom ! Je dois demander ce qui se cache derrière le connasse, ou je peux rester dans l’ignorance ? » Je l’aidais à se relever et constater l’ampleur des dégâts de sa maladresse, son manque d’endurance… ou bien les deux avant d’annoncer la fin de la première torture. J’avais plus d’un tour dans mon sac et si elle m’avait demandé quelques séances pour l’aider à soulever plus facilement son corps, selon moi trop maigre, je me devais d’accorder les entrainements à ses capacités. « On arrête… pour le moment oui ! Mais un jour, tu feras ces dix tours complets ! » annonçai-je triomphant.  Il ne nous fallut que quelques minutes pour retrouver la fraîcheur du gymnase, et le soupir de soulagement m’échappa après avoir fui la chaleur d’un soleil de plomb tandis que je lui offrais sa deuxième mission. La corde pendait sans vie entre mes doigts avant qu’elle ne la saisisse et que je ne sois frappé par la surprise alors qu’elle me dévoilait un regard vitreux et… mal en point. « Wow… tu es… » Je n’eux pas le temps de finir ma phrase qu’elle s’attachait à mettre mes instructions en application, un ballet qui manquait d’équilibre qu’elle agrémentait d’une chanson dont elle détenait seule le secret. « Quelle voix… tu as pensé à devenir chanteuse ? » J’adorais la taquiner, et puis… n’étais-je pas doué pour ça ? Les bras croisés sur ma poitrine, je me contentais d’observer et me tenir prêt au cas où ses muscles ne décideraient de la lâcher une nouvelle fois. « Tu ne veux pas bronzer à travers la tôle du bâtiment ? Je suis impressionné ! » Je rattrapais de justesse l’instrument de torture avant de le ranger sur son étagère et attraper une bouteille d’eau et la tendre à la brune. « Pause ! Tu l'as bien mérité ! » Mais je la rattrapais avant même qu’elle ne s’assoie. « Ah non… si tu te poses, tu es finie ! Debout soldat, et bois ! » Je la forçais à marcher lentement autour de la salle, moi tyran ? Jamais ! « Quand tu auras repris une respiration normale, on passe aux étirements. »

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(la frip, la frappe) ~ Je suis plutôt satisfaite de moi-même, j’veux dire…. Courir plus de vingt minutes relève de l’exploit chez moi, enfin ça aurait été différent si Naoki avait été une sorte d’armée de flics en rogne mais c’était pas vraiment le cas. C’était un genre de… Comment on dit ? D’effort, voilà. Un truc un peu compliqué dans mon dictionnaire, facile à conseiller aux autres mais jamais bon à appliquer sur soi-même. Alors avant d’en arriver au saut à la corde, j’avais médité sur la question de mon acolyte à propos de mon quatrième surnom -connasse, pour rafraîchir les esprits- et mine de rien ça m’avait travaillé les vingt minutes suivantes ces conneries. je crois bien que ça remonte à la fac mais encore là, tout ça c’est loin derrière moi. Peut-être au Lycée après avoir foutu des laxatifs dans le thé de mon prof d’Algèbre ? Je sors de ma rêverie, reprends mon souffle en tendant la corde à Naoki qui me complimente sur ma voix de sirène. Je lui rit au nez en prenant un air péteux au possible : « Bah ouais, Mariah Carrey 2.0 mon frère. » Une réplique lancée du tac-au-tac, n’ayant pas la même notion du terme Oppa que le reste du commun des mortels -Américaine quoi- puis je souris à pleines dents quand il me demande si une petite séance de bronzage sous la taule ne me ferai pas envie et accepte sa bouteille d’eau comme le Saint Graal ; il est joueur et trop intelligent, un genre d’adversaire à ma taille dans les répliques de fifous. Je suis soudainement fière de l’avoir comme ami et comme frère.

Je vide la bouteille d’un trait, subitement consciente des bienfaits de l’eau sur mon corps en pleine décuve après des nuits, des années de folies. « Putain ça fait du bien… » Classe, comme d’habitude, je balance ma tête en arrière pour faire couler la dernière goutte sur le bord de mes lèvres. Je tente de m’esquive sur un banc mais il me rattrape et me pousse dans mes extrêmes : « C’est bon j’ai repris mon souffle. » Je lâche après les trois minutes les plus longues de toute ma vie. j’avoue j’ai gratté un peu de temps de pause m’enfin ça, il est pas censé le savoir. « Rassure-moi t’es pas omniscient ? » Je demande, curieuse, avant de secouer la tête et lui couper la parole : « Non rien, laisse tomber. » Je plane, la fatigue, le sport, l’eau…? ça doit être l’eau, surement. « Je t’écoute coach, sculpte ce moi ce corps de rêve… » j’étends mes bras au-dessus de ma tête en riant d’une voix cassée par une nuit mouvementée. J’suis prête à m’exciter sur un punchingball ou m’envoyer un mètre de shoot, j’sais pas trop, mais je me sens revitalisée après ce demi-litre de pure bonheur.

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