La tête lourde, Isaak émergeait doucement d'un pesant sommeil. La soirée d'hier lui revenait par bribes tandis que ses yeux tentaient de se réhabituer à la lumière du jour. Il se trouvait à l'instant même sur un lit. Un lit qu'il avait fini par connaître. Non loin de lui était posée une masse, et même s'il ne lui faisait pas complètement face, le Petrov savait déjà à qui s'en tenir. À peine vêtu, il sentait les draps caresser son épiderme meurtri au rythme de ses mouvements. Peu à peu, les douleurs de ses marques lui revinrent, mordant sa peau. Saleté. Pour la peine, il lui donna un coup de genou dans les côtes. Il le méritait bien celui-là. Soupirant, il réalisa enfin ce qui l'avait réveillé. On entendait des coups frappés de plus en plus fort contre une porte, sûrement celle d'entrée. « Putain. Nino. Nino. NINO. » Il avait beau le secouer, le taper, rien à faire, il faisait le cadavre. Avec un peu de chance, la personne à l'entrée s'en ira. Mais non, déterminée, elle semblait toujours là. « Tu me saoules. » Contre son gré, Isaak se força à se lever, en prenant la peine de remettre un pantalon. Les cheveux en bataille, il traîna des pieds jusqu'à la porte, puis avec toute la mauvaise foi du monde, il l'ouvrit, se retrouvant face à une fille qu'il avait déjà vaguement vu. Elle lui semblait familière. Il baissa finalement les yeux sur le mioche qui tirait sur son froc. Sans un mot, la jeune femme lui tendit un sac, probablement les affaires du môme, puis elle s'en alla. Quelque peu confus, le russe revint dans l'appartement, le gosse à sa suite. Il jeta le sac sur le canapé puis indiqua la chambre de Nino au petit. « Allez, va rejoindre ton satané oncle Joe. Te prive pas pour lui sauter dessus. » dit-il doucement en le suivant.

Le corps étendu entre les draps, le visage enfoncé contre l'une des coussins, la masse à ses côtés ne se soucie pas de l'autre tas squattant son lit. Et c'était devenu si régulier qu'il avait presque cessé de se plaindre, lui accordant la seconde place sans prendre conscience de ce quotidien qui s'installe dangereusement entre eux.  La douleur lui arrache un grognement, repoussant vaguement d'un geste approximatif, du bout de son bras, et sa voix laisse filtrer ses insultes d'un ton bas, se voulant pourtant menaçant. Ouais enfin, dans l'idée. enfoiré, laisse moi dormir putain dégage ouais…ouais c'est ça va t'faire … Et d'un soupire, il tire sur les draps souillés pour y rester logé, pas prêt de se bouger. Il ne se souciera pas des coups contre la porte, l'esprit encore endormi. Il se souciera pas plus du croupier, voguant dans l'appartement comme si c'était le sien. Non, il s'en fout complètement, tant qu'on le laisse dormir un peu plus longtemps et reposé son corps fracassé. Sauf que de l'autre côté, l'enfant suit les conseils de satan et se faufile aussi vite dans la chambre de son oncle.

Le poids écrase son dos et ses côtes lourdement, lui arrachant une plainte étouffée. PUTAIN ISAAK Il se redresse aussi sec, soudainement éveillé et prêt à mordre, son pauvre neveu se retrouvant à glisser sur le côté à présent vide du lit. La place de l'autre con. TU ME CASSES LES COUIL- Joe.  Il s'étrangle presque, écarquillant les yeux sous la surprise de le voir là. Attends, il s'était passé quoi hier au juste ? Un temps d'arrêt à chercher ses souvenirs loin, très loin, trop loin et il en remarque -enfin- la présence du russe. Il le foudroie du regard, comme si cette histoire était sa faute, juste parce qu'il saisissait franchement rien. aish Et son corps s'allonge à nouveau sur le matelas, levant ses yeux vers le plus jeune.  Dis pas putain devant ta grand mère ok ? Et évite de dire couilles sauf si on t'embête. Genre à lui, tu peux lui dire. Et il désigne le lui en question, un sourire con coincé sur les lippes. Nino et l'éducation, tout un art.

L'air perdu, Isaak regardait le gosse Choi pénétrer dans la chambre de son tonton. Il ne lui était pas inconnu, il avait déjà croisé le petit quelques fois. Il connaissait sa bouille et ne semblait pas avoir de problème apparent avec lui. C'était juste un môme, et peut-être bien qu'il le prenait en affection, pour une raison qui lui échappait encore. Un sourire apparut sur ses lippes alors qu'il le voyait sauter sur Nino sans aucune délicatesse. Ouais, il l'aimait bien ce petit. Et le cubain qui disait de la merde, ça c'était beau à voir. Doucement, il s'approcha en faisant abstraction de la vue que lui présentait le plus vieux des Choi. N'était-il pas tout nu là-dessous ? Il se rappela alors de la nuit qu'ils avaient passé avant de s'endormir tous les deux comme des tas. Il lui avait explosé son cul bien il faut, et le pire c'est qu'il en était fier. Quelle salope. Un sourire étira un court moment ses lippes avant de s'effacer quand il arriva à la hauteur du gamin. Son regard froid se planta dans le sien, le dissuadant de faire quoi que ce soit. « T'as intérêt à bien parler devant moi, compris ? » menaça-t-il d'un air dur avant de soudainement ébouriffer avec douceur ses cheveux de gosse. « Tu dis vraiment n'importe quoi, Nino. Tch. Tu me saoules. » lâcha-t-il en se posant sur le lit, poussant un tantinet Joe au passage pour qu'il se retrouve entre eux. Isaak avait repris sa place. « Choi, je savais pas que tu gardais le p'tit aujourd'hui. C'est ta sœur que j'ai vu ? » demanda-t-il en tirant la couverture, la reprenant de plein droit.

Et plus il grandissait, plus Joe semblait adorer appliquer les conseils les plus fourbes. Isaak, qu'il n'aura que rarement vu, aura déjà poussé ce gosse à attaquer son propre oncle, trahissant ainsi sa famille. Alors apprendre des insultes qu'il a lui même prononcé n'était qu'une douce revanche tombant malheureusement à l'eau. Son sourire reste étalé, ses doigts se perdant dans ses cheveux sombres en pagaille, résultat d'une nuit à peu de répit.  C'était presque fascinant, le regard braqué de ses yeux d'enfant, soutenant celui du russe avant de secouer la tête.  t'es pas la maîtresse et j'écoute pas les inconnus Mais il n'échappera pas à la main du russe, entre protestation et rire. Aish, pourquoi il… Comment ça, Nino dit n'importe quoi ? Émergeant à peine et déjà si mal traité, putain. Heureusement qu'il baisait bien. Isaak reprenant sa place, il ne se priva pas pour lui infliger un coup dans le tibia. Ca, c'était pour le coup de genou plus tôt, connard.  Liz l'a déposé pour la journée, ouais… J'pensais que tu l'avais déjà croisé.  tu bosses toi aujourd'hui? La conversation horriblement normale. Il se redresse, s'appuyant sur ses bras dans une légère grimace pour en constater toujours à quel point ce bâtard y allait pas moins fort avec le temps. Et p't'etre que c'était sa faute aussi, à jamais réclamer moins. Posant ses mains sur les épaules de l'enfant, il le tourne complètement vers Isaak. tourne toi jo, j'me change. Inutile qu'il voit les marques du cannibale à ses côtés hein. j'essaie de l'emmener quelque part, 'fin tous les dimanches... j'avais un peu zappé de te prévenir. Quoi qu'en fait, il lui devait rien. Et en se retournant, tirant déjà le haut noir puis fermant son pantalon sur ses hanches, il découvre le gosse en pleine tentative de combat sur un adversaire bien plus fort que lui, demandant pourtant où ils allaient aujourd'hui. Ah, ouais, la bonne question. euh, on va… Sauf que, comme de toute évidence, il avait zappé et perdu le fil des jours, il avait pas vraiment de réponse. Ca craint si ils retournent à l'aquarium ?

Enfant rebelle. Isaak sentait les gènes Choi lui remonter au nez, pour sûr qu'il était le neveu de son oncle, lui. Soupirant, il lui lança un regard mauvais, un de ces regards qu'il réservait tout particulièrement au plus vieux. « Saleté. » dit-il doucement. Que ce soit pour le môme ou le coup qu'il venait de se recevoir dans le tibia. Quelle famille de merde. Le Petrov se blottit de nouveau sous les draps, recherchant un peu de confort malgré les deux zigotos à côté. Il hocha vaguement la tête à la mention de la fille Choi avant de la secouer, signe que le souvenir de la demoiselle lui avait semblé bien lointain. « Je bosse le soir, Nino. Y a pas un rat la journée. » répondit-il. Évidemment, il ne lui retournera pas la question, lui qui foutait rien. Isaak l'avait appris à ses dépens, après avoir remarqué à quel point sa libido était anormale. Non pas qu'il n'arrivait pas à suivre le rythme, loin de là. Mais bientôt faudra qu'il le baise entre deux pauses café au travail pour être sûr de le satisfaire. En voyant Joe lui faire de nouveau face, il ne put s'empêcher de le fixer, ce qui eut le don d'interpeler le gosse. Déterminé, il semblait déjà vouloir fighter le russe. Avec un sourire en coin, il lui donna une pichenette fatale sur le front, avant de l'empêcher de riposter en posant une main sur ce front endolori. Pauvre enfant. Mais qu'est-ce que c'était drôle. « Vous voulez pas aller au musée ? » suggéra Isaak, la main bloquant toujours le bébé Choi. « Ce serait mieux qu'une nouvelle sortie à l'aquarium, n'est-ce pas Nino? Oncle en carton. » lâcha-t-il comme s'il avait lu dans ses pensées. « Ça élargira ta culture inexistante au moins. » Il ne le provoquait jamais assez.

Ah, ouais. Qu'est-ce qu'il en savait, lui, de ses horaires ? Il pourrait jurer l'avoir retrouvé dans son lit en soirée, à moins que la nuit ne soit réellement entamée, prête à laisser place au matin ? Il en savait foutrement rien, en fait, et préféra se contenter d'un haussement d'épaules. Du moment qu'il répondait présent quand il le désirait, ça lui posait pas encore trop de problème. Laissant à Isaak l'enfant sauvage, il ressent les premières courbatures, les premières douleurs en enfilant les vêtements et c'est d'un sourire amusé qu'il peut le voir, ouais… Un vrai Choi, pas capable de tenir en place face à l'ennemie, détournant à peine le regard en réclamant la sortie du jour. Une question à le laisser muet de réflexion, la réponse ne venant étrangement pas de sa part. ...au quoi ? Le musée. C'était pas vraiment dans sa liste d'activité et honnêtement, il avait pas le souvenir d'y avoir mis un jour les pieds. Le genre d'activité du dimanche qui ne collait simplement pas avec sa vie. Son regard glisse sur le plus jeune, tentant en vain de s'échapper de la prise du russe. Regard relevé par la surprise vers ce dernier, l'évidence sur le visage. Comment il avait deviné ce bâtard ?! Qu- genre, on serait pas retourné deux fois au même endroit t'es con. Carrément que si. Et il secoue la tête, se racle la gorge avant de s'arrêter. Oh putain il l'aurait bouffé. Il arrêtait pas une seconde ce fils de chien. Le majeur levé dans un grognement, accompagnant sa réponse.  Elle t'emmerde ma culture Petrov, t'as pas plus la gueule à y aller j'te signale. Persuadé qu'il y avait jamais été, lui non plus. T'façon, quand est-ce qu'il en avait le temps ? ...mais ouais, ça peut être cool. Pour Joe, pour sa culture justement, dans l'idée qu'il voulait ce qu'il y avait de mieux pour lui. vous pressez surtout pas hein, j'vous laisse jouer. Des vrais bébés, tous les deux. Le geste moqueur, les yeux levés, il ramasse le paquet de clopes sur la table de nuit pour disparaître dans la cuisine.  Pas comme si Isaak semblait avoir mieux à faire de toute façon… Pas qu'il avait pensé à lui proposer de se ramener. Mais les invitations avaient toujours autant de mal à filer.

La main sur son front, le regard déjà blasé, le soupir qui s'échappe, ça n'étonne même plus Isaak de savoir que Nino ne prêtait pas vraiment attention à ses horaires. Tant qu'il se faisait sauté, c'était sûrement le plus important. Et fallait croire que le russe en savait plus sur la vie de l'autre enculé, que l'enculé sur la sienne. Mais le Petrov était ainsi, secret à propos de sa vie, tant qu'on ne lui demandait rien, il n'avait pas de compte à rendre. Comme quoi on lui avait jamais vraiment rien demandé, de peur de se faire mordre. Isaak releva la tête vers Nino lorsqu'il sentit l'incompréhension lui brûler les lèvre. Il n'en était pas étonné. Le Choi ne savait foutrement pas ce qu'était un musée. Sa capacité intellectuelle était pire que ce qu'il croyait. « Au musée, tu sais ce que c'est au moins Nino, non ? » dit-il de son sourire moqueur. Toujours un moyen pour l'embêter et l'enerver. Un passe-temps dont il ne pouvait plus se priver. Et aussi simple d'esprit que Nino était, c'était assez simple de tirer des réactions de sa part. « T'es trop con. » répondit-il simplement à sa remarque. Évidemment qu'il y était déjà allé, plusieurs fois même, souvent contre son gré, forcé à apprendre des choses qui ne le passionnaient pas tant que ça, dicté par les ordres d'un père trop dur. Il n'en dira rien néanmoins, le regardant partir de la chambre en emportant avec lui les clopes. Il allait encore puer de la gueule. Isaak grogna à cette pensée avant d'enlever sa main du front du môme, manquant de le faire tomber. Remonté, ce dernier semblait prêt à se venger mais le russe lui en empêcha en l'attrapant par la taille, le soulevant soudainement pour le porter tel un sac de patates. « Vilain garnement. » dit-il en rejoignant doucement son oncle dans la cuisine, le neveu sur l'épaule. « Je fais rien aujourd'hui tu sais. » lança-t-il dans la foulée, bien décidé à l'entendre de sa bouche, ces mots qui signifieraient tant de choses à la fois. Son corps se rapprocha du sien, doucement, tandis que sa main effleurait rapidement sa taille. Puis son visage se rapprocha du sien, un sourire aux lèvres. Ni une, ni deux, ses doigts attrapèrent une des cigrettes, la plantant entre ses propres dents.

Peut-être qu'il faisait pas attention, ou p't'être que le russe ne laissait pas autant transparaître d'informations à propos de lui. Est-ce que Nino est de ces mecs si faciles à comprendre, une fois qu'on s'y intéressent un peu ? Sûrement. De son point de vue, y avait pas grand chose à en savoir et c'était même plutôt simple. Il aimait sa famille, ses potes en premier et il aimait un peu trop baiser. On faisait rapidement le tour. Mais Isaak ? Isaak, il savait qu'il aimait surtout bien le défoncer, comme cette nuit, ressentant toujours le plaisir sous une autre forme le lendemain. Et le pire, c'était souvent proportionnel. Je sais ce que c'est, jsuis pas complètement débile Petrov Et il grogne, écorche les graves, les lettres de son prénom roulent sur sa langue. Une bien étrange contradiction, quand on sait à quel point il peut l'avoir prononcé d'une toute autre façon, son putain de nom.  Il l'abandonne là, après s'être traité mutuellement de con, rien d'exceptionnellement différent à leur vie si ce n'est ce gosse, demandant à se battre avec lui. Et dans l'autre pièce, il a déjà la cigarette aux lèvres, l'allumant machinalement en le voyant apparaître. Toujours torse nu, le plus jeune porté sur l'épaule et s'amusant toujours autant de cette situation. Il faisait rien aujourd'hui. Il arque un sourcil avant de percuter. Aish, est-ce qu'il le faisait à chaque fois exprès ou il voyait vraiment pas qu'il le laissait petit à petit prendre part de son quotidien ? Comme cette soirée du nouvel an, comme quand il s'était incrusté chez lui la veille. ... tu vas au musée, tu fais pas rien. Comme aujourd'hui une nouvelle fois, à imposer la situation plutôt qu'à prononcer sa demande. Son regard ne l'a pas lâché, l'observant, ce rapprochement. Si ils n'avaient été que tous les deux, il lui aurait arraché de ses lèvres pour les lui mordre et effacer ce sourire présent. achète toi tes propres clopes isaak putain. A la place, il était bon qu'à lui foutre un coup de pied dans les jambes, lui claquant le briquet dans la main, puis le contournant pour se préparer un café.