L'Histoire
certains commencements débutent de façon très discrètes, au point où l'on ne remarquerait même pas qu'ils sont en train de se produire. Pendant que d'autres arrivent quand on s'y attend le moins, et n'augurent rien de bon.

CHAPITRE I » certaines coïncidences semblent moins anodines qu'elles ne le devraient. n'est-ce pas étrange d'apprécier sa vie malgré la dureté de celle-ci ? masochisme. en partie. ou simplement une moralité derrière chacune de ses pages alors écrites. on en retire les leçons que l'on désire, ou que l'on veut bien entendre. sana ne voit qu'une chance en celle-ci, celui de la création de son alter-ego à sa naissance. un jumeau. un cadeau. récompensé par l'absence subite d'une mère, et le désarroi d'un père. mais elle ne le comprend pas encore. petite fille encore trop jeune pour capter l'essence même de leur existence.

petite, il, ce père qu'elle apprit à connaître, la regardait encore, lui offrait son attention la gâtait. parfois un peu trop. contrairement à son frère. celui-ci ne sachant guère ce que c'était que de grandir au creux d'un amour paternel.

il essaya. malgré tout, il fit ce qu'il pouvait. c'est ainsi qu'elle le percevait, petite âme innocente ne sachant encore guère ce que thanatos faisait subir aux éveillés.  ses onyx se questionnaient quant aux cris et rébellions que créé son frère. kazuya. pourquoi agir ainsi alors que leur père était là ? alors qu'il s'occupait d'eux comme il était censé le faire ? bien sûr, il était là pour elle. mais cette figure paternelle haïssait kaz au plus profond de son être. et puis, un jour, il les lâcha. ces mots brutaux. ce père avoua avec dureté ce qu'il tenta en vain de surpasser à sa fille.

j'aurai aimé rencontrer ma mère. on m'a souvent dit que je lui ressemblais.

et ça le faisait souffrir de devoir regarder sa propre fille, sa propre chair, avec un douloureux sourire aux lèvres, alors qu'elle porte en son adn les traits de celle qu'il aima d'un amour assurément éternel. douloureuse tâche qu'était la sienne. mais il l'assuma autant que possible. il n'avait plus qu'eux, après tout. jusqu'au jour où il en eut marre de faire semblant.


CHAPITRE II »

une vérité, peut-être. avouer que tu ne cesses de blâmer ton fils pour l'adieu de ta première femme. informer de l'ignorance prêtée à ton second enfant à cause de toute la peine que tu ressens en croisant son regard. mirage donné aux baveux. médisance face aux méandres tumultueux de leur famille. pouvons-nous encore l'appeler ainsi ? le débat est ouvert.

ses efforts d'antan furent vain. les derniers souvenirs frappant la mémoire de sana commencèrent à s'amoindrir petit à petit. quelques résidus ici et là, une vulgaire nostalgie qui n'en est, au final, plus une alors qu'elle commence à comprendre la complexité de leurs liens.


assez.

écran noir alors miroité à travers ses hématites. sana ne pouvait plus supporter les mensonges crachées par celui qu'elle osait encore appeler père.

j'ai envie de crier parce que je n'ai plus personne à qui parler. t'es parti. papa agit bizarrement. j'ai l'impression de ne plus avoir ma place nul part. tu me manques kaz.

tout semblait différent. la maison. sa vie. elle avait l'impression d'être enfermée dans une sorte de bulle mensongère, dans laquelle elle n'arrivait plus à se reconnaître. une réalité alternative qui ne lui plaisait guère. et tout ceci, depuis que kazuya s'en était allé à seoul pour suivre ses études de vétérinaire. il avançait. il avait fait en sorte de s'éloigner de ce qui le détruisait. et il semblait épanoui, vivant. et heureux, loin de sa sœur. un rictus prônait alors sur ses lippes. ô doux sentiment de trahison. sana ne pouvait s'empêcher de souhaiter détester son frère pour cet abandon brutal. elle était bien trop dépendante de lui. elle n'avait aussi presque que lui dans sa vie. depuis son départ, sana se sentait seule, et avait du mal à encaisser avec sa faible force morale tous ces moments familiaux que leur père rendait si difficile à supporter au quotidien. le concept de famille n'existait qu'en simple mirage dorénavant. un visuel dressé afin de se donner une bonne image au public. apparemment, ça aide beaucoup pour les affaires. en dehors, chacun se conduisait comme étranger dans cette si grande demeure. alors oui, il était bien facile, pour sana, d'avoir l'impression d'être isolée de tout. de n'avoir plus personne vers qui se tourner. un peu comme une vulgaire princesse coincée au dernier étage d'une grande tour, attendant patiemment qu'une personne vienne l'en délivrer. est-ce stupide, au final, d'avouer qu'elle se noyait facilement dans ces récits féeriques ? cette vie retranscrite sur papier lui semblait si facile. elle aussi, elle aimerait connaître ça un jour, mais en attendant... elle essaie de trouver un sens à sa vie.

et ce sens, elle finit par le trouver à new york, dans la prestigieuse école de design; parsons.

la mode c'est de l'art, de la culture, de l'histoire et tout ce que j'aime d'autres, combinées ensemble.

CHAPITRE III »
pendant quatre ans, elle resta à new york, là où elle apprit le design de mode en côtoyant les plus grands. sa vie, elle l'avait trouvé là bas, et pourtant c'était comme si une part d'elle était manquante. pendant chacune de ses vacances, elle s'arrangeait afin de s'envoler vers la corée du sud afin de retrouver son frère. durant ces quatre années, ce même rituel se répétait inlassablement au point où elle trouvait cela plus logique pour elle de faire son nid là-bas. drôle d'ironie, quand on sait que leur père en a l'origine. et c'est peut-être d'autant plus étrange de savoir que sana n'avait jamais réellement fermé la porte à leur famille. l'espoir faisait peut-être vivre, mais elle croyait dur comme fer qu'il était encore possible d'améliorer les choses et de rattraper le temps perdu. utopiste, très certainement. mais elle était persuadée qu'un jour, son imaginaire prendrait forme. était-ce alors fou de vouloir déménager à busan, là où les racines paternelles sont implantées, pour espérer ce renouveau ? naïveté, cette douceur. petite sana crédule. mais une sana qui cherche à se battre ardemment pour ce en quoi elle croit fermement.

ce n'est qu'un début.