Aujourd’hui, la journée fut particulièrement matinale sous un ciel bleu en compagnie de nuages gris sans pour autant ne pas faire beau. Mes parents décidèrent de se rendre au café Chingu demandant ma présence obligatoire pour rencontrer des amis soi-disant. Vous pensez que j’allais y croire ? Pas du tout. Grandissant dans une famille de riche avec les rencontres médiatiques et d’autres personnalités, j’ai appris à reconnaître les pseudos rencontres menant en fait à des arrangements entre entreprises, mais quoi de mieux de le faire dans une discrétion telle se rendre dans un café ?

Je n’avais pas tellement envie de sortir une tenue des plus élégantes que j’ai fait au plus simple avec un jean déchiré, une paire d’escarpin, un pull et ma veste trench. Mon but n’était pas simplement d’aller à ce café, mais faire faux bond. En effet, je me doute de l’intention de mon père, trouver un époux à sa seule héritière de la famille. Cependant, j’ai choisi autrement et je déciderai quand je voudrais épouser, ce qui n’est pas dans l’immédiat.

Arrivant sur le lieu attendu, je passais devant les serveuses voyant déjà mes parents en compagnie du prétendu couple dont je sentais déjà l’annonce : mariage arrangé. Ils ne m’avaient pas encore vu et puis si je ne me pointe pas, mes parents feront une crise, mais ce n’est pas pour autant qu’ils aillent me renier. Sans plus tarder, j’entreprends le chemin derrière les plantes décoratives, mais voyant le regard de ma mère vers la porte, je sentis l’étau se resserrait…

Ni une, ni deux je me mis sous une table, soufflant sur une mèche de cheveux devant le visage : « Fiou, qu’est-ce qui ne faut pas faire… ». Jetant un coup d’œil, je pris mon miroir afin d’avoir un meilleur angle de vue.

J’avais longuement hésité avant de me décider à venir à ce pseudo rendez-vous. Longtemps je m’étais questionné, me demandant ce que mon père me voulait subitement. Il avait prétexté un rendez-vous d’affaire alors qu’il n’avait jamais requis ma présence auparavant, pour qui me prenait-il au juste ? D’autant plus que j’avais brisé les ponts avec lui depuis longtemps, il n’y avait plus que ma sœur pour nous relier. Il n’était pas invité au mariage qui aurait du avoir lieu il y a plusieurs mois, et n’a même pas fait acte de présence à l’enterrement de sa future ex-belle fille. Il ne faisait plus partie de ma vie depuis bien longtemps et voilà qu’il voulait me parler d’un quelconque héritage à me léguer. C’était nouveau cela. Lui qui n’avait jamais porté le moindre interet pour son fils sauf devant les caméras. Pas une fois, il m’avait demandé comme je me sentais, et il devait bien s’en foutre d’ailleurs, n’ayant jamais que ressenti de la haine pour ma personne, m’ayant accusé d’un fait dont je n’étais pas responsable. Malgré toutes les raisons qui auraient du me pousser à faire demi-tour et fuit au plus vite cet endroit, j’entendais encore Sana qui me suppliait du regard, me convainquant qu’il voulait peut etre, dans un infime espoir renouer des liens avec moi. J’y allais pour elle.

Nerveux, je finissais ma clope à l’extérieur, un peu en retrait de l’entrée pour ne pas attirer l’attention. Les mains au fond des poches, je jetais un coup d’œil au travers de la fenêtre, apercevant mon père assis au fond de la pièce, en compagnie d’un couple. Je fronçais les sourcils de rage en comprenant où il voulait soudainement en venir. Cet enculé avait organisé un mariage arrangé pour faire fleurir d’avantage ses affaires. Il se foutait de ma gueule sérieusement ? Pensait-il au sentiment d’autrui parfois alors que j’avais encore du mal à me remettre de la perte de ma fiancée ? le regard ombré par un orage de l’âme plus que palpable, je pénétrais dans le café, me dirigeant droit vers lui, prêt à lui dire ses quatre vérités. Cependant, l’éclat de rire de la jeune mère me freina. Ils avaient l’air de gens biens, méritaient-ils un tel traitement ? Pris d’un relent soudain de culpabilité, je me cachais sous la première table venue pour éviter le regard inquisiteur de mon géniteur. A ma grande surprise, je tombais nez à nez avec une demoiselle ayant pris résidence dans la même cachette que moi. « Euuuuuh, salut !? » murmurais-je sans vraiment comment réagir. « On partage la table ? »

Alors que j’étais cachée sous la table en me demandant combien de temps que je resterai ainsi. Est-ce que mes parents tenteraient de me joindre ? Sous cette pensée, je mis en silence mon téléphone afin d’éviter de me faire repérer. Qui aurait cru qu’une héritière, mais surtout directrice ferait cache-cache, quelle jolie image que je fais franchement. Soudain, je faillis bondir en voyant un autre individu. Partager la table ? Lui aussi évite une rencontre ? Je profite également de jeter un œil sur l’individu, plutôt grand, les cheveux bruns, léger odorat de cigarette, mais hormis cela son apparence n’était pas déplaisante. « Il y a assez de place pour deux, je ne dirai pas non » répondis-je en le regardant.

Voyant la table de mes parents avec d’autres en train de s’agiter, je vis ma mère sortir son téléphone, sans plus attendre l’écran de mon téléphone s’éveilla. Tirant la grimace et craignant que mes parents persistent car ils ont dû anticiper ce coup-là, forcément c’est une monnaie courante les mariages arrangés où vous pouvez être certain que peu de personnes sont remplis de joie. Réfléchissant à une solution, je me tourne vers l’homme qui se tient à mes côtés : « Je pense que mes charmants parents ne vont pas lâcher l’affaire, cette table peut maintenir encore quelques minutes avant que les serveurs décident d’installer des personnes, une idée partenaire ? Ah, au fait, je m’appelle Rhee Jae-hwa, mais surnomme moi simplement Jae. ».

Il n’était pas courant de croiser une belle étrangère au pied d’une table d’un restaurant alors que l’on cherchait à fuir le regard de son père. Je fus d’ailleurs le premier surpris. Néanmoins, les situations saugrenues étaient mon quotidien, et je ne me réjouis de celle-ci. Restait à savoir si elle était mon alliée ou si j’allais me faire jeter comme un mal propre. Sa réponse m’arrachait un sourire alors que je jetais un coup d’œil nerveux vers mon paternel qui perdait patience à s’excuser mainte fois face à mon retard et à mon manque de réponse à ses appels. Quelle image je devais offrir à ces gens qui me pensaient être un potentiel gendre ? Franchement, je m’en fichais pas mal. Et si, ca pouvait faire chier mon père, ce n’était pas plus mal. Je pretais attention à la jeune femme alors qu’elle parraissait aussi pressé que moi de quitter cette table. Elle n’avait pas tord, ce lieu pouvait être aussi bientôt le rendez-vous d’un couple amoureux, se livrant à leur amour aux yeux de tous. « Si on reste planquer ici, et que des jambes se présentent à nous, nous n’auront qu’a leur faire du pied, ils penseront être charmé l’un par l’autre. » Je ricanais silencieusement pour ne pas se faire repérer par ma bétise. Puis, je suivis son regard vers la table où se trouvait mon géniteur. Et je compris avant même qu’elle ne me dise son prénom. Cette fois, j’éclatais de rire sans aucune retenue, m’éclatant le haut du crane sur le bois. Chance pour nous, le brouhaha ambiant couvrait mes éclats. « Alors c’est toi ma future femme ? » demandais-je taquais, particulièrement amusée de la tournure que prenait la situation. « Me voilà rassurer de voir que tu ne veux pas plus que moi de ce mariage arrangé. Au fait, je m’appelle Nakamura Kazuya, mais appelles-moi Kaz ou Kazu, ou autre. Apres tout, je m’en fiche.»

Que dire de cette situation comique et mémorable ? Cacher sous une table dans un restaurant pour échapper aux parents négociateurs de la vie de leurs enfants. Cruel destin ou alors l’esprit frappeur a-t-il encore frappé ? Il faut le croire. L’idée de ton partenaire d’aller faire du pied à d’éventuelles jambes afin de jouer les pseudos cupidons te parait bien tentantes que tu te mets à rire aux éclats. Soudain, le son d’un rire à côté de toi te parvint pour te rendre compte que ton partenaire n’était autre que ton futur époux. Il se prit d’ailleurs la table au passage que toi aussi tu éclates de rire. Le bruit assourdissant du restaurant vous couvre, mais pour combien de temps ?
« Alors voici mon futur époux, bien que je ne désire pas le vœu de mes parents. Ma vie m’appartient uniquement et si je veux des gosses, c’est mon souci ! Ses parents mêle-tout ou juste le bien de l’entreprise… Enfin, je suis ravie Kazu de faire ta connaissance sous cette table, c’est original, mais à la fois excellente ! » Un large sourire se dessine sur ton visage, mais tu vois celui de ta mère se crispait en regardant dans votre direction que tu lâches : « S.O.S, mère nous fusillant littéralement, on va finir pire que ces homards ! ».

Regardant ton partenaire, inquiète de ce qui risque de se passer, tu te dis qu’il valait mieux assumer et qu’à choisir Kazu pour ton futur époux serait agréable plutôt qu’une personne n’ayant pas le même humour, non ? Lançant un dernier soupir, tu fis : « T’es prêt ? ».