Absence, silence. N'être que l'ombre de quelqu'un. Cette impression est horrible. Mais ce sourire, il te rend heureuse, il te fait oublier, il te réchauffe aussi. C'est étrange. Quand tu y repenses beaucoup de choses sont flous. Ton cerveau bloque, t'aime pas trop penser à ton enfance et tu ne la racontes que peu. La version
"métro, boulot, dodo" mais pour les enfants...
"bus, école, dodo"...... Elle n'a d'yeux que pour lui, le garçon, l'aînée. Mais elle t'aime aussi beaucoup, sans forcément le montrer. Être bonne à l'école c'est une façon de se faire mieux voir peut-être. Dans le quartier ça n'aide pas vraiment d'être la première de la classe, d'avoir les joux un peu rondes et quelques kilos en trop
pour la norme. T'arrivais pas à être vraiment toi, à te forger une identité t'étais une gamine paumée, dans un quartier qui craignait, mais tu avais un foyer et un toi. Une famille qui malgré toutes tes pensées était aimante et douce.
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Mais même lorsque l'on arrive à se donner l'illusion que tout va bien, certaines choses ne passent pas. Tout n'allais pas bien. Entre l'un qui fait sa crise d'adolescence et l'autre qui perd son travail... Bah toi tu ne pouvais que te taire et subir.
T'as pas le droit de te plaindre, c'est pas pour toi que c'est le pire ma grande. D'ailleurs t'es toujours comme ça. T'as appris à juger la gravité des choses. Mais tu t'es aussi enfermer dans le silence. Te taire et observer. Te taire et écouter. Voilà ce que t'a fais pendant plus d'un ans. Ce n'était pas si différent de d'habitude...T'étais plutôt de type discrète et calme déjà. Tout le monde se disait que ça finirait par te passer. Un ans plus tard t'as réalisé que tu avais perdue ton père, mais que ton frère l'avait encore plus mal vécue que toi. Tu ne pouvais pas faire grand chose pour lui, tu ne peux jamais faire grand chose pour lui.
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Mais on ne peut pas se baser simplement sur lui pour raconter ton histoire. En grandissant il est devenue lui et tu es devenue toi. Un peu moins sage chaque année mais toujours discrète.
L'idée c'est de faire des conneries, mais de pas se faire choper. Des trucs pas trop importants au début, faire le mur, fumer ta première cigarette... pour faire comme les rebelles, pour te faire voir, remarquer. Mais tu redeviens la gentille fille sage, te débrouilles pour que personne ne soit au courant, c'est bien plus drôle et ça t'écarte des situations compliquées.
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C'est quand il part que tu te sens libre mais aussi un peu bizarre. Comme s'il manquait une présence. Mais tu t'y fais et tu l'imites, t'es plus en âge d'être cajolé par ta mère maintenant que l'aîné est parti. T'assume pas forcément devant la famille, mais t'es plus la même. Heureusement tu réussis tes études, donc personne ne se pose vraiment de questions.
Certains sont même jaloux. Ils n'ont pas tous le luxe ne pouvoir se la couler douce tout en validant leur année. Alors tu vas toujours un peu plus loin, touche à des choses qui feraient s'évanouir ton frère s'il le savait... Et ta mère ?
N'en parlons pas, moins elle en sait mieux elle se porte.