the beginning of a team ☾,

feat. Raya Gabriel, Chanrueng Manoa
☽ Un mois et demi que je me retrouve en Corée du Sud,  à Busan. Un mois et demie que je donne des cours à des enfants. Je ne fais pas énormément entendre ma voix, ni ne montre mon handicap. Je n’ai pas porté mes appareils auditifs depuis que je suis ici, pour ne pas être mis à l’écart. Ce qui est bien avec les enfants, c’est qu’ils ont la voix qui porte et que je puisse lire sur leurs lèvres. Je n’aurais pas cru cela possible, d’aimer donner des cours à des enfants. Ils sont innocents et me rappellent un peu James qui me manque énormément. Je n’ai pas arrêté complètement le patinage, mais je n’ai pas encore eu le temps de chercher un homme qui accepterait de me prendre comme un patineur. J’aimerais vraiment pouvoir évoluer sur la vraie scène internationale, montrer ce que je vaux malgré mon handicap. Evidemment, si la journée je suis parfait et me montre sérieux, je ne peux pas en dire autant quand la nuit tombe. Je pourrais passer des heures à patiner loin de tout, je passe mon temps à sortir dans les boites. N’ayant pas encore trouvé le moyen de me lier socialement avec les autres. Je suis conscient de me mettre à l’écart de moi-même, mais j’ai déjà été mis à l’écart par tant de personnes, que maintenant je me méfie. Pourtant, je me suis lié sexuellement avec des étrangers.. Dont un homme que je vois constamment la journée quelques soirées dans la semaine. On ne parle pas vraiment quand nous sommes ensemble. On se connaît d’une toute autre manière, fort agréable. Je suis inculte concernant sa renommée, bien que j’ai eu la chance de pouvoir l’admirer quelques fois sur la glace, qu’il me montre à chaque fois inconsciemment, puisque, nous sommes dans la même patinoire. En revanche, on ne se connaît pas plus que ça. Je pars généralement dès que nous avons terminé ce que nous devions faire. Je n’ai jamais trouvé l’intérêt de rester auprès de cet homme. Sûrement, une autre façon pour moi, d’éviter de m’attacher. Ce n’est pas non plus comme s’il cherchait à me connaître ou me retenir. Après, nous être dépensés, tout redevient normal.. On a jamais vraiment parlé.. Alors, si vous me demandez si je le connaissais.. Sur le plan anatomique oui, mais de l’autre non. Cela en est de même pour lui. Je ne peux pas dire que nous avons des points communs.. Excepté que nous aimons la glace. Finalement, le cours se termine, je claque de mes mains pour annoncer la fin des cours et, je les préviens de bien se couvrir afin de ne pas attraper froid.

De mon côté, je me courbe comme ils le font en guise de respect et je me retire. Je dois rentrer chez moi, me changer, et sortir.. J’ai un rendez-vous particulier ce soir.. Avec Gabriel.. On a pris nos habitudes tous les deux.. On se retrouve dans un hôtel.. Chacun prend une chambre, pour éviter encore plus les doutes.. On change parfois les numéros.. De là, chacun de nous, va dans la chambre de l’autre. Nous arrivons jamais à la même heure.. Ni même les réservations.. Cet hôtel est un peu reculé de Busan pour plus de discrétion. Finalement, ce soir, c’est lui qui doit venir dans ma chambre. Du coup, quand je rentre, je décide de m’avancer encore un peu plus dans mes devoirs par correspondance. Je ne sais pas quand il va arriver. Je me mets contre la fenêtre et je commence à pianoter sur le clavier de mon ordi, attendant mon rendez vous. C’est toujours comme ça.. Je ne dirais pas qu’une routine s’est installée entre nous, mais ne sachant jamais quand l’autre arrivera, bien qu’on ait instauré une tranche, chacun est libre de faire ce qu’il veut. De là, je reçois un appel via skype de mes grands, parents. C’est rare, mais malgré le décalage, ils se lèvent bien tôt pour avoir de mes nouvelles.

« Hé ! »

Je ne leur parle pas longtemps. Afin qu’ils aillent se rendormir bien au chaud sous leurs couettes. Finalement, je range l’ordi après avoir rapidement tapé quelques lettres sur le papier blanc. De là, je me lève et regarde par la fenêtre attendant que cet espagnol vienne.. On peut dire qu’il sait se faire attendre.

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feat. Raya Gabriel, Chanrueng Manoa




L’avantage d’être un patineur réputé, c’est que je peux avoir la patinoire pour moi en dehors des heures d’ouvertures pour m’entraîner. Le concierge et gardien me connaît depuis le temps que je suis en Corée. C’est bien plus agréable lorsque le bâtiment est désert. Je peux mettre la musique de mon programme et répéter encore et encore. Cependant, ce soir je garde un oeil sur l'horloge murale. Je ne dois pas louper l’heure, j’ai un rendez-vous. Ce n’est pas parce qu’il n’y a rien de sérieux entre Manoa et moi, que je dois trop le faire attendre. Pourtant, c’est plus fort que moi. Je continue d’évoluer sur cette piste glacée jusqu’à la dernière minute. Puis je vais m’asseoir sur un banc, retirant délicatement mes patins. Je ne me presse pas vraiment, prenant le temps de bien essuyer les lames, c’est important. Enfin, je rassemble mes affaires et je quitte la patinoire, saluant le gardien au passage. Le parking est tout aussi vide. Je monte à bord de ma voiture. Mon premier réflexe est toujours de mettre la radio, puis j’allume le moteur et je me mêle à la circulation dense de Busan. Je mets un peu de temps à sortir de la ville. L’hôtel où nous devons nous rejoindre étant en périphérie. C’est plus sûr. Nous voir chez l’un ou chez l’autre, c’est prendre le risque de se faire repérer plus facilement. Je ne tiens pas à ce que ma bisexualité soit étalée en première page des journaux. Je ne veux pas non plus que Manoa ait à subir les conséquences de ce genre de scandale. Il n’est rien de plus qu’un amant d’un soir pour moi, mais tout de même … Je ne lui souhaite pas ce genre de chose. Je ne le souhaite à personne. J’ai vécu un scandale lors de mes premiers Jeux-Olympiques en 2014, mes propos ont été mal compris et détournés, les médias n’ont pas manqué de me traîner dans la boue … J’étais jeune et j’ai eu un peu de mal à encaisser.

J’arrive finalement devant l’hôtel. On ne se rejoint pas toujours au même endroit, encore pour brouiller les pistes. Manoa m’a laissé le numéro de sa chambre, mais au pire je peux l’appeler. Pour le moment je récupère les clés de la mienne, je dois aller me doucher et me changer. Certes, pour ce que nous allons faire je vais être à nouveau transpirant, ce n’est pas une raison pour ne pas avoir envie de plaire. Manoa n’est peut-être qu’un amant régulier, j’ai tout de même de la considération pour lui et je me respecte assez pour me préparer avant. J’enfile ensuite des vêtements propres, un peu de parfum, je me regarde dans le miroir … Est-ce que je me rase ? Depuis quelques semaines je laisse pousser ma barbe et je dois dire que ça me plaît assez … Je vais rester comme ça. De toute façon, si je me rase, je vais être encore plus en retard. Je prends mon portable et les clés de ma chambre, laissant mes affaires ici, pour finalement aller rejoindre Manoa. Je toque à sa porte et lui adresse un sourire charmeur lorsqu’il vient m’ouvrir. Quelques banalités sont échangées, même si nous ne parlons pas vraiment plus que ça en général. Encore moins après. Quand c’est Manoa qui vient il part tout de suite après et j’ai pris l'habitude de faire la même chose. Je sais que Manoa est malentendant, mais qu’il peut entendre avec ses appareils et lire sur les lèvres si on articule suffisamment, alors j’essaie de faire attention à ça, ne sachant pas toujours s’il porte ses prothèses.

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☽ En toute honnêteté, mes grands-parents savent ma préférence pour la gent masculine, mais ne savent pas que si le jour je suis « sage », la nuit je suis un peu plus sauvage collectionnant les coups d’un soir. Il m’ait déjà arrivé d’avoir des amants réguliers, mais je dois avouer que Raya est le seul qui dure longtemps. Est-ce que cela va continuer ? Je ne saurais dire, je vais voir ailleurs, comme je me doute qu’il en fait de même de son côté. Je n’ai jamais réellement patiné devant lui, ce n’est pas comme si j’ai le temps en prenant de plus en plus de cours pour les enfants. La vie à Busan est chère. Et puis, je n’ai pas trouvé d’entraineurs capables de m’entrainer ou que je peux faire confiance. Je ne fais confiance à personne, c’est mon problème, j’en ai parfaitement conscience. Quoi qu’il en soit, maintenant que j’ai rangé mes affaires, je regarde mon portable, je n’ai pas de message de mon amant. Sûrement qu’il n’a pas vu le temps passé, c’est quelque chose d’assez commun et ordinaire. Lui, peut fouler la glace quand il le veut, il n’a pas besoin de la partager apparemment.. Par contre, je ne saurais dire son niveau si ce n’est que j’admette qu’il est vraiment bon. Il semble même avoir son lot de fans sans cervelles aussi. Quand j’entend frapper à la porte, je ne me demande pas de qui il s’agit, il doit s’agir de mon rendez-vous de ce soir. Je lui offre un léger sourire quand son visage apparut devant mon regard chocolat. Je lui suis reconnaissant de bien articuler.. Même si, on pourrait compter le nombre de paroles que nous avons échangé, car elles sont très limitées. On échange quelques banalités, comme « bonjour » ou « bonsoir », « entre » ou alors « je t’attendais ».. Bref, ce ne sont que des mots. De toute façon, chacun de nous n’est pas venu ici pour faire du copinage.

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☽ J’étais comment dire.. De par ses mains expertes.. J’appréciais ce qu’il me faisait ressentir.. Il n’y avait pas eu un autre homme et je me surprenais à parfois comparé mes autres amants avec ce Gabriel dont je ne connaissais rien, pas même son palmarès. C’est ainsi, on ne pouvait vraiment rien y faire. Cependant.. Il semblerait que ce soir.. Nos projets tombent à l’eau. Je le fusille légèrement du regard quand il répond à son mobile. Je ne suis pas appareillé, mais je ne comprends pas pourquoi il n’a pas mi son téléphone sous silencieux.. A croire que finalement, cette journée va se terminer de la pire des façons alors que nous avons jouis tous les deux. J’inspire, mais au fond de moi je râle. J’ai l’impression d’être pris pour un pigeon.. Par contre, je ne m’attendais pas à ce qu’il m’apprenne de ce que je crois comprendre que son coach va m’appeler et qui plus est, que je dois être son coach ? J’y connais rien pour les dates et règles.. Ce n’est pas comme si cela m’intéresse aussi faut le dire. J’aime la pratique, j’aime la glace, mais alors ce qui se fait pour « eux » qui puissent entendre simplement.. Qui sont sous les feux des projecteurs.. Je n’en sais rien. Je me lève. Nettoie mes mains pour mettre mes fichus appareils, afin de pouvoir prendre l’appel de son coach qui ne tarde pas vraiment. Je suis toujours abasourdi.. Je ne suis pas du genre à m’attacher, me rapprocher des autres, surtout de ces personnes qui ne souffrent d’aucun handicap et qui finalement jouissent d’une vie sans tracas. Parce que dans le fond, c’est toujours moi qui souffre. Donner notre confiance et les faire entrer dans nos vies, c’est tendre le bâton pour se faire battre comme on dit. Quoi qu’il en soit, il semble tellement démuni et perdu par la situation, que je ne peux qu’accepté la quémander de cet homme à l’autre bout du fil. Lui-même, semble bien embêté de laisser son poulain à son cadet. Surtout qu’il me demande impérativement de venir le voir pour qu’on puisse en parler. Je finir par raccrocher et observer mon amant régulier. Comment notre duo va fonctionner ? C’est une bonne question.. Il va aussi falloir que je revois tout mon emploi du temps avec tout ça.. Non.. Parce que je ne suis qu’entraineur à mi-temps.. Quand on aura plus besoin de moi, faut que je sois assuré que ma place auprès des enfants soit gardée.. Je n’ai pas envie de faire un autre boulot.. Avec mon handicap.. Retrouver un travail risque d’être très difficile pour moi.. Déjà, que cela n’a pas été simple d’obtenir le poste que j’occupe aujourd’hui.. Il m’énumère les deux grandes compétitions à venir.. Je suis pas non plus complètement paumé et s’il doit faire ces deux compétitions de haut niveau c’est que finalement..


« Tu dois être bon alors pour participer à ces compétitions. Il va falloir que je m’arrange et.. Je pense pas que tu puisses te débrouiller seul.. Il y a sûrement beaucoup de choses à s’occuper.. Faudra juste que tu me montres ce que tu sais faire et qu’on voit pour tes programmes. »

Que je ne connais pas. Je l’ai vu brièvement. Ce n’est pas comme si j’avais mon regard toujours posé sur lui et je ne suis pas tout le temps à la patinoire non plus du moins, pas aux même horaire que lui. Dans tous les cas, il serait peut-être judicieux qu’on arrête là pour ce soir. Quoi que vu l’expression qu’il fait depuis que je lui ai parlé de son niveau, j’ai l’impression d’avoir dit la plus grosse bêtise de ce soir.. Il s’emporte, et là cette fois je comprends ce qu’il dit.. J’aime bien les langues et cela m’amuse quelque part, mais je partage son avis.. Moi aussi j’aurais voulu qu’on continue.. Je me nettoie et vais chercher mes affaires… Seulement… Est-ce que tout doit finir maintenant ? Je veux dire… Je suis frustré et je ne suis pas le seul… Pourquoi devrait-on arrêter maintenant ? Surtout qu’en y pensant on va devoir se rendre à l’hôpital tous les deux. Je pense que si on se croise ou qu’on apparaît en même temps, ce ne serait pas étonnant n’est-ce pas ? On pourra toujours dire qu’on a essayé d’avoir le numéro de l’autre pour qu’on se réunisse au plus vite afin de pouvoir démarrer sur le bon pied ? Surtout que je ne sais pas quand la prochaine fois on pourra.. Puisque je m’interdis d’avoir une relation sexuelle avec mon boulot, car sinon cela devient trop compliqué après. Alors autant en profiter aussi maintenant.. Je m'approchai alors de lui pendant qu’il était en train de s’habiller et posai ma main sur sa joue, il se décontracta et je mis mes lèvres contre les siennes. Ce baiser dura seulement quelques secondes, mais il était doux. Lorsque mes lèvres se séparèrent des siennes, il semblait troublé. Je lui murmure :


« Je ne mélange jamais vie privée et professionnelle.. Donc.. Tant que je serais ton coach.. Je pense qu’il vaut mieux mettre cela en stand by.. Ceci dit.. Comme je commence que demain.. Continuons ce qu’on était en train de faire. »

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