L'Histoire Tant de fois, ses doigts se sont pris à trembler. Les lèvres cousues, les mains plaquées contre ses dernières pour qu’aucun son ne s’en échappe jamais. Il a été l’enfant faible qu’on voulait fort. Un cri et les coups reprennent, jusqu’à ce que sa peau ne ressente plus la douleur. Il a perdu sa candeur entre des pulpes qui se sont violemment enfoncés dans sa chair. Pendant des années, Hwan n’a pensé qu’à la fuite ; il ne voulait pas d’un endroit qu’il appellerait « maison », seulement un où les cris ne résonnaient pas à chaque mur.

Toujours la même peur dans ses iris sombres, malgré les années, les centimètres qui lui ont fait dépasser son paternel d’une tête au moins. Il courbe l’échine et laisse la main lui brûler la joue. Il ne sera jamais plus qu’un moins que rien.

Son premier sourire, il l’a eu à ses côtés. Elle. Sa meilleure amie d’enfance. Une douce langueur s’est éprise de lui, manifestement d’un amour naissant. Il a été le plus heureux quand elle a accepté d’être sa petite-amie.

Mais il a été le plus misérable quand elle a hoché la tête à sa demande de mariage.


Réalisation tardive, et il est bien ce lâche que son père lui a toujours assuré être.

(Il se souvient de vacances au soleil, au bord de la mer, seul. Un instant de faiblesse qui devint un rituel. De bras qui l’étreignent, de lèvres qui se perdent le long de son cou. De cet homme.)

Et les voix qui lui répètent « infidèle ».

Il a mérité chaque coup.