(CARPET OF EMOTIONS)
((
ootd))
Il l’aimait à s’en damner, il l’aimait comme un damné.
Condamné par de précieux sentiments qu’il avait longtemps chéri au plus profond de lui, il les a laissés conditionné son existence et le fil de ses pensées. Il n’y avait que Shin, il n’y avait jamais eu personne d’autres. Pourtant, de sa haute tour, le destin s’amusait à contempler l’hérésie de leur amour, les rapprochant sans jamais les laisser espérer plus qu’un frôlement. Il mettait son âme à nu, bien que le mensonge en dissimule encore certains attraits. Hwan ne disait pas toute la vérité, il omettait sciemment quelques détails qui feraient surement plus de bien que de mal. Comment pouvait-il confesser que les bases mêmes de leur relation étaient bâtis sur un mensonge, il était en couple à leur premier baiser, il était fiancé en ce moment même tandis que ses lèvres se meuvent pour lui avouer son amour. Hwan était pris au piège, les chevilles liées par un engagement duquel il ne pouvait se défaire, le cœur épris d’un autre.
Il désirait tant que Shin l’entoure tendrement de ses bras,
qu’il étouffe dans sa belle étreinte. Il aimerait que son dernier souffle s’égare contre sa peau.
Son cœur était un tambour, des milliers de vibrations qui tentaient de suivre le rythme irrégulier d’un orchestre amorphe, parce qu’il n’avait de raison d’être que quand l’autre était à ses côtés. Il s’épuisait et se fanait d’être si loin de lui. Il ne revivait qu’à travers ses yeux, leur cristallin brillant d’un feu tumultueux, les flammes s’épuisaient, incapable d’en surmener plus,
pas quand Shin lui répétait qu’il ne le croyait pas.
Hwan ne lui en voulait pas, il ne se croirait pas non plus.
« Je regretterai jamais la moindre seconde avec toi. » souffla-t-il, la voix brisé, le cœur émietté du ton dur qui accueillit ses paroles. Son dos retrouva bien plus durement la voûte de la grotte, en raclant la surface sans le moindre ménagement. Ce n’était rien, la douleur n’était que passagère, les lèvres de Shin suffisait à
l’anesthésier, ne lui laissant que le plaisir qu’il ressentait à l’étreindre ainsi. Ses doigts s’égarèrent dans les courtes mèches du jeune homme, sa gorge se dévoila un peu plus, lui offrant la possibilité de le marquer à sa guise. Il ne pensait pas à la réaction de sa fiancée si elle venait à découvrir cela, elle devenait le dernier de ses soucis.
Il voyait le regard assombri de ses pupilles dilatées, il guettait les émotions qui ravageraient bientôt ses beaux traits, et c’est cupidement, qu’il embrasse cette fierté de ses bras tendus ; les paroles pouvaient bien contredire les pensées, mais le corps de Shin était incapable de le mentir, un relent d’apaisement caressa son esprit telle une brise légère. Il se laissait manier entre ses bras, certain qu’un jour viendra – qu’importe l’attente, Shin lui pardonnera. Parce qu’ils s’aimaient plus que de raisons, leurs âmes écorchés ne suppliaient que pour leur salut. Que les tourments s’apaisent. Ses jambes trouvèrent leur place autour de la taille du brun, ses lèvres cajolèrent sa tempe, ses hautes pommettes, ses lèvres dont il ne saurait se lasser un jour. «
Je suis à toi, je l’ai toujours été. » Ses iris s’épuisaient à chercher son regard, son corps se languissait de lui. Les commissures de ses lèvres se soulevèrent en un tendre sourire, incapable de déguiser plus longtemps ses émotions sous des artifices. Il avait fait semblant depuis bien trop longtemps, devant ses parents, devant elle, devant le monde. Il n’était lui-même que quand sa chair épousait celle de son amour. Il l’emprisonna un peu plus dans l’étau de ses longues jambes, ses phalanges se courbant contre son beau visage pour en admirer les traits sculptés par le divin.
« Shin. » Son visage ne cessait de le subjuguer. A lui en couper le souffle, à lui en faire perdre la tête. Son prénom était sa plus belle mélodie. Deux ans, aussi longs que pénibles. Son faciès était semblable à ses souvenirs, mais différent d’une étrange manière, comme si le temps l’avait façonné et renforcé, l’innocence de ses iris s’était éteinte. Et ça le brisait de s’en savoir la cause, il soufflera de nouveau chaque étoile là où était sa place. Il captura ses lèvres d’une violence qui n’égalait que la force de ses sentiments, il les malmena de ses dents, glissant jusqu’à sa mâchoire, son désir suprême, il le dévorerait s’il le pouvait.
« Fais-moi mal. » gémit-il presque tout contre le lobe de son oreille, que Shin lui fasse expier la douleur causée à son cœur.
C’était sa seule prière.