T'as rendez vous avec Silas aujourd'hui. Une soirée posée comme vous savez si bien le faire. ça fait un moment que c'est pas arrivé tiens. Mais là, ce soir, c'est urgent. Il faut que tu lui parles. Que tu lui parles de Lena. Du fait que tu l'as revu. De ton intention de la reconquérir. Parce que tu ne peu pas vivre sans elle, parce que tu t'es rendu compte qu'elle était tout pour toi. Est ce trop tard ? T'en sais rien, t'espères pas. Au fond de toi tu sais qu'il y a toujours quelque chose, qu'il y a de l'espoir, que tu peux y arriver. Mais t'as quand même besoin d'en parler à Silas, savoir si t'es pas juste entrain de foncer droit dans le mur. Et en dehors de ça, l'entreprise de ton père tout ça. Bref, faire un compte rendu quoi. Un peu comme les filles savent le faire, sauf que toi, ça ne va pas durer trois heures.

Tu lèves les yeux de ta télé lorsqu'on sonne. Tu lèves ton cul tu canapé pour aller ouvrir la porte. Un sourire avant de t'adresser à ton meilleur ami. - t'as mis le temps tu te fous de lui, ouais, complètement. Vous êtes pas vraiment du genre à vous donner rendez vous à une heure précise et encore moins à la respecter. Tu le laisses entrer avant de retourner au salon pour baisser le son de l'écran, histoire d'avoir un bruit de fond. Tu te diriges ensuite à la cuisine. - t'as soif ? Autant prendre ce qu'il faut maintenant avant de se poser.

Une fois de retour au salon, tu pose les boissons sur la table basse et t'affale à nouveau dans le fauteuil. Silas fait comme chez lui, il le sait. Ce n'est plus une nouveauté. - alors, comment tu vas ?

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Silas sait qu’il est censé se lever, se bouger le cul, et aller chez Loan. Et il est heureux d’y aller, et d’voir son vieux pote, c’est pas le problème. Le problème, c’est qu’il a une flemme immense de faire quoique ce soit. Joon est allé voir ses parents, et Sewoon semble avoir qu’une envie, celle de lui rappeler son absence. Et c’est chiant. C’est nul. C’est tout pourri. Silas a envie de rester dans son pieu toute la journée, à lire ses livres de géo. Mais il a promis à Loan. Puis, encore, peut-être que ça lui fera du bien de se changer les idées quelques heures. Il lui faut peu de temps pour arriver jusqu’à la porte de son ami. Il sonne. Il sait plus trop s’il était censé prévenir de son arrivée ou pas. Tant pis. Loan le connaît, de toute façon. Il sourit en coin à la réflexion de Loan. Finalement, le voir, c’est pas une si mauvaise chose. Avec un peu d’chance, même, il arrivera à lui changer complètement les idées. Il lance un petit “hm” affirmatif à la question de Loan. Il a pas vraiment soif, mais il dirait pas non à un truc à boire, non plus. Pas parce que c’est poli, d’accepter de boire un truc. Non. Puis la politesse entre Loan et Silas, y’a longtemps qu’elle a disparu. Mais s’il peut occuper ses lèvres à quelque chose qui soit pas discuter, c’est pas plus mal. Être à l’écoute est loin d’être la qualité la plus connue de Silas, probablement parce qu’il l’est peu, voire jamais. Parler ou écouter, il préfère parler. Sauf que il faut parler de lui. Et de sa vie privée. Là, il serait bien capable d’écouter le jérémiades de n’importe qui pendant des heures, plutôt que de parler de ce qu’il ressent, quand, comment, et pourquoi.
Lorsque Loan revient, Silas a déjà pris place sur un genre de fauteuil assez classe. Et Loan prend place sur le fauteuil face à lui. Comme deux fils de grandes familles qui discutent de leur vie. Ils ressemblent à deux connards prétentieux. Et c’est pas grave. Après tout, est-ce que c’est pas un peu ce qu’ils sont, parfois ? Silas en tout cas. Loan, c’est une autre paire de manche. Il hausse les épaules, à la question de Loan. Pas vraiment heureux qu’il la pose, d’ailleurs. Il se satisfait d’un “comme d’hab” plus ou moins habile, et prend un coca posé sur la table. En prend une gorgée, et regarde son meilleur ami. “Et toi ?” Il a pas envie de parler de lui. Mais sent une extrême envie de discuter de Joon. Il le fait pas, pas pour le moment. Il le fera peut-être, plus tard. Puis, peut-être que Loan pourra le remettre sur les rails, le droit chemin, et qu’il pourra calmer ce manque qu’il ressent depuis quelques jours, et qui le déprime, tous les jours un peu plus.

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Tu n'attends pas réellement de réponse à ta question que tu cherche déjà à boire dans le frigo. Dans tous les cas s'il ne veut rien, il ne boira pas et puis c'est tout. Tu vas pas te vexer ou quoi. C'est bon. Vous avez passé ce stade depuis longtemps. Alors que tu reviens et que tu t'affale enfin dans le fauteuil. Tu prends une canette de coca pour l'ouvrir et boire un peu avant de lui demander comment il va. Sa réponse ne t'étonne qu'à moitié. Il n'a jamais été le genre à déballer gratuitement sa vie. Même à toi. Il faut toujours un petit temps avant qu'il se lâche. Et t'as pris l'habitude. Alors tu parleras de toi en premier. - moi ça va .. mon père me submerge de boulot pour tenter de m'éloigner de la musique mais ça fonctionne qu'à moitié .. Tu souris un peu. Il sait très bien, mieux que personne. Qu'on ne pourra pas t'enlever la musique. Jamais. Impossible. Te séparer de ta table de mixage c'est comme te séparer de ton pancréas, ou un de tes reins. C'est beaucoup trop vital quoi. Mais là n'est pas le sujet principal. Ce n'est pas pour ça que tu lui as demandé de venir. Ce n'est pas de ça que tu avais besoin de lui parler. Parce que ça c'est pas nouveau, c'est quotidien.  Ton père vous le connaissez aussi bien l'un que l'autre. Tu repose la canette et le regarde. - sinon j'ai revu Lena .. ça y est, la bombe est lancée. Le sujet de conversation délicat. Tu ne rajoute rien pour le moment. Lui laissant le temps de réagir. Même s'il devait bien ce douter qu'un jour tu lui reparlerais d'elle. Parce qu'il sait très bien que tu n'as jamais su l'oublier.

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Lorsque Loan se met à parler, Silas l’écoute. Il est pas le genre de mec à trop accepter d’écouter, Silas. Ou alors quand il le fait, en général, ça le gonfle assez rapidement. Mais là, c’est différent. Là, c’est Loan, qui parle. Et quand Loan parle, Silas écoute. Quand Loan parle, Silas essaye d’intégrer ce qu’il dit et de trouver la meilleure réponse pour l’aider un minimum. Lui donner son avis, au moins. Il connaît ça, un peu, le struggle des parents contre ce qu’on veut vraiment faire de sa vie. Après tout, il le vit tous les jours. Ses parents qui veulent qu’il reprenne l’entreprise familiale, alors que lui, veut juste parcourir le monde. Loan vit ça, aussi. Dans une autre mesure. Silas trouverait ça dommage, qu’il laisse tomber la musique. Il est plutôt bon, là dedans. Il se débrouille bien, très bien même. Il a un don certain. Comme Silas avec les cultures étrangères. Et de toute façon, c’est peine perdue, comme le père de Loan. A l’inverse du sien, qui aura gain de cause, au final. Silas a jamais prévu de faire de sa passion son métier, plus tard. Ses parents ont toujours eu gains de cause, avec lui. Il aimerait parfois, être plus courageux, un peu, être comme Loan. Mais jusqu’à maintenant, il a toujours préféré éviter le conflit, plutôt que de rentrer tête la première dedans. Sauf que maintenant, y’a Joon. Et Joon, ses parents veulent lui enlever. Et ça, Silas peut pas l’accepter.
Il pose sa canette, et Silas comprend que ce qu’il va dire, ensuite, est important pour lui. Et il parle de Lena. Il l’a revu. Et Silas hoche la tête, un peu. Il comprend, pourquoi Loan lui a demandé de passer. Il comprend pourquoi il voulait le voir. S’il a revu, Lena, c’est normal. C’est une truc important pour lui. Silas le sait. Et quiconque les ont connu lorsqu’ils étaient ensemble, le sait. Loan sans Lena, c’était plus trop Loan. Pour Silas, c’est différent. Parce qu’il a connu Loan avant. Mais ce serait des conneries que de dire qu’elle a pas changé sa vie. Ils auraient jamais dû rompre, selon lui. Même s’il croit pas en l’amour, Silas, si y’a bien un couple dans lequel il mettrait son argent pour parier sur sa légitimité, ce serait eux deux. “Comment ça s’est passé ?” Il est intéressé par la réponse. Il aime pas les blabla des gens, en général. Les histoires d’amour cuculs. Mais là, c’est différent. C’est le bien de Loan. Son bonheur. Y’a peu de personnes que Silas s’inquiète de voir heureux ou malheureux. Mais Loan, son meilleur ami, son ami d’enfance, un de ces seuls vrais amis, est certainement l’un d’eux.

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Tu parle rapidement de ton père. Il ne peut que comprendre. Parce qu'il vit un peu la même chose que toi. Des parents qui voient un avenir que vous ne voyez pas forcément. Toi pas en tous cas. PDG ça t'inspire pas tant que ça. T'as besoin de liberté, un peu, au moins. T'as besoin de la musique, de t'évader de temps en temps. Aoir de la thune c'est cool mais il n'y a pas que ça qui compte. Enfin bon. Le sujet passe rapidement. Tu en viens à parler de Lena. La raison de votre conversation aujourd'hui. La raison principale de sa visite. Il te demande comment ça s'est passé. Tu ne saurais pas trop le dire. Bien ? Ou moyen bien. Mieux que tu ne le pensais. Oui, ça oui. Tu pensais que t'allais t'en prendre une. Mais non. T'as eut de la chance sur le coup. Tu joues un peu avec ta canette, la faisant tourner sur place. Haussant les épaules. - Mieux que je ne l'aurai cru. Tu souris un peu. - Elle ne m'a pas tué, c'est déjà pas mal non ? Un léger rire avant de reprendre ton sérieux. - C'était quand même assez.. étrange.. ça fait longtemps que j'me suis pas senti aussi con.. J'savais pas trop par quoi commencer.. Ce jour là, au café. T'as jamais été aussi mal à l'aise. Même votre toute première rencontre avait été plus simple que ça. En même temps tu t'es barré pendant plusieurs années. Sans rien dire. Sans lui donner de nouvelles. T'as été un peu con quand même, voire beaucoup. Si elle te laisse une chance, tu ne la laisseras pas passer. C'est certain. Sauras-tu être à la hauteur cette fois ? Tu feras tout pour en tous cas.

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Silas a toujours été intéressé par le bien-être de Loan. Puis, tant qu’à faire, vu qu’il y a littéralement qu’un couple qui puisse réellement fonctionner sur cette Terre pourrie, autant que ce soit celui de son meilleur pote. Et autant qu’il marche jusqu’au bout. Quand Silas a apprit pour l’autre type là, le débile grandeur nature, il a pas cru une seule seconde à ses conneries. Déjà, Loan, comme lui d’ailleurs, ils sont hétéros. Genre, de vrais mecs hétéros, incapables de juste coucher avec un autre gars, parce que trop bourrés, juste. C’est con, que Loan l’ait cru. Et que Lena l’ait cru, aussi. Silas était pas là, et il se dit que ça aurait été bien différent s’il l’avait été. Ou peut-être pas. Parce qu’il peut très bien rooter pour eux, ça veut pas forcément dire qu’il se mêlerait de leurs affaires. Surtout que les problèmes de couples, no thanks, très peu pour lui. Lorsqu’il répond, Silas hoche doucement la tête. Ok. Ouais, ça se tient. Après tout, ça aurait pu se passer très mal. Mais ça s’est mieux passé qu’il ne le pensait. Tant mieux. Il le voit pas sourire, parce qu’il le regarde pas, mais l’écoute, juste. Il a la main sur sa canette de coca, qu’il tourne entre ses doigts. Il rigole pas, à la phrase de Loan. Peut-être que c’est censé être drôle. Silas a du mal à piger quand rire ou pas, quand c’est une conversation à deux. Après tout, quand c’est un groupe, y’a qu’à rire quand les autres rient. Mais à deux. Puis Silas, il a pas le même humour que tout le monde, non plus, alors ça aide pas.
“T’inquiète Loan, t’es toujours un peu con.” Il ponctue sa pique d’une nouvelle gorgée de soda, un mi sourire aux lèvres. Il aime bien le charier. C’est amusant, puis ça détend l’atmosphère, un peu. Il espère, au moins. “J’suis content pour toi.” Ses phrases sont concises. Elles l’ont toujours un peu été. Il reprend une gorgée de coca, et le regarde, finalement. Il aimerait lui parler de Joon, autant qu’il a envie de garder ses pensées pour lui. Il a jamais trop kiffé ça, se confier. Même à Loan.

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Silas a toujours été le seul a écouter tes histoires de coeur avec Lena. Il a toujours été le seul a qui tu t'es confié, sur a peu près tout. Parce que t'es pas non plus du genre à tout raconter comme ça, gratuitement. Non. Alors les seuls à te connaître par coeur, à tout savoir sur toi sont Silas et Lena. Bien que pour le coup Silas a quelques années d'avances sur Lena, pour le moment. Tu n'as pas encore rattrapé le temps perdu. Mais tu en as bien l'intention. Tu lui raconte alors tes retrouvailles avec celle que tu as épousé. Et tu peux pas empêcher un sourire à sa remarque avant de hausser les épaules. - C'est comme ça que tu m'aime toi non ? Tu le regarde, bois une gorgée avant de reposer ta canette. Silas n'a jamais été très bavard, mais tu sens, au fond tu sens qu'il y a quelque chose. Comme s'il se retenait. Comme s'il enfouissait un secret un peu lourd à porter. Mais t'as pas envie de lui tirer les vers du nez non plus, s'il n'a pas envie d'en parler, c'est son droit. Et tu ne vas pas lui en vouloir pour ça. Il n'a jamais été des plus bavards, ça n'a jamais été vraiment son trucs les confessions. Tu tentes tout de même.  - T'es sûr que ça va ? Une personne lambda n'aurait sans doute pas remarqué ces petits détails qui te font douter. Mais tu le connais. Et depuis le temps que tu le côtoie, tu ne rate plus les micro expressions qui font partie de lui. Il sait que tu ne le forcera pas, s'il te répond que ça va, tu continuera simplement de parler de Lena. Pour terminer ton histoire. Mais c'est pas le plus pressant. Enfin, l'essentiel a été dit. Tu l'a revu, et elle ne t'a pas tué. Pour ce qui est de la suite, il faut que tu la revois encore un peu. Pour pouvoir dire ce qu'il en est. Est ce que vous êtes à nouveau ensemble ou non. C'est une question qui se pose. Mais tu n'en parlera pas tout de suite.  

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L’amour, c’est de la connerie. Un mensonge. C’est ce qu’on lui a apprit, à Silas, directement ou indirectement, depuis qu’il est gamin. Et au tout début de leur relation, avec Lena, Silas l’a prévenu, Loan. Même si, au bout d’un moment, il a bien dû se rendre à l’évidence. Lena et Loan, ils s’aimaient. S’aiment, probablement toujours. Silas laisse faire, et espère que ça va s’arranger. Et que le connard qui a lancé l’engrenage de toute cette connerie va finir par avouer que c’était que des mensonges. Parce qu’il le sait, Silas que c’était un mensonge. Et probablement que si les gens étaient aussi intelligents et observateurs que lui, ils le sauraient tous aussi. Il sourit un peu lorsque Loan lui répond que c’est comme ça qu’il l’aime. Silas hoche la tête. Il a pas tord. Il a jamais aimé les gens trop parfaits. Il l’est, lui. Parfait. Plus ou moins. Il supporte difficilement les gens qui semblent l’être plus que lui. Et l’ironie, c’est que, outre lorsqu’il est avec ses parents, il fait pas vraiment d’efforts pour être parfait. Vraiment, vraiment pas. Mais ça l’importe peu, après tout, les autres sont pas importants. Avec Joon, parfois, il fait attention. Mais Joon le connaît, et l’apprécie comme il est. Et ça, c’est le plus important.
Lorsque Loan lui demande s’il va bien, Silas sait que c’est le moment pour lui de se décider à lui parler, ou non, de Joon. Et il réfléchit rapidement. “Joon. Je sais pas quoi penser de ce que je pense de lui.” Il repose sa canette de coca sur la table, et appuie ses coudes sur ses cuisses. Se caresse le visage avec ses mains. Il est mal à l’aise. Vraiment mal à l’aise. Il déteste ça. “Oublie ça.” Il a envie de dire que c’est pas important. Mais il sait que ça l’est. Il a juste pas besoin de l’avis de quiconque sur son amitié avec Joon. Il a besoin de personne pour lui dire ce qu’il sait déjà. Joon est juste un ami très proche.

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