L'Histoire Il était fois dans le château doré du Prince Charmant...foutaise de conte de fée. La vie c'est pas du tout blanc ou tout noir, on t'a jamais appris à mélanger ? Révise les bases et revient me voir.

D'aussi loin que vont mes souvenirs d'enfance, j'en ai eu une plutôt bien dorée, couler dans l'argent et les caprices, chaque crise de larme déclenchait immanquablement l'arrivée d'un cadeau...une chose ou une autre. Quand on est gamin, chaque trouvaille nous émerveille, mais lorsqu'on grandit, ce n'est plus qu'une nouveauté parmi tant d'autre.

J'ai appris à me lasser rapidement de ce que je possède, si jeune, les seules choses qui trouvent encore un intérêt, lecture après lecture, les pages cornées ou l'encre légèrement effacé, ce sont ses bouquins. Qu'ils soient formels ou informels, l'imaginaire est une clé libératrice qu'un enfant salue avec vigueur. Entré dans un monde où les conséquences n'impactent pas la réalité. Les femmes, les hommes sont une collection éphémère, un tableau de chasse indélébile mais insipide. Sans véritable éducation sur la valeur des choses, j'ai tendance à rejeter sans une once de remord les choses pour lesquelles je n'ai plus d'intérêt, que se soit les gens ou les objets.

Choyé, par les bons soins d'une mère protectrice voir étouffante, je n'ai nullement manqué d'amour, lorsqu'un bleu faisait surface, le meilleur médecin du pays se déplaçait ou le baiser magique prenait sa place. Un lien privilégié même à l'heure d'aujourd'hui, il est indéfectible. Pourtant, très loin de moi l'idée de trouver la princesse, les femmes ne seront jamais aussi importante, elles doivent me chambouler, bouleverser mes habitudes, et ce n'est pas demain la veille que mon cœur de glace brisera sa coquille. Pourquoi cette distance ?
Elle, cette fille à la longue chevelure blonde, venu de l'étranger, tel un messie, une tentation incarnée, le rire doux, brisant ce petit gars encore inconnu à la sensation d'aimer. Se jouant de lui, des mois parti à la conquête de ses sentiments, blesser au plus profond de son être, j'ai enfermé ce jeune téméraire dans un coin et je suis devenu arrogant au possible. Seulement mes amis ont gardé cette place de choix.

Pression paternel, je n'ai pourtant jamais rechigné à la tâche, voulant prouver à cet homme de hauteur que je pouvais suivre son ombre sans trébucher. Les cours, les précepteurs, les heures d'insomnies, accumulant sa fierté et ses encouragements. J'ai suivi ses traces...je veux prouver au monde, plus qu'à lui-même, que je suis capable de m'élever bien plus haut.
Son décès fut un choc terrible, l'immortel que j'idolâtrais, pris dans un complot pour obtenir son entreprise, n'a été que poussière lors de sa disparation.
J'ai pleuré, dans les bras de ma mère, bouleversé, jeune, douze années de croyance et un jour tout s'écroule.
Je mettrais à terre ses enfoirés, eux et leur progéniture, aussi orgueilleux tous, je les écraserais, qu'importe le temps que ça prendra.
Cette carapace....j'ai vu des psychologues, inquiet de mon état, de ma façon négative de voir les choses. Aucun n'eut le droit d'entendre ma voix. J'ai cumulé les bagarres, l'adrénaline, ce besoin incessant de faire valoir ma force, de décharger cette colère au creux de mes tripes.

Mes dix-huit n'ont pas sonné comme le glas de la délivrance, la santé de ma mère en fut la cause. Tombant malade, elle est aujourd'hui bien trop faible pour sortir de chez elle, chaque jour elle m'inquiète et je sens que le jour où je la perdrais, je ne serais plus que l'ombre de moi-même. Personne ne connait ce secret. Je ne prévois pas de procurer de la pitié, tous ses hypocrites qui gravitent comme des sangsues nauséeuses. Je préfère susciter du dégoût, de la rancœur, de la jalousie...de la tentation. Qu'importe le sentiment qui en découle, j'encaisse les coups sans broncher et je les rend double.

Je suis un enfant prodige, clairement conscient de mon potentiel, de mon physique, je n'ai aucune gêne à me croire au-dessus des autres. Caractère changeant, en compagnie de ceux qui sont ma famille, fraternel ou de sang, je ne suis plus le même, je leur serais toujours fidèle, capable d'entacher ce nom. La jeunesse dorée n'est pas sans excès, savoure ta petite vie paisible, je te balance des billets à la face, s'il n'y a que ça pour te faire plaisir. Je vis d'impudence et d'outrage. Un verre puis deux, une fille puis une autre, un pas après l'autre.
J'ai la cuillère d'argent dans la bouche et je m'étouffe avec....