L'Histoire « tu vas avoir une nouvelle famille sang gyun. » c’était ce qu’on te répétait à chaque fois que tu devais changer de foyers et à chaque fois, tu perdais un peu plus espoir. tu n’avais que cinq ans et t’étais déjà blasé par la vie. tu savais que ça ne fonctionnerait pas, comme toutes les fois avant. combien de foyers t’avais vu passé ? sûrement trop pour ton petit âge. et encore une fois, ce serait pareil cette fois-ci. alors, t’as juste été dans la salle où vous rencontriez les futurs parents et les responsables des foyers. toi, t’avais jamais eu la chance de rencontrer des parents. apparemment, tu rentrais pas assez dans le moule pour prétendre avoir une famille. tu t’étais fait à l’idée. alors quand tu les as vu, ce couple souriant et heureux, t’as cru à une blague. tu t’es retourné vers la directrice de l’orphelinat sans réellement comprendre et ils ont pris la parole, la dame en premier. « sang gyun, nous sommes ici pour t’adopter… » ta bouche s’est ouverte, en grand alors que ton regard s’est posé sur eux. ils pouvaient y lire tellement de choses, de la peur, de la joie, de la tristesse et pire que tout de l’angoisse. tu n’avais pas envie d’avoir de faux espoirs, tu ne le voulais pas. ils t’ont alors expliqué leur vie, le fait que tu aurais quelqu’un d’autre à la maison et que tu ne serais plus obligé de passer de foyer en foyer. tu ne les as pas cru, t’as pas voulu les croire. tu n’as rien dit d’ailleurs pendant cet échange. t’étais dans un état second. de toute façon, il n’y avait rien à dire. ils partiraient comme tout le monde, te laissant seul. sauf que non, ça ne s’est pas passé comme ça. tu es parti avec eux, ta valise sous le bras, sans savoir ce qui t’attendait une fois chez eux.

« sang gyun, nous te présentons min jun. » la dame continuait de parler alors que min jun s’approchait de toi. t’as senti ton cœur battre plus fort dans ta poitrine alors qu’un sourire s’affichait sur ses lèvres. elle était belle min jun avec ses cheveux courts et son allure de garçon. c’était la plus belle de toutes les filles que tu avais pu voir jusqu’à maintenant dans les foyers ou dans l’orphelinat. et son sourire. mon dieu ce sourire, t’aurais pu le regarder pendant des heures. elle t’a parlé, t’as pas compris ce qu’elle a dit et t’as juste hoché la tête. ses doigts se sont liés aux tiens et elle t’a amené dans sa chambre, dans votre chambre. tout était déjà prêt et elle a commencé à énumérer ses jouets. mais toi, tu l’écoutais pas. ton regard était bloqué sur elle, sur ses gestes, sur son élégance. elle était belle et tu voulais la prendre dans tes bras cette petite fille. puis le charme a été rompu quand vous avez été interrompu par le monsieur, votre père. « les garçons, c’est l’heure du goûter. » les garçons ? comment ça les garçons ? ton regard s’est alors posé, surpris par les propos de cet homme. min jun est un garçon ? apparemment. mais ça ne changeait rien, il était quand même beau et tu ne voulais pas le quitter d’une semelle. t’as été son ombre pendant très longtemps, alors que le silence était tout ce que tu avais à lui offrir. tu n’arrivais pas à faire taire cette impression que t’allais retourner de là où tu venais. tu ne voulais pas t’attacher à eux, pas encore une fois, alors que t’allais partir.

pourtant, tu t’es attaché, plus que tu ne l’aurais voulu et un jour, alors que tu étais tombé devant chez vous en faisant du vélo, min jun s’est précipité vers toi et t’as pris dans ses bras. et là sans que tu ne t’y attendes et lui non plus d’ailleurs, tu as parlé pour la première fois. « minnie j’ai mal. » que t’as sorti. ta voix était rauque, juste un murmure parce que tu ne l’avais pas utilisé depuis presqu’un an. « je sais, ça va passer. » a été sa réponse alors qu’il te serrait plus fort contre lui et que toi tu continuais de pleurer. t’étais un être faible à l’époque. c’était ton petit frère qui te protégeait. lui qui t’aidait à tout faire alors, que c’était l’inverse qui aurait du se produire. mais t’aimais l’avoir près de toi de cette façon. t’aimais le serrer contre ton corps, sentir son odeur, écouter les battements de son cœur et dormir avec lui, bercé par le rythme de sa respiration. tu ne te rendais pas compte à l’époque que ce n’était pas parce que c’était ton frère que tu aimais tout ça, mais parce que c’était l’homme que tu aimais. mais tu étais trop jeune pour le comprendre. tu voulais juste pas que min jun s’éloigne de toi et t’étais jaloux de tous les autres. c’est pour cette raison que tu as commencé à faire du sport, à entretenir ton corps de lâche pour que ce soit à ton tour d’être celui qui le protégeait, d’être celui qu’il voyait comme un héros et pas l’inverse.

« tu trouves pas que ha min jun ressemble à une fille ? » « tu crois que ce serait pareil de le baiser que de baiser so min ? » « jsais pas, t’as qu’à essayer. » le genre de conversation que tu entendais souvent à l’époque et que tu supportais de moins en moins. si tu n’en faisais pas cas avant, c’était devenu de plus en plus difficile à mesure que tu comprenais que ce que tu pensais être de l’amour fraternel n’était autre que de l’amour, pur et simple. min jun c’était la personne que tu aimais, celle que tu voulais embrasser, celle que tu voulais toucher, mais plus qu’un simple frère. tu voulais tout connaitre de jun. au fil du temps, ça devenait de plus en plus compliqué de ne pas réagir à ce genre de commentaires sur lui. et ce jour-là, la goutte d’eau qui t’avait fait exploser avait été un commentaire qui n’était en soit pas très désobligeant mais c’était le tout qui t’avait fait explosé. « tu nous donnerais pas le numéro de ton frère, sang gyun ? » t’avais vu rouge et t’as chargé sans réellement te préoccuper du reste. t’en es sorti tout tuméfié mais heureux parce que t’avais réussi à leur faire peur. t’avais même sorti une phrase digne d’un navet. « tu le touches et je te tue. » et tu le savais, tu aurais pu le faire, tu l’aurais fait s’ils avaient touché ton frère. t’avais été sanctionné pour t’être battu mais si tu devais le refaire, tu l’aurais fait encore et encore.

« je t’aime minnie… mais pas comme un frère devrait aimer son frère. je t’aime comme un homme aime une autre personne. je t’aime comme papa aime maman. je t’aime de tout mon cœur. » c’est la première fois que tu mettais des mots sur ce que tu ressentais. c’était la première fois que tu osais dire ce que tu voulais réellement, le genre de relation que tu voulais réellement avec jun. et c’était ce qu’il voulait aussi. t’as pas réussi à cacher le sourire qui s’est affiché sur tes lèvres alors que tu le prenais dans tes bras et que tu l’embrassais jusqu’à perdre ton souffle. si tu avais pu continuer, tu l’aurais fait. mais il fallait que tu laisses jun respirer. tu t’es juste blotti contre lui, répétant tes je t’aime, sans même ressentir de honte. depuis ce baiser échangé sans que tu ne t’y attendes, t’avais espérer que ses sentiments seraient les mêmes que les tiens. et quand il avait répondu à ton baiser, t’avais cru mourir. tu n’étais pas sûr de ses sentiments pour toi mais maintenant tu en avais la confirmation. tes lèvres se scellèrent une nouvelle fois aux siennes alors que tes doigts cherchaient les siens pour tenir sa main. tu ne voulais plus jamais le laisser partir loin de toi, plus jamais.

pourtant, c’est toi qui est parti. c’est toi qui l’a abandonné sans explications. ce que tu redoutais que jun te fasse, c’est toi qui lui a fait. mais t’as pas eu le choix. t’étais encore une fois trop jeune pour t’opposer à une décision pareille. tu pouvais rien faire. t’as accepté sans broncher. t’es rentré un jour de ton entrainement de foot et t’as entendu tes parents t’appeler et le fameux « il faut qu’on parle. » le genre de choses que tu détestes entendre parce que tu sais que tu vas morfler. ce serait pas la première fois qu’ils apprennent que tu t’es battu parce qu’on s’est moqué de min jun. pourtant, quand tu t’es assis devant eux, l’atmosphère n’était pas pareille. c’était une atmosphère hostile, le genre que tu avais l’habitude plus petit et que tu ne pensais jamais ressentir. le genre d’atmosphère qui apparaissait avant que tu ne doive changer de famille. non non ! tu ne voulais pas changer de famille. tu voulais rester avec les ha, avec minnie. t’as ouvert la bouche pour dire quelque chose, mais t’as été coupé dans ton élan par des feuilles balancées sur la table devant toi. tu les as prise les mains tremblantes et tu as reconnu l’arrière de votre jardin, et vos corps à jun et toi entremêlés contre le mur alors que tu l’embrassais. ta main s’est contractée sur les photos alors que tu relevais le visage vers des gens que tu ne reconnaissais pas. ils étaient devenus des étrangers, avaient érigés entre toi et eux une barrière infranchissable. tu n’étais plus ha sang gyun… tu n’étais plus rien pour eux. « on veut que tu quittes cette maison… on a tout prévu. » et la brochure d’un internat sport études t’es apparu sous les yeux, les photos de ton appartement et de ton compte en banque bien rempli. « quoi non. mais je veux pas partir… et jun, jpeux pas le laisser. » « t’as pas le choix dans cette affaire sang gyun. soit tu pars de toi-même sans prévenir et sans chercher à contacter min jun par la suite, soit on t’accuse de viol sur notre fils. » tu sais pas ce qui t’as achevé, le viol ou le fait qu’ils marquaient pour la première fois de leur vie la différence nette et précise entre le fait que tu n’étais qu’une pièce rapportée de la famille et que min jun était le fils biologique. t’as alors accepté sans rien dire d’autre. qu’est-ce que tu aurais pu faire ? en parler à min jun, jamais ! tu ne voulais pas qu’il s’engueule avec les parents. « tu pars demain à cinq heures pour la capitale. prépare tes affaires avant de partir. et ne contacte plus jamais min jun. » t’as pleuré en prenant ta douche. t’as laissé toute ta frustration face à la situation sortir et quand t’es rentré dans la chambre, jun t’attendait le sourire aux lèvres. t’as réussi à faire semblant, t’as prétexté être fatigué pour qu’il ne te masse pas et encore moins qu’il ne peigne sur toi. t’aurais sûrement pas résisté à l’envie de lui dire. et il s’est endormi contre toi alors que tu n’arrivais pas à trouver le sommeil. puis tu t’étais levé comme un robot, avait pris toutes les affaires dont tu avais besoin, lui laissant ta paire de crampons que tu adorais et un mot à l’intérieur, un dernier je t’aime. tu l’as embrassé et t’es parti…

« putain c’est chiant, ton téléphone vibre encore. tu peux pas répondre à tes appels et à ce min jun. » tes lèvres se sont pincées à l’entente de ce prénom. puis tes yeux se sont posés d’eux-mêmes sur ton portable, où le prénom de min jun y était inscrit. t’avais changé le babe en min jun quand tu étais parti, et il t’appelait souvent. « pas envie. » faux, tu mourrais d’envie de lui parler, de lui dire que t’étais désolé et que tu l’aimais comme un fou. mais tu te doutais qu’il voudrait des explications et t’étais pas prêt à lui donner. pas après tout ce temps. « c’est qui lui d’ailleurs ? » que ton coloc a fini par te demander. « mon ex… » et ça a enfoncé un couteau dans ton cœur. t’as fini par éteindre le téléphone. tu voulais lui parler plus que tout au monde, mais tu ne pouvais pas, tu ne pouvais plus. et voir ses messages, entendre sa voix te faisait plus de mal que de bien. tu ne devais pas craquer, malgré que tu l’appelais souvent sans rien dire juste pour entendre sa voix. « faut que je change de numéro. » et c’est ce que t’as fait. t’as changé de numéro pour ne plus avoir à lire sa souffrance, sa solitude, reflet de tes propres sentiments. tu t’en aies voulu de changer de numéro, mais tu étais obligé. tu n’y arrivais plus.

et puis t’avais fini par t’y faire. la douleur était toujours là, toujours présente. mais ce n’était plus une plaie béante. c’était diffus, constant. tu la supportais avec des faux sourires, des faux « je vais bien » alors que t’étais mort à l’intérieur. mais t’avais encore un rêve, t’avais encore quelque chose qui te raccrochais à jun… mais ça aussi tu l’as perdu, comme tu as perdu minnie. il a fallut que t’ailles faire de l’escalade avec des potes en montagne et t’es tombé d’assez haut. pas assez pour te tuer, mais assez pour te faire une sacrée blessure. fracture ouverte au niveau de la cuisse. t’as pas tout suivi, restant focalisé sur le fait que t’allais plus jamais pouvoir jouer en haut niveau et que t’aurais sûrement du mal à marcher donc encore plus à courir. tout s’est effondré d’un coup. toi qui avait enfin réussi à surmonter l’absence de jun à tes côtés, tu venais de tomber encore plus bas. t’as pas parlé pendant des semaines, des mois. dépression qu’ils ont appelé ça les docteurs. y avait rien à faire, tu n’avais envie de rien. et c’est pendant cette période que tu as le plus appelé en masqué min jun, juste pour entendre sa voix. et une fois qu’il raccrochait parce qu’il n’entendait personne à l’autre bout, tu pleurais toutes les larmes de ton corps. ta peluche et ton lit étaient devenus tes meilleurs amis avant que tu ne reprennes la clope, beaucoup trop d’ailleurs. mais ça t’étais plus ou moins. c’était ça ou l’alcool. t’as préféré gardé l’esprit clair.

« tu reviens à busan parce qu’on va pas continuer à payer pour toi là-bas alors que tu fais rien… mais ne contacte pas min jun. on a été assez clair là-dessus. » c’était les premières paroles de celle que tu as considéré comme ta mère pendant des années. celle que tu avais aimé plus que tout et qui maintenant n’était qu’une étrangère. ce n’était pas ta mère, c’était celle de minnie et la femme qui vous avez séparé. « il va bien ? » t’avais pas pu t’en empêcher. il fallait que tu saches. mais quand t’as eu la réponse, t’aurais préféré ne pas le savoir. « oui, il est heureux et il a quelqu’un. » t’as ravalé le sanglot qui menaçait de sortir et après des banalités, t’as juste raccroché pour pleurer. c’était fini, il t’avait oublié alors que toi t’avais pas pu.

ton retour a busan s’est fait sans accroc… tu n’as pas revu, ni même essayer de contacté min jun. mais l’envie est là bien présente.