Brand new world.

2013 ;  bumin hospital
aesthetic ♡


T’es pas du genre à raconter ta vie. Non toi tu préfères écouter celle des autres. Sans doute une sorte de défense. À force de t’asseoir face à des psys, tu as fini par te lasser de l’idée même de parler de toi. Tu as même parfois l’intime conviction que ça ne sert strictement à rien même si «  les adultes » ne cessent de te répéter les uns après les autres qu’il faut que tu viennes mettre des mots sur tes maux. Dans le fond ça te fait presque rire. Un rire sarcastique, un rire fatigué. Dieu que t’aimerais pouvoir nommer la peine qui t’habite. Le spleen ambulant qui grandit en toi jour après jour. Seulement t’as l’impression que personne n’y comprend rien à rien. D’la merde dit-il. Tu acquisses silencieusement. Oui dans le fond la vie c’est vraiment de la merde par moment. Ça pue et c’est laid. Pourtant voilà qu’on s’y accroche tous avec ferveur. On a même la bonne idée de se procréer. Histoire de créer des petits miniatures de nous avec l’idée qu’eux réussiront sans doute là où on a échoué. C’est sans doute la raison même pour laquelle tu as vu le jour. Tes parents racontent que tu es le fruit de leur amour, mais toi tu crois que t’es surtout l’incarnation de leurs névroses. «  Moi non plus » affirmes-tu fermement avant d’ajouter dans la foulée «  J’ferais jamais de gosse ». T’auras pas le temps dans faire. Peut-être que tu vas crever avant même d’avoir l’âge adéquat ou bien à force de tirer sur la corde on finira par t’annoncer ton incapacité à procréer. Les médecins t’ont parlé de ça une fois. Ça t’a donné comme l’impression qu’on voulait éveiller en toi comme un instinct maternel. Comme si t’en avais quelque chose à faire. Tu souris lorsqu’il te dit que forcer les gens à manger craint. C’est bien la première fois que tu entends ça. Ton sourire disparaît pourtant lorsqu’il te demande si tu as envie d’être ici. «  On s’en fiche de savoir si j’ai envie d’être là » tu marques une pause et l’observes tirer sur son joint. «  C’est pour mon bien qu’ils disent » et parfois tu les crois. Parfois tu te dis même qu’un jour tu seras guérie. Puis dans d’autres moments, tu te dis que tes démons auront toujours raison de toi. C’est sans doute eux d’ailleurs qui s’agitent et laissent un sourire malicieux prendre place sur tes lèvres alors qu’il t’annonce ne rien avoir de plus fort. «  Pourquoi tu aurais envie d’autre chose ? » lances-tu avant de chercher la poche de ton manteau trois fois trop grands un petit sachet rempli de petite pilules multicolores. «  Parce que ce n’est pas un problème » annonces-tu en agitant ton petit trésor.  

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2013 ;  bumin hospital
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L'amour, les enfants, la vie de famille. C'est aussi pour ça, sans doute, qu'il se retrouve autant perdu dans cette univers, dans cette aile à la maternité. Il ne comprend pas tout ça, cette partie de la vie et pourtant, lorsqu'elle lui annonce qu'elle voudra jamais de gosse, qu'il en pense la même chose, il sait qu'avant...Avant il y aurait peut-être pensé, envisagé, d'un jour fonder quelque chose, construire et non détruire. Avant. Jusqu'à ouvrir les yeux et s'en dégoutter. Ses gènes sont noirs, aussi bons à ne transmettre que ses propres démons par son adn. Et c'était inutile, au fond, de laisser un enfant découvrir ce monde complètement bancale à travers un regard similaire. « et t'écoutes toujours ce que les autres te disent ? » Parce que clairement, ce n'était pas son cas et c'était pas lui qui aurait cette influence de lui dire qu'il le faudrait. Qu'il faudrait qu'elle soit ici, qu'elle écoute les médecins ou ses parents décider de sa vie. Nino, il n'est pas bonne influence, pas de bon conseil, pas de la bonne raison. Il se soucie différemment des autres, il se soucie au point qu'il pourrait en crever, mais c'est forcément pas de la meilleure façon. Il tire sur le joint, s'imprègne de l'herbe pour en détendre ses muscles et son esprit. Il crache la fumée en levant légèrement son visage vers le ciel dégagé. En soit, c'est une belle journée pour une naissance mais lui, lui préfère quand la nuit vient enfin. Il préfère les ambiances de soirée à présent et le tube entre ses doigts n'est qu'un aperçu jugé peu suffisant. Il ne s'attend vraiment pas à la voir tendre et montrer un sachet de pilules colorées. La surprise lisible balayée par un sourire, il vient le toucher de ses doigts avant d'en relever son attention vers elle. « Putain t'as vraiment rien à foutre ici tu sais ? » Et c'est un genre de compliment ou en sait trop rien. C'est p't'être lui qui avait sa place ici avec elle plutôt. Pour lui, c'était presque trop parfait.  « et tu caches quoi d'autre sous ton manteau ? » Il ramène ses coudes sur ses genoux repliés, tire une autre bouffée avant de lui tendre. Y en avait d'autre, des surprises du genre ?

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2013 ;  bumin hospital
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Tu écoutes toujours ce que les autres te disent ? Tu souris alors que tu as le comme le sentiment qu’il vient de mettre le doigt sur le coeur de ton problème. Non. Tu n’écoutes jamais rien. En tout cas c’est ce qu’ils pensent et ce qu’ils aiment te répéter. C’est parce que tu n’écoutes rien que tu es devenue une fille à problème. Le problème c’est toi, c’est pour ça qu’on t’enferme là et qu’on te dit ce qui est bien pour toi. Seulement tu sais bien que ce n’est pas aussi simple. T’aimerais tellement écouter ce que les autres te disent. Surtout tes parents. Tu as rêvé plus d’un millier de fois qu’ils daignent s’intéresser à toi. Qu’ils oublient leur art pour ne serait-ce que te regarder. Tu crois que si ça avait été le cas tu les aurais écoutés. Bien sagement. Oui tu n’aurais pas fait la moindre vague. Tu aurais été cette petite fille que tout le monde rêve d’avoir. Celle qu’on complimente sans cesse à coup de oh comme elle est sage. Mais tu n’es rien de tout ça. Toi tu n’écoutes pas ce que les autres disent. Tu ne les écoutes pas parce que tu espères qu’on t’écoute. Seulement voilà, il semblerait que personne ne l’ait encore compris. Alors ton sourire s’élargit quand tu lui réponds  «  J’ai une tête à écouter ce qu’on me dit ? » Non et tu crois que c’est aussi son cas. Peut-être que vous ne partagez pas seulement l’arrivée d’un nouvel être dans votre vie. Peut-être que c’est plus que ça. Peut-être qu’il est enfin celui capable de te comprendre. Cette intuition se fait plus solide à l’instant même où il te dit que tu n’as rien à foutre ici. Bien évidemment. Ce n’est pas toi le problème. L’enfer c’est les autres. Ces autres qui ne comprennent rien à rien et qui veulent te convaincre que c’est toi qui devrais changer. Tu ouvres délicatement le sachet alors qu’il tire une taffe tout en te demandant si tu as encore d’autres surprises pour lui. Malicieusement tu t’approches de lui avant de lui glisser sur la langue une de tes petites merveilles  «  Je ne sais pas tout dépends de toi » puis tu te mets à rire avant de tirer sur le joint et d’à ton tour laisser avaler un petit cachet.  «  En fait moi c’est Ahreum » .  

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2013 ;  bumin hospital
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P't'être que le destin faisait bien les choses pour une fois et que cette rencontre imprévue dans cet hôpital était vouée à bien plus que ce qu'il pourrait l'envisager. Elle a l'air tout aussi foutue que lui, tout aussi à côté du monde et des normes imposées. Il observe son sourire un moment avant de secouer vaguement la tête en signe contraire. « Non, t'as pas la tête à écouter. » sinon ils ne seraient pas là à l'instant, coincés dans les escaliers de secours à fuir le personnels le temps d'un joint.  « Mais  ça explique pas pourquoi tu le fais. » Pourquoi elle se laissait enfermer. Mais c'était toujours si simple, quand Choi Nino le disait. Le monde semblait toujours beaucoup plus facile quand il parlait de ses envies comme d'une liberté lui appartenant, sans jamais se soucier des conséquences, des personnes qu'il peut bien bousculer au passage. Il se laisserait jamais enfermé ici, quand bien même sa mère l'y obligerait. Et pourtant, dieu qu'il l'aime sa mère, ça le forcerait jamais à changer. Joe apprendra de ces valeurs et ces principes, dans ce monde où faut juste y faire sa place. Un monde bien pourri d'une justice à discuter.  Son regard ne s'est pas détaché de sa silhouette, fixant un temps  ses doigts ouvrir le sachet, fixant ensuite sa main s'approcher et d'un accord silencieux, il avale le cachet d'un sourire, sans même en connaître les composants. Peu importe, franchement. Du moment qu'ils s'échappent un peu de toutes ses pensées de merde et ce stress de la veille, il demandait rien de plus, rien de mieux. « de moi ?» Il arque un sourcil face à son rire, se redressant sans pour autant quitter sa place.  « et je découvre ça comment ? » Le ton à la plaisanterie, à la fois joueur. Lui, il lui enlèverait bien son manteau et il aurait bien l'idée du comment. A la place, il se tient sage, tire seulement, légèrement sur le pan du vêtement. « y a pas de montre ou de connerie du genre hn ? » Qui sait, y aurait plus rien de surprenant finalement.  « Nino. Si jamais t'as besoin d'un coup de main à t'échapper d'ici un jour. » Il lève la main en signe de présent. Pourquoi il était toujours ok pour les histoires du genre, bon qu'à défier l'autorité et se retrouvant partant à se mêler d'une histoire qui n'était, de toute évidence, pas la sienne ?