sous l'océan la vie est bien mieux que sur la terre

don't let me drown
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est-ce que c’est comme ça que tu vas mourir ? est-ce que c’est vraiment la fin pour toi ? c’est ce que tu te dis alors que tu te démènes pour démêler ta cheville du cordage. t’étais parti tranquillement avec le catamaran familial pour une petite virée en mer. rien de bien méchant, tu voulais juste profiter d’un dernier voyage sur les eaux que tu aimais tant avant de déménager dans une ville polluée par tous les pots d’échappement des voitures. tu voulais sentir une dernière fois l’air marin sur ton visage et le soleil te griller la peau doucement. tu n’avais aucune envie de changer d’environnement, et encore moins pour aller dans une ville. tu aimais ta petite maison au bord de la plage et l’eau à perte de vue que tu pouvais observer nuit et jour de ta fenêtre. tu ne retrouveras plus jamais le calme de cet endroit, jamais. tu avais souhaité en quittant le port dans ton bateau de ne jamais partir, de rester ici à vie. et c’était comme si le ciel et la mer t’avaient entendu et écouté. après deux ou trois heures à naviguer sur les eaux calmes, une tempête avait éclaté et sans que tu ne puisses faire quoique ce soit, ton catamaran s’était retourné, t’amenant avec lui sous l’eau. d’ordinaire, tu aurais pu remonter à la surface, mais là c’était impossible. ton pied s’est pris dans un des cordages de voile sans que tu ne saches pourquoi ni comment, et tu as beau te débattre, tu ne fais que resserrer la prise sur ta cheville. tu commences à manquer d’air alors que tu essaies encore et encore de défaire le nœud qui te retient prisonnier sous les eaux. tu ne veux pas mourir, pas maintenant, pas ici. pourtant, c’est sûrement ce qui va arriver. tes poumons sont en feu parce que tu ne respires pas et tu sais que si tu prends une inspiration, tu vas faire rentrer de l’eau saline dans tes poumons, la mort par noyage assurée. cependant, là, c’est la mort par asphyxie. des points noirs apparaissent devant tes yeux alors que tu luttes perdant peu à peu tes forces. tu vas mourir… c’est la fin. tu inspires alors une grande bouffée d’eau et si sur terre et l’air libre, ça t’aurait soulagé, là, ça ne fait qu’augmenter ta douleur. tu sais que tu pleures parce que t’es trop jeune pour mourir. t’appelles même à l’aide sous l’eau, mais personne ne viendra. tu es voué à mourir ici, seul et sûrement bouffé par un requin après ça. lentement, tu laisses ton corps abandonner et il se met à flotter au gré de la mer capricieuse. tu fermes les yeux attendant que la mort vienne te chercher. c’est fini pour toi. le voyage de la vie se termine maintenant. est-ce que tu as des regrets ? énormément mais en faire la liste serait trop long, tu seras mort avant ça. doucement, l’inconscience s’installe petit à petit tandis que tu te laisses emporter. ton corps devient de plus en plus lourd et tu abandonnes toute volonté de vivre. tu sens alors une main sur ton poignet et tu te dis que c’est celle de dieu qui est venu te chercher. un sourire s’affiche sur tes lèvres alors que tu te laisses totalement absorber par les ténèbres de l’inconscience.

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C'était le genre de journées où il valait mieux rester près des sols marins, loin de la houle des vagues déchainées. Au moins dans les profondeurs des océans, le courant était moins fort et il était le refuge de toutes les espèces marines lorsqu'il y avait des tempêtes comme aujourd'hui. Pour eux, le principal danger était de finir échoués sur une plage, ou poussés vers des rochers ou du corail tranchant. Jamais Minjun ne s'était retrouvé dans de telles situations, sans doute grâce à la chance uniquement parce qu'il est loin d'être prudent. Au contraire même, le jeune triton est toujours trop près des rives, dangereusement proche de villes portuaires pour mieux pouvoir observer les humains. Cette espèce l'a toujours fasciné, mais pas pour les mêmes raisons que ses congénères. Lui n'a jamais cherché à leur faire du mal, à couler leurs bateaux ou à les mener à la noyade. Il aurait de bonnes raisons de le faire pourtant, après tout les hommes détruisent les océans, massacrent l'écosystème marin et ne pensent qu'à eux, cependant Minjun est incapable de les détester. Alors aujourd'hui encore, Jun est parti en quête d'humains à observer, et c'est sur son chemin vers les rives qu'il a vu ce bateau passer au dessus de lui, et il a décidé de le suivre. Il ne lui a pas fallu longtemps pour en reconnaitre le propriétaire qu'il avait déjà vu plusieurs fois, cherché plus souvent encore. Il ne sait rien de cet homme, pas même son nom, mais il le trouve si beau, si passionné par l'océan. Au final, c'est peut-être lui qui a été charmé et ensorcelé par cet homme. Mais l'océan commence à s'agiter, les vagues se font plus grandes, plus puissantes et mettent le triton face à un dilemme : se réfugier dans les profondeurs, ou rester près du bateau. Et à vrai dire il pense d'abord à nager vers le fond, cependant lorsque l'embarcation se retourne et que la tempête gagne en intensité, il ne peut s'y résoudre. Alors il se rapproche de la surface, cherchant en redoutant le pire l'homme qui était à bord. Et il ne réfléchit pas lorsqu'il le voit piégé dans les cordages, se précipitant vers lui non sans difficultés, et dès qu'il parvient à le libérer, il saisit sa main pour le tirer vers la surface. Pourtant l'inconnu ne réagit pas, et Minjun pense d'abord qu'il est trop tard et imagine le pire, mais refuse d'abandonner. Ils sont trop loins du port pour qu'il puisse le ramener là bas et la situation est trop urgente, et heureusement il finit par apercevoir le petit îlot de rochers et utilise toute sa force pour faire monter l'homme dessus, s'échouant lui-même à moitié sur une des pierres. Le courant se calme mais reste cependant assez fort pour les arroser sans pitié, et l'absence de réaction chez le marin inquiète réellement Jun qui le secoue sans grand résultat. Alors il appuie sur son torse, se souvient avoir vu des hommes faire ça pour sauver quelqu'un qui s'était noyé, et lorsqu'après quelques instants qui lui ont paru des heures, le jeune homme bouge enfin, le triton retourne immédiatement dans l'eau, ne laissant dépasser que ses yeux à moitié obstrués par ses cheveux argentés trop longs pour l'observer reprendre connaissance.

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se débattre ne sert à rien. tu t’en rends compte alors que la corde se resserrent progressivement autour de ta cheville, mordant dans ta chair. c’est ironique, tu vas mourir dans l’endroit que tu aimes le plus au monde. parce que toi sanggyun, t’es pas un homme de la terre, non toi c’est la mer que tu aimes. tu as toujours été fasciné par ces eaux mouvantes au gré des vents et surtout par la faune et flore marine. combien de fois tu es parti en exploration des fonds avec ta combinaison et tes bonbonnes d’oxygène ? combien de fois, tu es resté des heures durant, le corps au soleil, dérivant sans réellement savoir où tu allais sur ton catamaran ? tu appréciais la solitude que la mer te procurait et c’était comme ça qu’elle te le rendait ? en te laissant mourir ? très bien, au moins tu n’aurais pas à déménager pour ce boulot que tu ne voulais pas. tu fermes les yeux, laissant l’inconscience t’enfermer dans ses bras tandis que la douleur dans tes poumons s’estompe peu à peu. tu dérives vers la mort et c’est avec un sourire que tu te laisses porter, sentant la légère pression sur ton poignet. et puis la douleur revient fulgurante alors que tu te mets à tousser, crachant l’eau que tu avais dans les poumons, accompagnée d’un peu de sang. tu te mets sur le côté pour évacuer toute l’eau. tu grimaces à cause de la douleur alors que tu remarques enfin que tu n’es plus dans la mer mais sur un rocher. est-ce que tu as réussi à te sortir de là tout seul ? non ce n’était pas possible, tu étais trop pris dans les cordages, la preuve ta cheville a souffert. que s’est-il passé alors ? tu coule un regard vers l’eau, et ton regard rencontre celui de la personne dans l’eau. tu les écarquilles plusieurs fois sous la surprise et aussitôt tu lui tends la main. « attrape ma main, la tempête n’est pas encore finie. tu vas être emporté au loin. » tu ne te doutes pas une seule fois qu’il s’agit d’une créature mystique, une créature qui n’existe que dans les contes pour enfants. « allez ne fais pas l’imbécile. monte sur ce rocher, il y a assez de place pour deux. » et pour lui prouver, tu te déplaces légèrement tandis qu’une nouvelle grimace apparait sur ton visage alors que tu heurtes ta cheville meurtrie sur la roche. tu lances une flopée de jurons parce que t’as mal mais ce n’est pas dirigé contre la personne, homme ou femme, tu sais pas vraiment dans l’eau. « c’est toi qui m’a sauvé de la noyade ? merci. » tu demandes, mais tu connais déjà la réponse. il n’y a que vous deux. ça ne peut pas être quelqu’un d’autre, alors c’est forcément cet individu qui flotte dans l’eau et qui a peur de toi ? « s’il te plait, monte. » que tu viens lui dire, t’avançant encore un peu plus pour lui tendre la main. tu ne veux pas qu’il lui arrive quoique ce soit. tu t’en voudrais surtout que c’est lui qui t’a sauvé non ?

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Plus d'une fois il a eu envie de sortir de l'eau, de faire face à cet homme pour de bon, mais sa peur l'en a toujours empêché. Il sait ce que les humains font à ceux de son espèce, et même si rares sont les fois où des sirènes ont été capturées et que c'était il ya bien longtemps, ces dernières ont appris à les craindre. Minjun sait que presque tous des hommes ne croient pas en leur existence, c'est pourquoi ceux qui les ont déjà vu les traquent autant, pour exposer leur existence au monde entier, alors ils doivent rester cachés. Et pour leur survie ils ont de nombreuses règles, et le triton a tendance à ne pas les respecter en s'approchant trop près des ports, en suivant les bateaux. Pourtant son but n'est en aucun cas de se faire repérer, simplement d'observer cette espèce à la fois si semblable à la sienne et pourtant bien différente. Et aujourd'hui il se félicite presque d'avoir désobéi au règlement et d'avoir accompagné le catamaran de cet homme qui l'intrigue tant. Parce que s'il ne l'avait pas fait, qui l'aurait sauvé ? Même si par miracle une créature de l'eau était passée par là, elle l'aurait laissé mourir. Les humains ne sont pas appréciés par les espèces marines, et les congénères de Minjun auraient même trop apprécié de voir un cadavre flotter à la surface. Mais pas lui, alors il n'a pas hésité à aller le sauver, incapable de rester les bras croisés face à une telle détresse. Et la procédure était loin, très loin d'être aisée. Parce que le courant était trop puissant, qu'il était seul pour détacher et tirer un homme à la carrure bien plus imposante que la sienne à la surface, et surtout que ce dernier semblait déjà à moitié mort. Alors Jun a lutte pour le réveiller sans vraiment savoir ce qu'il fait, et dès que le marin tousse et semble reprendre connaissance, il recule pour se cacher dans l'eau, continuant malgré tout de l'observer. Ce qu'il n'avait pas prévu en revanche, c'est que le naufragé le remarque si rapidement et lui adresse la parole. Et Minjun baisse immédiatement la tête pour être caché par les rochers, mais son vis à vis semble déterminé à le faire monter, faisant tout de suite regretter au triton de l'avoir sauvé. Il laisse malgré tout une fois de plus ses yeux dépasser pour le voir s'énerver contre sa blessure et cette vision a le mérite de calmer un peu ses craintes, mais ces dernières ressurgissent dès que l'homme s'approche et tend sa main. Minjun recule immédiatement, l'air menaçant pour masquer sa peur « Ne m'approche pas ! » Il respire vite, paniqué à l'idée d'être démasqué, ou que cet humain ne lui fasse du mal « Ne me touche pas, c'est compris ? » Il recule encore, se moquant bien des vagues qui dans l'immédiat sont bien moins dangereuses que ce marin, et regarde autour d'eux. « On est à plusieurs heures de nage du port, t'y arriveras pas. Tu devras attendre qu'un bateau passe »

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tes poumons sont en feu alors que tu recraches toute l’eau avalée dans ce que tu pensais être tes derniers moments. tu ne comprends pas comment tu as pu arriver sur ce rocher de toi-même. tu avais la cheville prise dans un des cordages de ta voile et c’était vraiment serré. la blessure sur ta peau en est la preuve. pourtant, tu es bien sur une surface dure, et à part cette main qui te tirait, tu ne te souviens pas de pas grand-chose. mais pour le moment, ce n’est pas quelque chose qui te préoccupe. pour l’instant, tu essaies de reprendre une respiration normale, alors que tu craches littéralement tes poumons en toussant pour te libérer de la salinité présente dans cet organe. tu vomis presque du sang et il te faut quelques secondes pour tout sortir. t’as mal partout mais surtout lorsque tu respires. t’as l’impression d’avoir encore de l’eau dans les poumons alors que tu as tout évacué. et puis ton regard parcoure les eaux jusqu’à trouver cette personne dans les vagues. tu fais alors la première chose qui te passe par la tête, tu lui tends la main pour lui prêter assistance et la faire monter près de toi sur le rocher. y a de la place pour deux personnes mais elle ne semble pas vouloir venir. tu te déplaces même pour lui faire permettre de monter plus aisément, te blessant un peu plus ta cheville. ton langage fleuri a le don de faire en sorte que la personne remonte encore un peu pour que tu puisses le voir mais quand tu t’approches tendant encore ta main, tu te fais agresser et l’inconnu recule. il a une voix masculine alors tu en déduis que c’est un homme, un homme avec de très longs cheveux. tu lèves alors les mains au-dessus de ta tête comme s’il tenait une arme et te menaçait avec. c’est quoi son problème ? pourquoi il refuse ton aide et te demande même de ne pas le toucher. il y a quelque chose qui ne va pas bien avec lui. tu l’observes regarder autour de vous et tu pousses un soupir alors qu’il te dit que tu vas devoir attendre là qu’un bateau passe. « merci, je m’en étais rendu compte… » fallait pas être einstein pour le comprendre et le voir. un autre soupir s’échappe de tes lèvres. « tu comptes réellement rester dans l’eau comme ça ? tu vas finir par te fatiguer à nager. tu devrais monter. » tu te déplaces encore un peu vers le bord du rocher pour lui donner encore plus de place. ta cheville te lance et tu ne peux pas garder ton expression neutre. une grimace de douleur déforme ton visage et tu serres les dents alors que tu constates les dégâts. t’as bien morflé, heureusement qu’il t’a sauvé. « tu sais, je vais pas te manger et certainement rien faire… ça m’a crevé de presque mourir noyé. » tu lui adresses un léger sourire timide avant de reprendre la parole. « enfin, merci encore de m’avoir sauvé. sans toi, je serai mort. »

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Minjun peine à comprendre la haine que son espèce a pour les humains. Bien sur il est conscient des mésaventures du passé, mais tout ça le dépasse. Après tout, sont-ils si différents ? Pourquoi doivent-ils se détester ainsi ? Pourquoi les sirènes usent-elles de leur charme pour couler des bateaux, pour noyer des hommes, les dévorer vivants ? Après tout ce n'est pas comme si leur alimentation était exclusivement à base de chair humaine, bien au contraire, parfois le triton se demande même si ses compères ne les attaquent pas que par pure haine. Leurs ancêtres ont été traqués par les Hommes certes, mais c'était il y a si longtemps, pourquoi entretenir cette relation négative ? Serait-ce réellement négatif si les humains apprenaient leur existence ? Dans le fond il sait bien que oui, conscient des milliards d'animaux marins tués par ses cousins terrestres chaque année, sans compter les mammifères marins emportés pour finir dans des aquariums. Feraient-ils pareil s'ils capturaient une sirène ? Il l'ignore, mais bien qu'il ne partage pas l'avis de ceux de son espèce, comme eux il craint les hommes, s'en cache. Mais il ne les déteste pas, jamais. Parce qu'ils ne sont pas tous mauvais, et puis qu'ils sont incroyables à pouvoir marcher sur terre, explorer les océans grâce à leur matériel qui remplace les poumons puissants qu'eux n'ont pas. Les sirènes et tritons quant à eux n'ont pas ce privilège, hors de l'eau ils ne survivent que très peu de temps bien car qu'ils soient des mammifères, ils ont besoin d'eau sans laquelle ils se déshydratent rapidement et brûlent presque. Et puis leurs nageoires ne sont pas faites pour se déplacer hors de l'eau. Alors Minjun observe attentivement cet homme, c'est la première fois qu'il peut en voir un d'aussi près et il remarque certaines différences subtiles qu'il n'avait pas vraiment vu avant. La peau du naufragé est plus sombre, ses oreilles sont plus rondes, ses doigts ne sont pas palmés, n'ont pas d'écailles, de griffes. Et il est si fasciné qu'il oublie de se méfier, l'écoute à peine, après tout il n'a pas de réponse à lui donner. Il ne se fatiguera pas dans l'eau, mais il ne peut pas lui dire qu'en grimpant il signait son arrêt de mort. Il ne peut malgré tout pas cacher un léger sourire lorsque l'humain le remercie. C'est que Minjun est fier de lui, fier de l'avoir sauvé, d'avoir aidé un homme. Pourtant il ne répond pas, trop concentré sur ses observations pour ça. « c’est… ton pied ça, pas vrai ? » Minjun rive son regard sur cette partie de son corps, totalement fasciné. Il aimerait bien en avoir lui aussi, pouvoir se déplacer sur la terre ferme comme les humains. Sa curiosité l’emporte et il se rapproche doucement pour frôler son pied du bout de ses doigts palmés avant de se rétracter et de croiser son regard. « tu as mal ? tu peux encore marcher ? »