NAGAMASA AKIRA

fume comme un pompier depuis déjà quelques années ☾ a parfois le besoin d'acheter compulsivement des choses même s'il sait qu'il n'en fera strictement rien ☾ a un petit chaton nommé Maestro auquel il tient comme à la prunelle de ses yeux ; il a fait des pieds et des mains pour l'emmener avec lui en Corée ☾ parle le coréen avec un accent à couper au couteau ; il ne fait pas vraiment d'effort pour apprendre la langue et ne s'en cache pas ; de ce fait, on a parfois du mal à le comprendre

storytime

le caractèreprovocateur - impulsif - égoïste - immature - violent - possessif - puéril - acerbe - désinvolte

Des poings rageurs et une langue de vipère, le regard d’un fauve et le cœur noyé. L’existence d’Akira est comparable à un feu ardent ; incontrôlable et avide de destruction, porté par la fougue et intensifié par la tempête. Il ne vit pleinement que sous les coups et les crises, excité par l’aura de la violence et le goût du sang. Il a appris à rire du monde, rire des autres et de lui-même, de son exquise situation. Ironique et amère. Amère, surtout. Akira sait pourtant que son rire n’a plus de sens, pas plus que le sillage de sa fureur et ses provocations juvéniles.  Le moelleux de la chair apaise ses esprits échauffés de la même façon qu’il les attise. Les corps humains sont des toiles sur lesquelles il dépeint les plus belles couleurs ; du violacé à l’ocre, il ne néglige aucun détail. Arrogance et mépris sont ses meilleurs alliés ; le courage d’un fou et la démesure d’un dieu le poussent dans les situations les plus désespérées. En dépit des pauvres réprimandes familiale, Akira joue à chaque jour son existence, manquant de la voir s’embraser sous n’importe quelle étincelle.  Cause perdue ou imbécile, il n’écoute que d’une oreille désinvolte les commentaires que la sphère publique émet sur lui. Il haït tout autant qu’il respire, mais ignore presque toute chose. L’âme fatiguée, Akira tente d’exciter jusqu’à l’exacerbation ses émotions émoussées.

l'histoireLe rideau était tombé, clôturant la belle comédie qui avait rythmée sa vie d’enfant. Pour Akira, entamant ses dernières années de primaire, le drame débutait. Inconscient des cruelles réalités de ce monde, des double-jeux et attitudes de façade, la nouvelle l’avait ébranlée de la tête aux pieds. « Des raisons d’adultes » avaient-ils expliqué, si brièvement qu’il n’en avait pu comprendre le sens. Doucement, il avait perçu le son d’une infime fissure, qui se lézardait pourtant à chaque seconde écoulée. C’était bel et bien son univers d’enfant qui s’écroulait devant ses yeux impuissants : la quintessence de ce qu’il chérissait par dessus tout. Et au milieu de cela, au milieu de ce monde, il y avait Naoya. Naoya qu’il aimait tant, cet adorable grand frère qui transformait son quotidien en aventure et en fête. Naoya qui séchait ses larmes d’un geste, épanouissait son sourire d’un regard. Naoya qui était pour lui plus important que n’importe qui. Naoya qui était tout. Naoya qu’il aimait tant.

Naoya qui l’avait abandonné.

Ce n’était pas exactement cela. Leurs parents avaient décidé de les laisser choisir, eux qui n’étaient pourtant que des enfants. Akira s’était senti trembler. Il avait entendu dire que « divorcer » était bien pire que ce qu’on pouvait imaginer : ce n’était plus vivre ensemble, effectivement, mais aussi couper définitivement les ponts. La question l’avait plongé dans un état d’aphasie total. Il ne pouvait pas choisir de cette façon. Et pourtant...sensiblement, il sentait que son coeur d’enfant penchait légèrement d’un côté de la balance, vers ce côté doux et chaleureux. Malgré lui, il sentait qu’il avait encore besoin d’une présence maternelle. Mais, plus encore, il savait qu’il avait besoin de son frère. Et il fallait, il devait lui en parler. Mais une étrange tension était tombée entre eux. Et avant qu’Akira ne puisse lui poser la question, Naoya avait déjà sa réponse. Et elle ne semblait pas l’impliquer.
Le monde s’écroulait encore.

Akira ne sut que choisir. Cette décision arbitraire lui fendit le coeur. Et, en affrontant les pleurs et le chagrin de leur mère, une culpabilité sans nom le dévora de l’intérieur. « Ne m’abonne pas » suppliait-elle en serrant son corps frêle entre ses bras. Il se sentit mourir, tourmenté par un dilemme auquel il n’avait de réponse. Naoya avait déjà fait son propre choix, et déjà, Akira voyait sa silhouette s’éloigner de lui. Cela sonnait comme une trahison, venant de la part de l’être aimé. Par  désespoir et culpabilité, il partit se réfugier dans les bras qui l’avaient retenu.

Le chapitre fut clôt, la famille scindée. De Naoya, il ne lui resta que des souvenirs aigre-doux, devenus insupportable au fil des années. Très vite, le contact fut coupé, et Akira bascula dans un univers sans couleurs, au suave parfum de monotonie.



Les choses avaient changé. Le monde avait changé. Sa mère ne pleurait plus, elle roucoulait auprès d’un nouvel époux qui avait plus de richesses que d’esprit. Il subvenait à leurs besoins et flattait son égo : que demander de plus ? Akira, lassé de vivre, lassé de tout, basculait dans la violence et la rage. Il n’y avait pas de but à tout cela, si ce n’était de feindre, rehausser des couleurs qui perdaient un peu plus leur éclat et leur vie. On lui demandait pourtant de faire face. A quoi bon ? Les jours se suivaient avec la même absurdité, et son envie de destruction s’affolait. Mut par l’envie de s’embraser, il entraînait le monde à sa suite, mordant tout passant comme un chien fou, annihilant tout sentiment comme un diable aveugle.

Et pourtant.
Plus tard, bien plus tard, un nom qu’il n’avait pu oublié ressurgit du passé. Naoya. D’une connaissance lointaine, sa mère avait remis ce sujet tabou sur le tapis, lui tendant une carte de visite. Il manqua de la jeter au feu. Pourtant, son geste s’arrêta alors que sa main tremblait. L’existence de Naoya, autrefois rayée de sa vie, venait de réapparaître dans un éclair. L’amertume revint sur le bout de sa langue. Il lui en voulait encore. Evidemment qu’il lui en voulait. Mais comment ignorer cela, cette existence qui venait miroiter si brillamment devant ses yeux endoloris ?...

Dans un énième caprice, il se fit transférer dans une université coréenne, à la recherche du temps perdu et de ses propres chimères.