GEUM DO HA

Il adore la lecture, il pourrait s’enfermer des jours dans une pièce seul à lire des livres, que ce soit des poèmes, des romans, des livres sur la vie… ✮ on deuxième passe-temps, c’est la musique, il a même appris à jouer de la guitare quand il était plus jeune mais il ne lui en reste que de vagues souvenirs. Dans tous les cas, il accompagne toujours la lecture avec la musique. ✮ Parce qu’il a tendance à s’effacer, les gens pensent qu’il est quelqu’un de froid mais il est en réalité très souriant. Pour les mêmes raisons, il est vu comme un homme assez faible mais il ne supporte pas la violence et n’hésite pas à séparer deux personnes qui se battent, voire plus, peu importe les risques qu’il peut prendre. ✮ Il a longtemps souffert d’insomnies, depuis son plus jeune âge et jusqu’à encore récemment. C’est d’ailleurs à cause de ces insomnies qu’il a commencé à lire. Désormais, il parvient un peu mieux à dormir, même s’il a toujours tendance à dormir tard et à faire des cauchemars dans lesquels il revoit son passé. Quand il fait vraiment de gros cauchemars, il appelle toujours sa sœur pour s’assurer qu’elle va bien, et ce peu importe l’heure. ✮ Même s’il sait que ça n’est pas très sain, il adore manger des snacks tard dans la nuit. ✮ Avec les gens qu’il apprécie beaucoup, il est très tactile, mais avec les autres il a beaucoup de mal à faire le premier pas. ✮ Quand il rencontre quelqu’un, il dit très rarement qu’il est président de la maison d’édition. Quand les personnes finissent par l’apprendre, elles ont tendance à l’imaginer imbu de lui-même alors qu’il est en fait très humble, même s’il va toujours là où il veut aller. ✮ Il ne faut pas confondre timidité et manque de personnalité : Do Ha est qui va toujours au fond de ses pensées et de ses envies, même si parfois, ce qu’il fait a de grandes chances d’échouer. ++ D’ailleurs, il a un côté très protecteur qui a souvent été qualifié de sexy par des filles qui essayaient de le draguer. ✮ Il est plutôt du style à être calme alors il n’est pas très sportif… on dit même qu’il est essoufflé au bout de deux-cent mètres de course, ce qui n’est peut-être pas faux. ✮ Il regarde toujours d’un œil envieux les enfants avec leur famille dans les parcs, particulièrement avec les pères, parce qu’il n’a jamais eu la chance d’être dans une famille si joyeuse. ✮ Il n’est généralement pas moralisateur mais s’il pense que quelqu’un qu’il aime bien fonce droit dans le mur, il ne se prive pas de le dire. Quand c’est quelqu’un qu’il ne connaît pas trop, il a tendance à ne rien dire par peur de vexer. ✮ Pour ne pas entendre les morales de sa sœur, il ne mange pas de viande avec elle et il n’en a jamais chez lui, cela dit il ne se prive pas de barbecues coréens quand l’envie lui vient. ✮ Cela dit, comme sa sœur, il adore les animaux et il a d’ailleurs un chat chez lui qu’il adore plus que tout. ✮ Ses amis s’amusent à l’appeler fillette parce qu’il a la phobie des souris et il a tendance à être très tendu quand il entend un insecte voler bruyamment autour de lui…  

L'Histoire
Une histoire que Do Ha ne raconte à presque personne, par honte mais aussi par pudeur. Une histoire qui ne lui a pas offert la famille parfaite qu’il observe à l’extérieur. Une histoire qui l’a obligé à devenir l’homme fort psychologiquement qu’il est devenu. Une histoire qui justifie l’amour et la protection qu’il donne constamment à sa petite sœur. Une histoire qui ne cesse d’apparaître dans ses cauchemars et dans ses pensées pendant ses insomnies. Une histoire qu’il a essayé de fuir plus jeune par le biais de la lecture.

1992.
Do Ha regardait le sourire épuisé de sa mère avec une expression perplexe. Il savait que ce n’était pas la joie qui se cachait derrière ce gentil sourire mais plutôt la volonté de le rassurer, parce que Do Ha sent que quelque chose n’est pas normal, qu’à tout moment tout risque d’exploser et ça le rend anxieux. Dans la même crainte, il fixa le nourrisson qu’était sa sœur, en train de tranquillement dormir sans se douter de rien. Si tout explosait, alors qu’allait devenir cette petite chose, encore fragile ? Il était rempli d’inquiétudes qu’il ne pouvait pas formuler à seulement deux ans. Il se contentait d’observer le sourire de sa mère et de finalement lui sourire en retour, dans le même espoir de la consoler et de la rassurer – parce qu’il le ressent, qu’elle est encore plus effrayée que lui. Mais il ne sait pas encore de quoi.

1995.
Le grand sourire de Seol Ha réchauffa son coeur tremblant. Il devait à tout prix protéger le rayon de soleil provocateur que sa petite sœur de trois ans était. Il ignorait encore de quoi il fallait la protéger mais il sentait le danger, il avait grandi dans la crainte que quelque chose arrive, dans l’observation de sa mère qui vieillissait à vue d’œil comme si elle vivait une vie difficile. C’était l’énergie de sa petite sœur, son sourire et ses taquineries qui le faisaient tenir dans cette ambiance tendue à la maison. C’était l’innocence de son existence qui lui prouvait que tout n’était pas tout noir et c’était son existence qui le forçait, tous les soirs, à battre sa peur et à rentrer chez lui.

Il faisait nuit noire dehors tandis que Do Ha ne parvenait pas à tomber de sommeil. Sa chambre était silencieuse et effrayante, mais il ne savait pas exactement pourquoi. Il avait besoin d’être en présence de quelqu’un, il avait soudainement besoin de savoir aussi si sa sœur était en sécurité. Il se leva de son lit et marcha timidement jusqu’à la chambre de sa jeune sœur de six ans pour se sentir rassuré à la vision du paisible visage endormi de cette dernière. Il lui semblait que ça ne faisait que quelques jours qu’elle était née et elle était déjà si grande. Sans qu’il ne le contrôle, un sourire se forma sur les lèvres du jeune garçon et à l’écoute de la respiration rythmée de sa jeune sœur, ses yeux se fermèrent tout seul. Quand soudainement, un grand bruit résonné dans la maison et l’empêcha de tomber dans le sommeil qui était si proche. Son premier réflexe fut de regarder sa sœur pour être certain qu’elle dorme toujours et quand ce fut fait, il se leva. Tout son corps tremblait, de ses pieds à ses lèvres. Il sentait son coeur battre trop vite, sa respiration était saccadée et il transpirait. Lentement, par peur d’apercevoir quelque chose d’effrayant, il avançait un pied devant l’autre. Alors qu’il avançait vers la chambre de ses parents, les bruits se firent plus clairs et il entendit même les pleurs d’une femme qu’il ne connaissait que trop bien. Il eut envie de partir en courant, il eut envie de hurler, il eut envie de pleurer mais il continua d’avancer jusqu’à ce qu’il puisse clairement voir ce qui se passait de l’autre côté de la porte entrouverte. Ce qu’il vit ce soir-là justifia toutes ces années de crainte injustifiées. Les images de ce soir-là s’encrèrent profondément dans sa mémoire. Et à défaut d’avoir le courage d’intervenir, il se promit qu’il ne laisserait jamais sa sœur voir la même chose. Il ne laisserait jamais sa sœur voir le regard monstrueux de son père, entendre les gémissements et les pleurs de sa mère. Sa sœur devait rester souriante et innocente.

1996.
Depuis ce jour-là, Do Ha se montra encore plus protecteur envers sa sœur. Il essayait de dissimuler qu’il savait tout. Il souriait quand sa mère lui souriait, alors qu’il avait envie de pleurer. L’image d’elle ce soir-là était encore trop clair dans sa mémoire. Et il savait que ce n’était pas une seule fois. Il savait que ce n’était pas rare. Tous les soirs, tout son corps tremblait de peur à l’idée de ce qui pouvait se passer. Et presque toutes les nuits, il pleurait seul dans son lit, incapable de s’endormir, témoin des bruits effrayants qui s’échappaient de la chambre de ses parents. Trop effrayé pour s’endormir ou pour intervenir, il s’enfermait toutes les nuits dans le monde imaginaire de la lecture, essayant de fuir la dure réalité, mimant de ne rien entendre. Et pourtant, les larmes coulaient ; et pourtant, son corps tremblait. Il ne pouvait plus s’empêcher de fusiller du regard son père quand il le croisait. Son père était un monstre ; et peut-être que lui aussi, c’était un monstre.

1997.
L’année où tout bascula. Ce qu’avait craint Do Ha toute son enfance venait de se réaliser à cause de lui. Sa sœur avait tout vu, elle l’avait vu pleurer seul la nuit et elle avait vu, de la même façon que lui quelques années auparavant, ce que son père était. Et ce jour-là, il prit la décision qu’il ne laisserait plus jamais sa sœur être blessée de cette façon. Il ne laisserait jamais son père toucher sa sœur comme il touchait sa mère, comme il le touchait lui. Il avait échoué une première fois mais il n’échouerait pas une seconde. S’il était encore là, s’il affrontait sa peur tous les soirs, s’il tremblait seul dans cette foutue maison toutes les nuits, s’il se laissait se faire frapper, c’était pour ne pas laisser sa précieuse mère et sa précieuse sœur seules. C’était pour ne pas que le sourire de sa sœur s’efface. Il ne laisserait pas ce monstre tout dévorer autour de lui.

2000.
Et pourtant. Ce qu’il pensait impossible, ce qu’il disait qu’il ne laisserait jamais arriver finit par devenir un quotidien qui se déroulait sous son regard embué de larmes. Quel garçon inutile il était. Il laissait sa sœur défendre sa mère, ce qu’il n’avait jamais osé faire. Il laissait sa sœur se faire frapper par son père sans parvenir à faire quoi que ce soit. Il était un moins que rien. Il était le grand-frère et pourtant, c’était sa sœur qui avait le sourire tous les jours et qui le perdaient tous les soirs pour le défendre. C’était lui aussi un monstre de laisser les choses se faire sans oser intervenir. Oui, lui aussi, c’était un monstre.Un monstre inutile.

2009.
Une enfance horrible, une adolescence encore pire. Un jeune garçon renfermé sur lui-même, qui n’avait jamais osé rien faire, mais qui bouillait intérieurement de faire quelque chose. Qui devenait de plus en plus haineux et ses tremblements de peur se transformaient lentement en tremblements de haine. Ses larmes de crainte se transformaient en larmes de frustration. Et ce jour-là, il ne se reconnut pas lui-même. Quand il vit la main de son père blesser la joue de sa sœur une énième fois, ce n’était pas la crainte qui prit possession de son corps mais la haine. Une haine sans nom, une envie de révolution soudaine. Une énorme détermination. Aujourd’hui serait le dernier jour. Et le jeune garçon craintif, impuissant, traversa la limite qu’il s’était dessinée. Seul, la fureur remplaçant la terreur, il se dirigea vers le commissariat. Il était grand maintenant. Il était majeur maintenant. Ses mots étaient écoutés et crus. Et il expliqua tout aux policiers, tout le cauchemar qu’il vivait depuis des années alors que tout le monde les prenait pour une famille joyeuse. Ce soir-là, le bruit qu’il entendit ne fit pas celui de sa mère ou de sa sœur se faisant battre. Ce ne fut pas le bruit qui le fit trembler de terreur mais un bruit qui le fit sourire de soulagement. Sous ses yeux, il vit son père se faire amener par la police. Il ne serait pas un monstre. Il ne laisserait plus jamais sa précieuse mère ou sa précieuse sœur souffrir. Il les protégerait vraiment désormais, et ça commençait par ça. Leur offrir la liberté qu’elles n’avaient jamais eues.


2012.
Alors que la vie lui avait montré combien elle pouvait être belle, combien même les blessures les plus profondes arrivaient à se soigner, la vision de sa sœur sur son lit d’hôpital, inconsciente, le fit retomber à des souvenirs qu’il continuait de voir toutes les nuits. Ses insomnies n’étaient pas encore soignées. La nuit lui rappelait toujours des moments horribles. Et lorsqu’il dormait, il se réveillait en sueur. La même sueur qu’il avait actuellement sur lui, fixant le visage amoché de sa précieuse sœur. Il s’était pourtant promis qu’il ne la laisserait plus jamais souffrir. Et même si ce n’était pas comparable au cauchemar qu’il avait vécu pendant plus de dix ans, c’était un nouveau traumatisme. La vision de sa sœur de nouveau amochée par un fou, la vision de sa sœur dans l’incapacité de parler. Mais c’est avec la patience qui était la sienne qu’il réussit une nouvelle fois à prendre sur lui. Malgré ses études, il allait tous les jours la voir. Tous les jours il lui souriait comme si tout allait bien, mais tout n’allait pas bien. Et puis un jour, elle se remit à parler. Un jour, la vie reprit son cours normal, avec simplement une nouvelle cicatrice dans le coeur.


Un jour, Do Ha a entendu cette expression : « Tout ce qu'on a de bon, on le doit à soi-même ; tout ce qu'on a de mauvais, aux ancêtres ». Do Ha, il a peur de devenir le monstre qu’était son père. Il déteste le jeune faible qu’il a été de nombreuses années. Alors il rejette tout ce qui est au lieu de cette époque, en commençant par le nom de Nakajima. Et pourtant. Ce n’est pas en supprimant un nom de famille que le sang disparaît. Ce n’est pas en brûlant toutes les photos de l’époque que les souvenirs s’en vont. Les souvenirs, ils sont encore bien trop ancrés en lui. Il les voit encore dans ses cauchemars. Et il les craint toujours.